Compétitivité, industrie : les pistes du rapport Pisani-Ferry pour réformer la France d’ici 2025
Jean Pisani-Ferry a remis son rapport sur la "France dans dix ans" à l’Elysée lors d’un séminaire intergouvernemental. Il dresse le cap des réformes d’ici 2025.
Mis à jour
25 juin 2014
L’exercice a pris près d’un an, dont trois mois de débats intenses. Ce matin, Jean Pisani-Ferry, le directeur de France stratégie, le tout nouveau nom du commissariat général à la stratégie et la prospective, a présenté son rapport sur la France dans dix ans au président de la République lors d’un séminaire à l’Elysée. A quoi ressemblera notre pays ? L’état des lieux des faiblesses actuelles de la France est sans concession. "En 25 ans, nous avons subi un décrochage de 6 points de PIB par tête par rapport aux autres pays comparables au nôtre. Ce n’est pas dramatique mais c’est significatif. C’est une tendance qu’il ne faut pas continuer", prévient Jean Pisani-Ferry. Pour redresser la croissance, le rapport préconise un changement dans la façon dont les réformes sont menées en France.
Premier problème : "il y a une grande difficulté à prendre des options claires sur les grands choix collectifs", analyse Jean Pisani-Ferry. Autre critique : celle de la méthode des réformes. Le directeur de France stratégie n’est pas un grand fervent de la réforme des petits pas. "Ces réformes sont moins efficaces. Comme elles ne sont pas stables, vous ne pouvez pas changer les comportements", assure l’économiste, qui pointe du doigt les cinq réformes sur la retraite menées depuis vingt ans ou les trois réformes de la formation professionnelle en dix ans. La dernière lacune des réformes françaises est liée à la précédente : elles sont faites à trop court terme.
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Economie en mouvement
Prendre de la hauteur, c’est donc ce que préconise le rapport sur la France dans dix ans, en se fixant de grands objectifs chiffrés pour montrer le cap. Pour retrouver une croissance plus robuste, le rapport propose de mettre en place une "économie en mouvement". Pour améliorer la compétitivité, "il faut profiter du bol d’air fourni par les allègements de charges pour mener des réformes qui s’attaquent aux causes structurelles de pertes tendancielles de compétitivité prix", estime le rapport qui propose de renforcer la place de la négociation collective salariale au niveau des branches et des entreprises.
Alors que l’industrie et les services sont de plus en plus étroitement mêlés, le rapport estime aussi nécessaire de renforcer la compétitivité du secteur des services, dont les prix relatifs ont augmenté de 35 % en France entre 2000 et 2012 tandis qu’ils ne progressaient que de 4 % en Allemagne. "Avec le numérique, les services s’échangent de plus en plus et ce sont des domaines où nous avons une carte à jouer. Même l’éducation devient exportable", précise Jean Pisani Ferry, qui fixe un objectif de 200 000 étudiants étrangers accueillis d’ici 10 ans et prédit le développement des MOOC. Autre piste : mieux gérer la ressource foncière pour faire baisser de 30 % les prix de l’immobilier.
Se concentrer sur les ETI
Pour redonner du souffle au tissu d’entreprises, le rapport estime aussi qu’il faut se concentrer sur les ETI (entreprises de taille intermédiaires), en visant la création de 1000 nouvelles en 2025. Pour y parvenir, le rapport préconise une assouplissement des seuils sociaux à 10, 20 et 50 salariés "à la condition d’un renforcement du dialogue social" et une réorientation du soutien public aux entreprises vers les moments les plus critiques de leur vie, comme l’accès à de nouveaux marchés ou les projets de rupture technologique.
Enfin, du côté de l’Etat, le rapport retient une mesure symbolique. D’ici à 2025, il préconise qu’un quart des emplois pourvus en conseil des ministres - dans des directions centrales ou des établissements publics par exemple - reviennent à des non fonctionnaires. Un clin d’oeil. "Les Français sont devenus plus divers. L’uniformité de l’offre n’est pas une réponse. Il faut beaucoup plus de différenciation des services publics", estime Jean Pisani-Ferry. L’ensemble des propositions devrait donner à réfléchir aux participants de la grande conférence sociale du 6 et 7 juillet. Elles devraient être discutées à cette occasion.
Solène Davesne
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