Collaboration start-up-grand groupe pour l'industrie 4.0 : tracer son chemin entre le sur-mesure et le générique
Arts et Métiers Accélération a organisé, mardi 6 juillet à Station F à Paris, un événement pour clôturer son programme « Focus Industrie 4.0 », qui visait à faciliter les collaborations entre start-ups et industrie. L'un des enseignements de cette conférence ? Pour réussir dans les logiciels de l'industrie 4.0, les start-up doivent éviter les solutions sur-mesure pour l'entreprise avec qui elles travaillent tout comme les solutions trop génériques.
Une grenouille qui veut innover en collaboration avec le bœuf. C’est l'esprit de « Focus Industrie 4.0 », un programme « tourné vers l’opérationnel » lancé par Arts & Métiers Accélération en mai 2019. Son objectif était de faciliter le lancement d’innovations numériques pilotes « technologiquement innovantes et commercialement viables » au sein de grands groupes, et s’est soldé par un événement rythmé par des témoignages d’industriels et partenaires du programme, mardi 6 juillet à Station F. Si la recette d’une collaboration réussie pour des logiciels dédiés à l’usine 4.0 n’a pas été complétement révélée, il est un ingrédient central : que la solution développée par la jeune pousse puisse être déployable au sein de différentes entreprises, sans être trop générique.
« Les industriels qui travaillent avec des startups portent une responsabilité : celle d’identifier quels sont les types de projets pour lesquels une collaboration avec une startup est possible, afin de créer des solutions répétables et scalables », a relevé Renan Devillières, spécialiste de la création de start-up à destination des industriels. Deux types de logiciels sont ainsi à proscrire, selon l’entrepreneur : à la fois les logiciels « monolithes » comme « les ERP [progiciel de gestion intégré, ndlr], les Dassault Systèmes, les SAP » qu’une jeune pousse ne pourra pas concurrencer et, à l’inverse, les logiciels trop spécifiques. « Les logiciels de planification des trains de la SNCF par exemple, impossible de les trouver chez une startup… Ce serait la mort du petit cheval », a soutenu M. Devillières.
Visites d'usines
Le bon positionnement serait donc à trouver entre ces deux extrêmes. Il s’agit, selon Renan Devillières, de viser le segment « Industry-specific SaaS », à savoir un logiciel adapté aux problématiques de l’industrie et commercialisable par abonnement.
Pour identifier des problématiques communes à différentes industries, Renan Devillières a co-fondé Oss Ventures, un fonds d’investissement un peu particulier : « Avec des entrepreneurs qui, sinon, auraient lancé une boîte de livraison de croquettes pour chien, nous visitons une, deux, trois, dix… soixante usines et identifions un problème partagé par tout le monde du manufacturing. Au lieu d’investir dans des startups qui existent déjà, nous co-créons des entreprises, où nous investissons du temps et de l’argent. »
Oss Ventures a co-créé 9 entreprises depuis 2019
Fondé il y a deux ans, Oss Ventures a déjà lancé neuf jeunes pousses, parmi lesquels Fabriq, qui a développé un outil numérique pour « gérer tout le cycle de pilotage de performance de l’atelier, de la détection de sujets opérationnels aux projets d'amélioration continue ». Après un premier pilote à la forge d’Aulnoye en juin 2020, Vallourec, présent lors de l’événement, a témoigné de l’appropriation du logiciel de Fabriq par les équipes sur le terrain pour la « digitalisation de rituels de management de la performance ».
« Nous sommes très content que l’ensemble du groupe soit désormais impliqué, y compris notre site au Brésil qui a tendance à être assez rétif aux solutions qui viennent du central », a tenu à souligner Frédéric Brandelet, directeur des solutions industrielles numériques du groupe. Vallourec et Fabric ont signé un contrat-cadre le 14 juin 2021, pour déployer l’outil sur l’ensemble des sites.
« En un mot, notre boulot consiste à aider le tissu industriel en rapprochant deux mondes qui ne se parlent pas assez… à savoir ceux qui portent des baskets (le monde de la technologie) et ceux qui portent des costards (le monde de l’industrie) », a conclu Renan Devillières.
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