Cosserat, le plus ancien fabricant de velours, va fermer
L'entreprise familiale allemande Cord & Velveton, le spécialiste du tissu brut, avait repris la société Cosserat en redressement judiciaire, mais connue pour son savoir-faire dans la teinture, à la barre du tribunal de commerce d'Amiens en 2004. Elle n'a pas été en mesure de résister aux prix de fabrication du premier atelier du monde, résume Christian Criegee : « le prix de revient d'un pantalon en Chine se situe entre 5 et 7 euros. Le transport de ce pantalon par conteneur maritime depuis la Chine coûte entre 6 et 8 centimes d'euro ». Le directeur ajoute que les entreprises de confection - les clients de C&V Cosserat International - sont elles-mêmes en train de disparaître, y compris en Turquie et au Maghreb. « Les grandes chaînes de distribution textile préfèrent aujourd'hui travailler directement avec la Chine ».
De leur côté, les salariés voient leur entreprise s'effilocher depuis des années. Elle comptait 168 salariés au moment du dépôt de bilan en janvier 2004. La reprise par C&V s'était accompagnée d'une première restructuration à 121 salariés. Par la suite, l'établissement a continué à fondre, jusqu'à la dernière restructuration - provoquée par une baisse importante des commandes - en novembre 2007 avec 23 licenciements. Les élus du CE accusent aujourd'hui leur propriétaire d'avoir « prémédité » cette fermeture programmée en reprenant Cosserat, à la barre du tribunal, pour 482 000 euros en 2004. « Sa stratégie était de déménager le savoir-faire de Cosserat en Allemagne et de s'emparer de la marque Cosserat » affirme Alain Sac-Epée, élu FO.
Christian Criegee dément, pour sa part, cette hypothèse d'un transfert du savoir-faire vers l'Allemagne : « le velours est aussi touché en Allemagne qu'en France ». Il précise que l'activité de son groupe qui résiste le mieux - car peu délocalisable - est celle du tricotage de matelas.
Alain Sac-Epée et ses collègues de l'intersyndicale FO-Cfdt-CGC ont l'intention de se battre pour obtenir le dépôt de bilan de Cosserat et être en situation d'attirer un repreneur. « En décidant de tout arrêter et de tout vendre, la direction ne nous laisse aucune chance ».
De notre correspondante en Picardie Claire Garnier