COP21 : Quand l’innovation vole au secours de la planète
Stéphane Ozil est directeur de l’agence Ozil Conseil spécialisée dans l’accompagnement médias sociaux et contenus éditoriaux. A l’heure où de forts enjeux climatiques pèsent sur le monde, il appelle les entreprises à prendre leur part dans l’innovation malgré des contextes politiques et de marché qui ne la favorise pas toujours.
Créer une entreprise, particulièrement dans le domaine de l’innovation industrielle, n’est pas une décision légère : pour l’entrepreneur concerné il s’agit de décider que son travail aura un impact sur le quotidien de ses contemporains. Dans le cas du business durable, la barre est encore plus haute : c’est de leur avenir qu’il s’agit.
Entrepreneur(e)s et politiques
Lorsque l’on évoque la manière dont se développe l’industrie d’un pays, c’est souvent vers le politique que le regard se tourne en premier. Parmi d’autres raisons, ce réflexe de l’inconscient collectif s’explique par la dépendance très étroite nouée depuis les XIXe et XXe siècles entre la santé économique des pays occidentaux et celle de leurs industries respectives.
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Or si le climat politique est décisif en amont de l’innovation pour en favoriser l’éclosion, ce n’est jamais la personnalité politique qui décrète l’émergence de l’innovation industrielle, et ce pour une raison simple : dans les démocraties, les politiques au pouvoir le sont après élection, ce qui suppose chez eux – théoriquement - une grande capacité d’écoute de leurs contemporains, et par extension très peu de perturbations.
Henry Ford, fondateur de l’empire automobile éponyme, avait su résumer le problème dans une belle formule : "Si je n'avais écouté que mes clients, j'aurais inventé un cheval plus rapide". Car contrairement au politique en démocratie, dont le rôle reste de suivre son opinion via l’adoubement de l’élection, l’entrepreneur innovant est un éclaireur : il explore, seul ou en équipe, des territoires industriels vierges, en démontre l’hospitalité, puis y invite ses clients.
Pour autant, il arrive que les problématiques politique et entrepreneuriale convergent lorsque l’enjeu. C’est en ce moment plutôt le cas avec l’ultimatum du réchauffement climatique. Si en 2002 Jacques Chirac pouvait s’exclamer, au Sommet de la Terre à Johannesburg : "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs", la distraction est de moins en moins prégnante lors des décisions économiques.
Révolution durable : l’exemple de Boostheat
Prenons l’exemple de Boostheat, une entreprise spécialisée dans l’efficacité énergétique qui a conçu et fabrique une chaudière thermodynamique unique en son genre. Son parcours est particulièrement emblématique d’une nouvelle ère industrielle en construction, à la fois pragmatique et innovante, empirique et révolutionnaire. Car c’est bien une révolution que promet Boostheat, notamment en termes de rendement. La chaudière thermodynamique à gaz conçue par Jean-Marc Joffroy permettra de diviser par 2 les consommations d’énergie pour un rendement qui dépasse 175%, soit un saut de génération par rapport aux chaudières à gaz actuellement sur le marché.
Pour autant, et c’est un autre fait marquant, cette révolution industrielle reste pragmatique. Boostheat s’est appuyé dès sa genèse sur des partenaires de renom tels que GrDF, Engie, Dalkia ou encore Bristish Gas afin de bénéficier des réseaux déjà opérationnels lors de la phase de commercialisation de son produit.
Mais pour Luc Jacquet, cofondateur et directeur général de Boostheat, l’innovation industrielle ne se limite pas à l’aspect technologique : "Il n’est plus possible de penser l’innovation industrielle en 2015 comme on la concevait il y a encore quelques années. D’une part, les modes de vie se sont transformés grâce au numérique, et cette évolution va encore s’accélérer avec la domotique et le smart home". D’autre part, les industriels doivent prendre en compte au plus tôt les nouveaux enjeux économiques et climatiques car c’est la seule voie d’avenir possible."
Or l’actualité est en phase avec ce constat. Le Business & Climate Summit, porte-voix des entreprises internationales avant le grand rendez-vous COP21 de décembre 2015 à Paris, s’est clôt il y a quelques jours sur une réflexion convergente qui faisait dire au journaliste Emmanuel Cugny que "nous sommes aujourd'hui devant la perspective d'un changement de même ampleur que la révolution industrielle et sociale qui s'est produite au XIXe siècle."
Et justement, il est aisé d’imaginer le rôle que peuvent jouer les entreprises dans ce changement. Prenons un exemple : l’un des objectifs principaux de la COP21 est notamment de maintenir le réchauffement climatique à un niveau inférieur à 2°C, ce qui ne paraît possible qu’à la condition que les émissions de gaz à effet de serre soient réduites de 40% à 70% avant 2050. Quand on sait qu’en 2012 les dépenses énergétiques représentaient près d’un quart (24%) de la consommation d’énergie en France, il est facile d’imaginer l’impact que pourrait avoir l’adoption étendue d’une chaudière comme celle de Boostheat en divisant par deux ce secteur de consommation d’énergie.
Plus encore que de rêver à un monde meilleur, l’innovation industrielle dans le secteur du business durable offre à chaque foyer l’opportunité de contribuer concrètement à la préservation de la planète. Dans cette perspective, ne serait-il pas temps d’enrichir la French Tech, très digitale à ce jour, de nouvelles initiatives comme la French Tech Industry ou, en prévision de la prochaine COP21, de la French Green Tech ?
Stéphane Ozil (@stephane_ozil) est dirigeant de l’agence Ozil Conseil, spécialisée dans l’accompagnement Médias sociaux et Contenus éditoriaux
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