Comment Renault Trucks Defense espère rebondir après l'échec de sa mise en vente
Le groupe Volvo a abandonné l'idée de vendre son activité de défense et de sécurité. Isolée, sa filiale Renault Trucks Defense veut déployer une stratégie basée sur la croissance organique et les partenariats pour faire le poids face à une concurrence mondialisée.
Et maintenant comment rebondir ? Pendant près d'un an, les 1300 salariés et le management de Renault Trucks Defense (RTD) se sont préparés à voir leur société vendue à l'un de leurs concurrents directs comme le souhaitait la maison-mère, le groupe Volvo. Mais en octobre dernier, le géant suédois a décidé de faire machine arrière refusant de brader cet actif au "carnet de commandes solide".
Les deux acheteurs en lice, le groupe KNDS - née de la fusion entre le français Nexter et l'allemand KMW - et le belge CMI ont fait des offres trop faibles, de l'ordre de 400 millions d'euros contre les 700 millions d'euros attendus, pour entamer véritablement des négociations. "Les offres proposées n'ont pris en compte ni les niveaux de synergie possibles ni notre potentiel à capter de nouveaux de marchés", estime Emmanuel Levacher, PDG de RTD.
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Un problème de taille
Après avoir remoblisé les troupes en interne, le fabricant de véhicules blindés espère bien rebondir. S'il dispose d'atouts solides comme son rôle de fournisseur clé au programme Scorpion de modernisation de l'Armée de Terre française aux côtés de Thales et de Nexter, et peut s'ennorgueillir de succès à l'exportation (près de la moitié de son chiffre d'affaires), RTD a un problème... de taille. Avec un chiffre d'affaires annuel estimé à un peu moins de 500 millions d'euros, il ne fait pas le poids face aux géants du secteur (l'américain General Dynamics, le britannique BAE Systems, le franco-germanique KNDS) et à une concurrence de plus en plus mondialisée venant de Chine, de Turquie, d'Afrique du Sud...
"RTD a besoin de grandir pour atteindre une taille suffisante. Cela passera par une croissance organique et par des partenariats aussi bien pour accéder à des nouveaux marchés géographiques que pour élargir notre gamme de produits", précise Emmanuel Levacher. Le groupe s'est lancé dans la recherche de partenaires capables de lui ouvrir les portes des marchés clés de l'armement terrestre où sans appui local il est quasiment impossible de pénétrer du fait des réglementations ou des barrières protectionnistes.
Robotisation et propulsion electrique
Les partenariats pourraient prendre la forme de vente de licences de matériel, d'accord pour fabriquer localement... Sont ciblés en priorité les grands marchés : le continent nord-américain, l'Inde, les pays du Moyen-Orient. Dans son radar également, l'Europe de l'Est (République tchèque, Slovaquie, Pologne, Hongrie...) où les contrats imposent des compensations industrielles. En Afrique, RTD continue de progresser en direct. Grâce à ses camions tactiques et ses véhicules blindés 4x4, il espère y faire progresser son chiffre d'affaires annuel à une centaine de millions d'euros.
Le groupe veut également développer sa gamme de produits en renforçant ses capacités d'intégrateur. Sur le salon Milipol (à Villepinte du 21 au 24 novembre) dédié à l'équipement des forces de sécurité, la filiale de Volvo présentera une gamme de véhicules militarisés basés sur les 4x4 du groupe américain Ford. Des coopérations technologiques sont recherchées notamment dans les domaines en rupture comme la robotisation ou la propulsion électrique. De quoi démultiplier un effort de R&D sur fonds propres qui s'élève à une vingtaine de millions d'euros.
Miser sur les services
Dans les domaines des services, soit 1/3 de ses revenus, RTD cherche aussi à déployer son offre à l'export à travers des partenaires locaux. Il fait valoir son expérience dans ce domaine qui s'appuye sur la plateforme logistique basée à Fourchambault dans la Nièvre. Il a remporté en décembre 2016, le contrat de fourniture de 3700 véhicules légers tout terrain en France pour les trois armées en s'engageant sur une disponibilité technique opérationnelle de 95% sur 15 ans. Les premiers véhicules seront livrés en 2018.
"A travers les programmes en cours, nos activités de maintenance en condition opérationnelle et les contrats remportés à l'export, nos perspectives de croissance sont solides. A terme nous pouvons espérer doubler de taille", estime Emmanuel Levacher. Le dirigeant espère annoncer ses premiers partenariats dès 2018.
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