Comment Fichet muscle sa R&D à Baldenheim pour sécuriser les sites sensibles
Principal centre de R&D du groupe Fichet, Baldenheim, dans le Haut-Rhin, renforcera prochainement ses équipes. Objectif : intégrer de nouvelles compétences pour sécuriser les sites des opérateurs d'importance vitale (OIV).
Sur la commune alsacienne de Baldenheim, l’usine du spécialiste des serrures et des solutions de sécurité Fichet, fait figure d'ancienne. « Ce site a produit sa première serrure pour coffre-fort en 1906 », s’enorgueillit Balthazar Nicolas, directeur des usines du groupe, accueillant la presse, le 23 janvier.
De l’extérieur, le bâtiment en briques qui s’étend sur 9000 m2 trahit son âge. Mais une fois les portes poussées, l'impression de vétusté s'efface, une odeur de peinture fraîche flotte même dans l'air. Depuis son acquisition fin 2018 par le fonds d’investissement OpenGate Capital, le groupe affiche de nouvelles ambitions.
Traditionnellement implanté dans les secteurs du commerce, de la banque et du tertiaire, Fichet souhaite devenir un acteur majeur dans le domaine du haut risque, en fournissant des portes renforcées, des sas ainsi que des dispositifs électroniques de contrôle des entrées aux opérateurs d’importance vitale (OIV). Soit des entités diverses, civiles et militaires côté public, financières et industrielles côté privé, avec en particuliers des sites Seveso.
Pour Fichet, la sécurité de ces site représente « un marché en progression de 10% par an », explique Xavier Lechler, directeur stratégie et innovation du groupe. Mais y prospérer pose « un véritable challenge technique car tous les aspects de la sécurité doivent être pris en compte, des matériaux utilisées pour renforcer les équipements à la cyberprotection des appareils électroniques ».
Du coffre-fort à la cyberprotection
Pour relever ce défi, Fichet group va muscler sa R&D dans de nombreux domaine. L'entreprise va faire progresser le pourcentage de son chiffre d’affaires (128 millions d’euros en 2019) alloué à la recherche de 2,5% sur l’exercice 2019 à 4% en 2020.
Une grande partie de ce budget est dédié au site de Baldenheim qui concentre la plus grande partie de l'innovation du groupe. « Sur le site, 30 personnes sont dédiées à l'amélioration et au développement de nouveaux produits. Nous allons prochainement agrandir cette équipe », lance Xavier Lechler. Principal objectif : renforcer les compétences du groupe en matière de systèmes électroniques et de cyberprotection.
Dans ce domaine, Fichet compte déjà quelques succès à son actif notamment dans le domaine de la vidéosurveillance avec son système SMI Server. Celui-ci permet de vérifier en temps réel, via une plateforme unique, l’identité des personnes pénétrant sur des sites industriels sensibles. Un dispositif d’analyse des flux vidéo permet de légitimer la présence de chaque personne dans chaque zone de l’installation. Avec ce système, Fichet est le premier fabricant français à avoir obtenu en 2017 la qualification de l’agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI). Un centre de formation agréé a été ouvert à Baldenheim.
Pour Fichet, la synergie entre les appareils de protection physique et les dispositifs numériques permettra au groupe de se positionner comme un acteur incontournable de la haute sécurité. « La frontière entre les deux est de plus en plus floue. Comme le numérique évolue constamment, nous devons être en mesure d'anticiper les changements à venir », explique Xavier Lechler
« Nous misons beaucoup sur l’apport de l’intelligence artificielle pour aider à détecter des événements inhabituels - comme une livraison à une date et un horaire jamais enregistrés jusqu'à présent -, et donc potentiellement à risque. Sur ce type d’application, l’IA peut faire son apprentissage sans supervision humaine et être embarquée directement dans les portes de sécurité. »
Une stratégie d’Open Innovation
Pour accélérer le développement de nouveaux produits, Fichet s’est également approché de l’incubateur de start-ups Creative Valley, situé en Ile-de-France. L’objectif est de créer un écosystème entre ETI et Start-ups pour mettre au point des briques technologiques qui intégreront les systèmes de sécurité.
Lancé mi 2019, le programme est en cours de déploiement. « Il y a une phase d’acculturation : nous sommes en train d’évaluer ce que nous pouvons nous apporter réciproquement. C’est un peu nouveau pour nous notamment en ce qui concerne la diffusion de certaines informations. La sécurité du client doit toujours être protégée. Mais au final ce rapprochement pourrait nous apporter davantage de souplesse et un éventail technologique plus important », conclut Xavier Lechler.
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