Qu’est-ce qui rapproche le transport maritime de conteneurs de l’agriculture urbaine ? Le groupe CMA CGM. Pourtant, entre une activité montrée du doigt pour sa forte contribution à la pollution de l’air et au réchauffement climatique et un modèle agricole innovant, le lien ne saute pas aux yeux. L’armateur français, qui a entamé sa transition énergétique en commandant des navires propulsés au GNL, a décidé d’accompagner financièrement une jeune entreprise innovante, Agricool, spécialisée dans l’agriculture urbaine.
Avec son fonds CMA CGM Ventures, il a participé à la levée de fonds de 25 millions d’euros de la start-up de La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Agricool développe la culture urbaine de fraises sans pesticide dans des conteneurs frigorifiques recyclés. "Nous en avons actuellement cinq installés à Paris et en banlieue et un autre à Dubaï, explique Joséphine Ceccaldi, la directrice marketing. Tout a été inventé par nos équipes [environ 60 personnes, ndlr], y compris les LED. Les fraises sont produites hors sol et le conteneur est fermé pour éviter toute pollution." Cette culture bio ne peut obtenir le label, qui n’est accordé qu’à des cultures en pleine terre. Le procédé développé par Agricool permet d’économiser 90% d’eau et fournit, grâce à un pilotage à distance de la lumière, de l’humidité et de la température, des fraises plus goûteuses et sucrées.
Avec quatre récoltes annuelles – 15 fois plus que sous serre –, un conteneur peut produire 7 tonnes de fraises. Les fruits sont vendus à Monoprix. "Nous ne dépendons ni du climat ni des contraintes d’emplacement, car nous pouvons installer nos conteneurs même sur des sols pollués ", précise Joséphine Ceccaldi. Agricool compte multiplier par cent sa production au cours des trois prochaines années.