Comment Cristal Union se prépare à la fin des quotas sucriers

Face à la suppression des quotas sucriers prévue en 2017, Cristal Union s’estime bien armé pour affronter cette petite révolution. Le groupe affirme avoir les meilleures performances agronomiques et économiques du secteur. Il poursuit aussi la diversification de ses activités pour réduire les risques.

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Betterave sucrière - DR

"Nous sommes prêts à affronter ce qui est devant nous. Nous sommes même contents d’y aller!", a insisté le 7 mars, Alain Commissaire, le directeur général de la coopérative Cristal Union, connue notamment pour sa marque de sucre Daddy.

A l’image du groupe coopératif, tout le secteur européen va faire face à la fin des quotas sucriers le 1er octobre 2017. Une petite révolution pour une industrie habituée jusqu’à ici à la régulation de marché.

Les acteurs français et européens transformant de la betterave, devront affronter la canne à sucre brésilienne et ses prix inférieurs. Aux industriels européens de pouvoir montrer qu’ils sont aussi compétitifs ! Cristal Union, deuxième groupe sucrier de France derrière Tereos, et numéro quatre européen, se montre confiant.

"Nous ne sommes pas dans la même configuration que dans le lait [ndlr : qui a vu ses quotas supprimés en 2015]. Le secteur sucrier est très concentré et les acteurs beaucoup plus internationaux et tournés vers la valeur ajoutée", a souligné Olivier De Bohan, le président de Cristal Union.

Cristal Union affirme disposer de solides arguments dans ce nouveau contexte. Avec un rendement moyen sur cinq ans de 14,2 tonnes de sucre par hectare, le groupe affirme être celui qui affiche les meilleures performances agronomiques du secteur.

De l’isobutène et des bioplastiques pour assurer l’avenir

Le groupe, déjà présent dans le bioéthanol, où il est troisième producteur européen, poursuit en parallèle son développement vers d’autres débouchés que le sucre. Il s’est associé il y a un an au groupe Global Bioenergies pour la création d‘une société commune. Baptisée IBN-One, elle vise à produire de l’isobutène notamment pour Audi et Arkema. Une usine devrait voir le jour d’ici à 2019 pour produire 50 000 tonnes de composé chimique à partir de 200 000 tonnes de sucre. 120 millions d’euros sont investis dans le projet. Parallèlement, il travaille avec l'italien Bio-On pour la fabrication d’un plastique naturel et biodégradable, le PHA (polyhydroxyalcanoate). 70 millions d’euros vont être déboursés pour la construction d’ici à 2018 d’un site de production de 5 000 tonnes de ces plastiques innovants, en Champagne-Ardenne. "Le temps de retour sur investissements devrait être de six à sept ans", a affirmé Xavier Astolfi, le directeur général adjoint du groupe.  

 

Répondre à la demande des voisins européens

Face à la libéralisation du marché en 2017, le groupe va proposer une contractualisation à ses adhérents avec un prix pivot de 27 euros la tonne de betterave, avec un minimum de 25 euros. "Nous pouvons développer la capacité de production de surface betteravière de 20 % pour atteindre 17 millions de tonnes de betteraves produites", assure Olivier de Bohan.

Une hausse de la production qui devrait répondre à une demande de nos voisins. "La période de surproduction commence à se résorber. Selon les prévisions, le Royaume Uni, l’Irlande, l’Espagne et l’Italie vont afficher sur 2016 des déficits auxquels nous allons pouvoir répondre", a expliqué Alain Commissaire, le directeur général.

Du côté des performances économiques, le groupe s’estime aussi bien armé. Malgré des cours du sucre en chute de 20 % sur la dernière campagne, "le chiffre d’affaires clos au 30 septembre 2015, n’a reculé que de 8 % à 1,668 milliard d’euros clos, grâce à des apports de périmètre", a détaillé Alain Commissaire, ajoutant que le groupe a "deux à trois points d’écart d’Ebitda supplémentaires par rapport à ses concurrents européens".

Investissements industriels

"Nous sommes en pole position pour 2017", a insisté le directeur général. Le groupe a rappelé avoir investi ces dix dernières années plus de 1,1 milliard d’euros dans des acquisitions, comme la Vermandoise en 2012 et 1 milliard d’euros dans des investissements industriels, comme en Algérie et en Italie.

Avec une telle confiance en sa stratégie, le groupe sera forcément attendu au tournant par les experts du secteur et ses prétendants qu’il continue régulièrement de repousser, comme Tereos. "Notre objectif est d’être un pilier incontournable au niveau européen, tout en restant autonome", a martelé le directeur général.

Une alliance avec l’allemand Nordzucker serait-elle pour autant envisageable comme évoquée souvent ? "A force de voir réapparaître la rumeur tous les ans, nous allons finir par regarder le dossier", a répondu en forme de pirouette Olivier De Bohan. Une chose est sûre, Cristal Union ne voudra pas y perdre son identité...

Adrien Cahuzac

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