Comment passer à l'E85, le superéthanol dont les ventes explosent en France
Le recours au superéthanol E85 suppose d'acquérir un boîtier de conversion, un matériel homologué depuis fin 2017. Explications
C’est un carburant qui ne connaît pas la crise. Selon les chiffres diffusés par le Syndicat des producteurs d'alcool agricole (SNPAA) et relayés par L’Usine Nouvelle en début de semaine, les ventes du superéthanol E85 ont augmenté de 55 % en 2018 en France par rapport à l’année précédente. Une dynamique qui devrait se poursuivre cette année, le SNPAA misant sur une nouvelle hausse des ventes de 50 %. Au total, l'E85 représente 1,7 % du marché des essences en 2018, contre 1,2 % en 2017. Pour comprendre un tel intérêt, il faut s’intéresser au coût de cette solution.
Avec un tarif moyen de 68 centimes le litre, le carburant devance largement le diesel et le SP95-E10 (1,44 euros le litre). "En moyenne, l'E85 permet d'économiser 500 euros tous les 13 000 kilomètres", expliquait il y a quelques jours Nicolas Kurtsoglou, responsable carburant du SNPAA. Une solution très avantageuse, notamment pour les gros rouleurs ayant renoncé au diesel au profit d’une solution essence, sous l’effet de l’alignement de la fiscalité de ce carburant sur celle de l’essence et de sa possible interdiction future dans plusieurs villes comme Paris.
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Des boîtiers de conversion homologués
Sans compter qu’un arrêté de fin décembre 2017 a officiellement autorisé le recours aux boîtiers de conversion des véhicules essence à l’E85. Car faire fonctionner son véhicule grâce à cette solution suppose quelques adaptations, le superéthanol affichant une densité moindre par rapport à l’essence. Le recours à un boîtier de conversion permet ainsi d’adapter le véhicule aux caractéristiques spécifiques du nouveau carburant. Relié au système de contrôle moteur, il permet d’adapter notamment les paramètres d’injection.
Pour l’heure, cinq modèles ont fait l’objet d’une homologation, sur huit options possibles calculées en fonction de la puissance du moteur ou de sa norme Euro. Sur le site de l’entreprise française FlexFuel Energy Developement, les tarifs s’échelonnent de 600 euros (pose non-comprise) à pas loin de 1 400 euros, selon les types de véhicules. La pose s’effectue chez des professionnels habilités. La démarche permet au total d’éviter les éventuels problèmes liés à l’alimentation directe en superéthanol, sans adaptation préalable, et garantit le véhicule en cas de défaillance.
Réduction des gaz à effet de serre
Une fois équipés, les conducteurs bénéficient d’un réseau de distribution en progression. Plus de 1 100 stations sont recensées sur le territoire français, un chiffre en progression de 130 par rapport à fin 2017 selon les données compilées par le Syndicat des producteurs d'alcool agricole. Les partisans de cette solution espèrent également le soutien de l’Etat pour l’installation de ces boîtiers, à l’image de ce que proposent déjà certaines régions comme les Hauts de France, le Grand Est ou Provence Alpes Côte d'Azur.
Avec un argument fort : en plus d’être "le carburant le moins cher", il est également "le plus vert" selon les termes de Sylvain Demoures, secrétaire général du SNPAA. A lire le communiqué du syndicat, "le bioéthanol produit en France réduit de plus de 50 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport à l’essence, soit 1 million de tonnes de CO2 économisées, ce qui représente 500 000 véhicules sans émission de CO2". Mais suppose toutefois de dédier des terres agricoles pouvant être utilisées pour alimenter la population.
Julie Thoin-Bousquié, avec Adeline Haverland
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