COP23, les Américains polluent un sommet constructif
Analyse. La COP23 s’est achevée à Bonn sans grande décision pour avancer la mise en application de l’Accord de Paris. L’annonce d’une vingtaine de pays de se retirer du charbon est un élément important qui contrebalance la présence américaine venue polluer ce sommet.
La COP23 ne devait pas déboucher sur un accord historique comme deux ans plus tôt à Paris, à l’occasion de la COP21. Non, il s’agissait d’avancer sur les modalités qui permettront de mettre en application les promesses et les engagements pris à l’occasion de l’Accord de Paris. Depuis, presque tous les pays ont signé cet accord. Le dernier, après la promesse du Nicaragua en octobre, la Syrie souhaite apposer sa signature.
Et 169 pays ont ratifié l’Accord. Dont les Etats-Unis sous l’administration Obama. Malheureusement, l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche a changé la donne. Celui-ci a décidé de se retirer de l’Accord de Paris, de supprimer les programmes contre le réchauffement climatique, de relancer le charbon au mépris de la santé de sa population et de celle de la planète, des dérèglements climatiques qui touchent de plus en plus fréquemment et violemment son pays. Il a même envoyé une délégation à Bonn (Allemagne) pour défendre les intérêts américains et notamment en organisant une conférence pour défendre le charbon et l’inclure dans les stratégies climatiques nationales. Une nouvelle provocation… du Président américain.
20 pays prêts à sortir du charbon
Une mauvaise nouvelle ne venant jamais seule, le rapport annuel des chercheurs du Global Carbon Project a plombé encore un peu plus l’ambiance avec une inversion de la courbe des émissions de CO2 dans le mauvais sens après trois ans de baisse. "La progression des émissions de CO2 est assez forte. On prévoit une croissance de 2% pour 2017. Si cela se confirme, c’est très inquiétant et très décevant, déclarait Corinne Le Quéré, professeur de sciences du changement climatique et de la politique à l'université d'East Anglia, lundi 13 novembre à l’Usine Nouvelle.
La Chine est le premier responsable avec une croissance de 3,5% de ses émissions, en raison de "l’intervention du gouvernement chinois pour faire repartir les activités industrielles. Et de des faibles pluies qui ont pénalisé l’énergie hydro-électrique et relancer les centrales à charbon." La Chine représente aujourd’hui 28% des émissions de CO2
La bonne nouvelle, ce sont les engagements d’une vingtaine de pays et de six Etats fédéraux nord-américains qui ont lancé jeudi 16 novembre une alliance pour sortir du charbon. Tous les pays de cette alliance se sont engagés à sortir progressivement du charbon avec des dates limites : 2021-22 pour la France et 2030 pour le Royaume-Uni par exemple. en Europe, il manque notamment les deux premiers pollueurs au charbon, l'Allemagne et la Pologne.
Le sommet de Paris pour avancer sur le financement
L’ONU résume les avancées avec un engagement pris par les participants (gouvernements, villes, Etats, régions, entreprises, société civile) sur les douze prochains mois pour préparer la COP24 prévue en Pologne – un pays qui ne se signale pas vraiment pas ses engagements contre le réchauffement climatique – grâce à un dialogue constructif entre les différentes parties appelé dialogue de Talanoa, concept proposé par les pays de la région Pacifique et notamment les Fidji.
Ce dialogue doit permettre d’établir le bilan mondial des plans d’actions climatiques nationaux pour voir s’ils sont en accord avec les objectifs pour contenir la hausse des températures à 2°C, voir même 1,5°C. Et surtout la méthodologie qui doit permettre d’être prêt non seulement en 2020, mais si possible avant. Car le réchauffement climatique n’attend pas et chaque année de perdue sera difficile à rattraper.
Ces échanges prévus tout au long de l’année 2018 doivent permettre d’avancer sur les actions engagées par les différentes parties, mais aussi de progresser sur la question du financement des 100 milliards de dollars promis par les pays riches pour aider les pays en développement de prendre des mesures en faveur du climat. Surtout que le gouvernement américain ne veut plus honorer les engagements de Barack Obama qui avait promis 2 milliards de dollars.
Si les pays se sont félicités des progrès sur ce sujet comme sur celui d’autres avancées dans le domaine financier - le Fonds d’adaptation dépasse l’objectif de 2017 (93 millions de dollars au lieu de 80 millions) et la mise en place sous l’égide du gouvernement norvégien d’un fonds une agriculture plus performante et plus durable – il faut espérer que le futur sommet sur le climat, One Planet Summit, qui se tiendra à Paris le 12 décembre prochain permette des avancées significatives dans ce domaine.
SUR LE MÊME SUJET
1Commentaire
Réagir