Comment la filière foie gras s'organise face à la crise

La filière foie gras et les autorités sanitaires ont établi un calendrier pour lutter contre le virus aviaire influenza. Tous les maillons de la chaine de fabrication sont concernés. 

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Un demi-milliard d'euros. C'est le coût total de l'épizootie de grippe aviaire qui touche l'ensemble de la filière foie gras. Une "crise exceptionnelle et sans précédent", estime Christophe Barrailh, le président du Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog). Depuis le 24 novembre 2015, 69 foyers de virus influenza hautement pathogène ont été identifiés. Tous se situent dans le Sud-ouest qui représente 70% de la production nationale."Mais nous sommes pleinement mobilisés pour lutter contre cette épizootie", rassure Christophe Barrailh.

Sous l'impulsion des autorités sanitaires, les 4 000 éleveurs de la région sont contraints de dépeupler leurs élevages, c'est-à-dire finir le cycle en cours sans introduire de nouveaux canetons. "Cette méthode a été préférée à l'abattage massif de volailles, comme pratiqué aux Etats-Unis. Le dépeuplement est plus économique, mais surtout plus éthique, explique le professeur Jean-Luc Guérin, vétérinaire spécialiste de la grippe aviaire. La vaccination n'a pas été retenue non plus, car son dispositif est très lourd, elle demande une surveillance constante des animaux."

Des résultats 2015 stables

En 2015, la production de foie gras est restée stable, elle a baissé de 0,7% en volume et augmenté de 1,1% en valeur. L'annonce de foyers de grippe aviaire n'a pas influencé les ventes de fin d'année, qui représentent 76% du chiffre d'affaires de la filière. Le foie gras entier progresse, au détriment du foie gras en bloc. Mais le foie gras mi-cuit reste le plus vendu, avec 3 252 tonnes vendues en 2015 (sur 5 328 tonnes au total). Seules les ventes à la restauration ont chuté de 4%. Les attentats du 13 novembre ont entraîné une diminution de la fréquentation des restaurants, et donc une baisse de 8,5% de leur revenue pour le 4ème trimestre 2015. 

 

Une fois les élevages dépeuplés, ils seront soumis à une période de vide sanitaire de cinq semaines du 18 avril au 16 mai. Plus aucun palmipède ne sera présent sur les parcours extérieurs. Les lieux seront alors désinfectés pour éliminer le virus de l'environnement. Le but est de rompre son cycle de circulation pour éviter qu'il ne mute, et ne devienne transmissible à l'homme. La remise en place de canetons n'aura lieu qu'à partir du 16 mai, et la remise en place d'animaux prêt à gaver à partir du 4 juillet sous des conditions contrôlées. Pour les zones touristiques notamment afin de répondre à la demande de la clientèle estivale.

Les entreprises transformatrices devront elles-aussi arrêter leurs activités pendant 15 semaines, de mai à août. Cette interruption va entraîner des coûts de trésorerie, des surcoûts liés à l'activité partielle de 4 000 salariés, des charges fixes à payer sans revenue. Le coût du préjudice est estimé à 140 millions d'euros. Contrairement aux éleveurs qui vont recevoir une aide de l'Etat de 130 millions d'euros, rien n'est encore acté pour les industriels. "Leurs besoins seront étudiés au cas par cas", prévient le Cifog.

Retour à la normale le 15 août

En parallèle du vide sanitaire, des études scientifiques sont menées pour mieux connaître le virus. "Nous sommes en train de le séquencer pour reconstituer l'histoire de l'épizootie, pour essayer de comprendre comment le virus a muté de faiblement pathogène à hautement pathogène", explique le vétérinaire Jean-Luc Guérin.

Le retour à la normale est prévu pour le 15 août. Mais la filière avoue son incertitude. "Nous estimons que la production devrait chuter de 25% en 2016, mais c'est une hypothèse optimiste, reconnait Anne Richard, directrice de l'Institut technique de l'aviculture (Itavi). Pour l'instant il n'y a pas de nouveaux cas, mais nous ne sommes pas à l'abri qu'un nouveau foyer se déclare un jour avant le vide sanitaire! Et une fois qu'il faudra repeupler les élevages, il n'est pas sûr que les accouveurs, fortement touchés par la crise, soient en mesure de fournir tous les éleveurs en palmipèdes…" Dans tous les cas, la disponibilité du produit devrait baisser, entraînant une nécessaire hausse des prix.

La filière prépare déjà l'après-crise et compte sécuriser son système de production. 220 millions d'euros seront investis pour mettre en place des mesures de biosécurité qui seront définies par un arrêté mardi 9 février.

Marine Protais

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