CONCEPTIONUNE SECONDE VIE POUR LES VIEILLES PUCESLoin d'abandonner la fabrication de leurs anciens microprocesseurs, Intel et Motorola leur redonnent un nouveau souffle en ciblant les applications " embarquées ".
CONCEPTION
UNE SECONDE VIE POUR LES VIEILLES PUCES
Loin d'abandonner la fabrication de leurs anciens microprocesseurs, Intel et Motorola leur redonnent un nouveau souffle en ciblant les applications " embarquées ".
Qu'y a-t-il de commun entre un PC, la commande de la scie d'une scierie, un décodeur et un terminal de point de vente ? Le microprocesseur qui se trouve à l'intérieur. La différence ? Les trois dernières applications n'ont pas besoin de la sophistication des toutes dernières puces destinées aux PC. Pour ces applications dites " embarquées ", ou " enfouies ", ce n'est pas tant la puissance de traitement du processeur qui compte que sa robustesse et son prix. Il doit pouvoir assurer sa tâche en se faisant oublier et ne pas coûter plus de quelques dizaines de dollars (au lieu de quelques centaines pour le processeur d'un PC). Or quoi de plus fiable qu'une solution éprouvée ? Cette constatation est à la base de la création par Intel et Motorola, les deux grands du microprocesseur, de divisions spécialisées dans les systèmes embarqués.
Ne pas laisser perdre le savoir-faire
Leur but, assurer la pérennité des anciennes architectures x86 (Intel) et 68x00 (Motorola) tout en les utilisant comme plates-formes pour conquérir de nouveaux marchés. Seule différence entre les deux entreprises, là où Motorola propose une offre modulaire (nom de code, ColdFire), Intel préfère une approche plus classique, sous la forme de " chipsets ". " Il s'agit de donner une seconde vie à notre famille 68x00 ", explique Nick Dillon, directeur pour l'Europe des processeurs pour systèmes embarqués de Motorola. Ces processeurs fêtent leur dix-septième anniversaire. Pas de raison de laisser se perdre le savoir-faire développé autour d'eux, particulièrement dans la conception de logiciels d'applications et des outils de développement. Coldfire se présente sous la forme d'un fichier informatique qui décrit les fonctionnalités du coeur d'un microprocesseur. Charge à l'utilisateur de s'en servir tel quel ou de l'insérer à l'intérieur d'une puce beaucoup plus complexe. La transition avec l'architecture 68x00 se fait en douceur, puisque les instructions de cette dernière sont présentes au sein de l'architecture Risc de la nouvelle famille. Il y a donc une compatibilité croisée au niveau des codes logiciels, et les applications peuvent tourner librement sur l'une ou l'autre plate-forme.
Des temps de développement réduits
Elément très important de la stratégie du géant d'Austin, la conception de ColdFire est indépendante du processus d'intégration de la puce sur du silicium. Cette prouesse technique permet ainsi à n'importe quel autre constructeur (comme Hewlett-Packard ou Mitsubishi, partenaires de Motorola) de produire ses puces avec son propre processus de fabrication. Les temps de développement sont réduits d'autant, facteur de compétitivité, notamment, dans le domaine grand public. Autre avantage, " les processeurs ColdFire ont été optimisés pour réduire la taille du code logiciel associé, explique Nick Dillon. En effet, dans les applications embarquées, le prix de la mémoire est un élément très sensible ". Chez Intel, même approche à la base : " Le rôle de notre division est d'étendre la durée de vie du processeur bien au-delà du cycle traditionnel des machines de bureau ", assure Douglas Davis, directeur général des produits embarqués d'Intel. Il estime que le 80186, qui existe depuis douze ans, a encore une bonne espérance de vie. Et que le 386 devrait durer encore dix, voire quinze ans, c'est-à-dire très longtemps après la disparition du dernier PC bâti autour de cette puce. La gamme proposée s'étend jusqu'aux Pentium, cadencés à 100, 133 et 166 MHz. " Leurs prix vont très prochainement rejoindre ceux des 486 ", prédit Douglas Davis. La grande différence avec Motorola réside dans le conditionnement. Intel préfère l'approche traditionnelle et fournit le processeur avec les puces qui l'accompagnent, et non pas un fichier descriptif. Cela lui permet de réutiliser les " chipsets " bureautiques sans modification majeure. Deux approches légèrement différentes, donc, mais qui ont un même but : faire face à une nouvelle race de fabricants de puces, comme ARM ou Hitachi, qui développent et vendent des coeurs de microprocesseurs et ciblent tout particulièrement ces fameuses applications embarquées.
L'" embarqué " devance le PC
Si l'on en croit le cabinet d'études Desktop Strategies, 65 millions de processeurs 32 bits ont été vendus en 1996 dans les applications embarquées. Si l'on y ajoute les puces 8 bits et 16 bits, c'est alors 75 % des ventes de microprocesseurs qui se font dans ce type d'applications, contre 25 % pour les PC. Les télécommunications et la périphérie informatique (stockage de masse, etc.) sont parmi les marchés en pleine évolution, avec des croissances respectives espérées de 29 % et de 13 % jusqu'en 1998.
USINE NOUVELLE N°2580