Comment l'Île-de-France s'est-elle entraînée à surmonter la crue centennale?
En mars, l'Île-de-France a testé la capacité de réaction des acteurs public et privés et la coordination de leurs actions en cas de crue majeure de la Seine. Trois mois plus tard, le 3 juin, le fleuve vient de dépasser les 6 mètres à Paris et pourrait atteindre jusqu'à 6,50 mètres en soirée selon les prévisions les plus défavorables. Retour sur l'exercice EU Sequana.
Carte postale ancienne éditée par AHK, collection "Paris inondé" 1910 : Avenue Daumesnil - Crédits : CC Wikipedia
En cette première quinzaine de mars 2016 de fortes pluies s’abattent sur le pays puis ruissellent sur des sols encore gelés suite à une récente période de températures négatives. Les eaux de la Seine et de ses affluents la Marne et l’Yonne gonflent. À hauteur de la gare de Paris Austerlitz, la cote de 8,13 mètres est atteinte et les zones situées en amont de Paris subissent déjà les premières conséquences de l’inondation … Voilà, résumé, le scénario imaginé pour EU Sequana le premier exercice européen de simulation de crue de la Seine en Île-de-France organisé du 7 au 18 mars par la Préfecture de Police de Paris.
"Cet exercice a vocation à éprouver la capacité des acteurs du territoire francilien à répondre à un tel événement et à renforcer la coordination de leurs actions. Il doit être également l’occasion de développer une culture du risque inondation auprès des citoyens, des entreprises et des institutions publiques", précise un communiqué de la Préfecture de Police.
À LIRE AUSSI
Crue de la Seine, votre entreprise est-elle vraiment prête au pire ?
La force Neptune bravera les eaux
87 partenaires administratifs et économiques sont associés à cette initiative qui vise également à tester la mise en œuvre du mécanisme européen de protection civile permettant d’obtenir des renforts humains et matériels d’autres pays européens. L’opération sera enfin l’occasion de déployer 1500 militaires dans le cadre de la force Neptune qui est le pendant militaire du plan Orsec en cas de crue.
Le risque d’inondation demeure le premier risque naturel majeur en Île-de-France. Il est d’autant plus pris au sérieux que la région-capitale héberge 12 millions d’habitants, représente un tiers de l’activité économique française et concentre tous les lieux du pouvoir politique.
Selon la Préfecture de Région une crue équivalente à celle de 1910, une crue centennale de référence avec 8,62 mètres, causerait 30 milliards d’euros de dommages directs. Les organisateurs de EU Sequana avancent qu’une telle catastrophe ferait cinq millions de sinistrés, que 400 000 emplois directs seraient affectés et que 1,5 million de Franciliens seraient privés d’électricité.
Jeux de table et exercices de terrain
EU Sequana se déclinera en deux parties. L’une se cantonnera aux exercices sur table pour tester les capacités des opérateurs et notamment leurs Plans de continuité d’activité. L’autre sera consacrée à des exercices de terrain qui se dérouleront sur six sites le long de la Seine. A Valenton (Val-de-Marne), par exemple, les sauveteurs répéteront l’évacuation d’une maison de retraite par hélicoptère et embarcations alors que dans le port de Limay (Yvelines) il s’agira de simuler la récupération de polluants fictifs.
À LIRE AUSSI
En mars 2016, des simulations numériques sensibilisaient déjà les Franciliens aux inondations
Le scénario est rédigé pour coller au plus près des conditions réelles d’une crue. Du 7 au 13 mars il constate la montée inexorable du niveau de la Seine. Le pic de crue est atteint lors du week-end du 12 au 13 mars qui sera, aussi, la période choisie pour des actions de communication auprès du grand public. Enfin du 15 au 18 mars, avec la décrue, viendra le temps de jouer les conditions de l’après-crise avec deux projections à cinq jours puis trente jours après le pic de crue.
Patrick Désavie, en Île-de-France
1Commentaire
Réagir