A l'image de l'interdiction des produits fabriqués par des enfants, il faut désormais interdire l'importation des produits de pays à bas coûts (low cost), tant qu'ils n'appliqueront pas les mêmes règles qu'en France : code du Travail, syndicats, prud'hommes, 35 heures, congés payés, normes environnementales et de sécurité... Cette concurrence déloyale est amplifiée par la politique achat de certains donneurs d'ordres qui accélère les délocalisations et les faillites des entreprises occidentales ! Le responsable achat d'un grand groupe français, nous a déclaré crûment : " Je n'en ai rien à faire de la France. Même si vous êtes moins cher, je dois justifier à ma direction d'un objectif de 40 % d'achats dans des pays low cost en 2004 et de 80 % en 2007 ! ". Ce type de discours est de plus en plus fréquent et touche toutes les industries. Les sous-traitants subissent des pressions énormes : " fabriquez les outillages en
Chine même si vous n'y avez pas de marché " ou " baisse des prix de 5 % par an sur cinq ans !" Pour survivre, beaucoup de PMI travaillent en dessous de leur prix de revient, délocalisent ou sous-traitent dans les pays à bas coûts avec le risque, pour le client, de voir de futures contrefaçons ! Ces implantations ne devraient être tolérées que pour satisfaire le marché local et lorsque le transport ne permet pas l'exportation mais jamais au détriment des entreprises françaises ! Or, la France transfère tout son savoir-faire et il ne restera bientôt plus rien pour se différencier des pays low cost. Il est faux de penser qu'une reconversion est possible. Il y a dix ans, nous étions techniquement plus avancés que ces pays et cela n'a pas empêché la situation de s'aggraver ! Au début des délocalisations, les industriels pensaient que seuls les agents de production seraient concernés, mais cela touche tous les métiers (techniciens, ingénieurs, chercheurs, administratifs, informaticiens) et lorsque les donneurs d'ordres auront atteint leur objectif de 80 % d'achats dans ces pays, que feront-ils de leurs acheteurs français ? Lorsque le Gouvernement fait de l'emploi sa priorité, pourquoi ne pas condamner l'antipatriotisme de certains donneurs d'ordres en très bonne santé financière, qui privilégient l'augmentation permanente de bénéfices plutôt que d'assurer la pérennité du savoir-faire industriel français et de ses emplois ? Ce savoir-faire qui a été acquis pendant un siècle, avec la sueur de plusieurs générations de salariés, transmis par nos pères, nos écoles professionnelles, nos universités et nos grandes écoles, est livré gratuitement, en quelques mois, à des entreprises low cost ! La sauvegarde de notre industrie, de l'emploi et des acquis sociaux, est une cause nationale, car ce ne sont pas les pays à bas coûts qui financeront la Sécurité sociale, la recherche, les écoles, les retraites et les chômeurs ! Tous les dirigeants doivent raisonner en " patriotes " même s'il faut céder quelques pourcentages de résultats !
Bertrand Simonin, directeur général du Groupe Simonin,
spécialisé dans le ressort, le découpage et l'injection plastique
(55 millions d'euros de chiffre d'affaires et 350 salariés)