Climat : "Il n’y aura pas de grand soir, il faut se réjouir des avancées", prévient Gilles Berhault
La Chine et les Etats-Unis, les deux principaux pollueurs de la planète (45 % du total des émissions mondiales de CO2) ont enfin pris conscience des conséquences de la pollution sur l’avenir de la planète et sur le réchauffement climatique. Pressés par la nécessité absolue d’un accord mondial à la conférence sur le climat à Paris, fin 2015, les deux pays ont décidé mercredi 12 novembre à Pékin de réduire de façon significative leurs émissions de gaz à effet de serre. Les Etats-Unis se sont engagés sur une réduction de 26 à 28 % de leurs émissions d’ici à 2025 et la Chine s’est fixé pour objectif d’atteindre le pic de pollution en 2030. Réactions de Gilles Berhault, porte-parole de Solutions COP 21 et président du Comité 21.
Mis à jour
12 novembre 2014
L'Usine Nouvelle - Pour vous, est-ce que l’engagement de la Chine et des Etats-Unis est réellement une bonne nouvelle ?
Gilles Berhault - On ne va pas se passer des bonnes nouvelles, comme celle de l’Europe qui a annoncé un objectif de -40 % d’émissions de CO2 d’ici à 2030. Mais tout cela n’est pas suffisant pour contenir une hausse inférieure à 2 °C. On doit donc se réjouir pour aller encore plus loin.
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La Chine propose d’atteindre son pic de pollution en 2030. C’est très insuffisant ?
Il faut relativiser le côté émetteur de la Chine. Ce pays produit pour une grande partie de la planète. Il faudrait peut-être requalifier une partie de leurs émissions.
Aux Etats-Unis, les Républicains sont déjà vent debout contre les annonces du Président Barack Obama. Ne craignez-vous pas qu’ils reviennent en arrière s’ils remportent la prochaine élection présidentielle en 2016 ?
Il y aura d’autres élections dans d’autres pays qui peuvent également remettre en cause les derniers engagements, comme en France…
Si ces annonces sont insuffisantes, comment faire pour ne pas tomber dans le scénario catastrophe qui nous menace si l’on se réfère au rapport du GIEC ?
Tout d’abord, je considère que les chiffres du GIEC sont incontestables, de par son mode de travail. Ce sont des scientifiques et non des rêveurs et leurs travaux sont validés par la plupart des gouvernements. Ensuite, il n’y aura pas de grand soir dans cette affaire. A chaque étape, il faut se réjouir des avancées. Il y a dix ans, personne n’aurait pu penser que la Chine et les Etats-Unis s’engageraient ainsi. Le monde a changé, notamment grâce à Internet. Il y a une prise de conscience et notamment des entreprises qui jouent leur pérennité. Malheureusement, on est parti beaucoup trop tard.
Le dérèglement climatique est aussi néfaste pour l’économie ?
Même à 2°C, les conséquences sont importantes pour l’économie, à commencer par l’agriculture. Il y a une accélération des aléas extrêmes que l’on observe déjà. Pour les vignes, une hausse de la température de 1 °C déplace déjà la production 150 kilomètres au nord. Si on ne fait rien, les conséquences économiques seront catastrophiques pour les entreprises.
Ces engagements sont-ils un bon signe pour déboucher sur un accord à Paris en 2015 ?
Oui, c’est un bon signe, mais il ne faut pas oublier l’étape de Lima (Pérou) dans trois semaines, rencontre technique pour préparer Paris, qui poursuit les négociations entamées à Durban (Afrique du sud) en 2011.
Olivier Cognasse
Comité 21 et solutions COP 21
Le Comité 21 existe depuis 1995. Il a pour but de faire vivre en France l’Agenda 21, programme d’action pour le 21ème siècle, ratifié au sommet de la terre de Rio de Janeiro (Brésil) en 1992 par 170 chefs d’Etat et de gouvernement. C’est un réseau d’acteurs regroupant 500 membres, dont 50 départements, 20 régions et une grande partie du CAC 40. Parmi les entreprises, citons Areva, GDF-Suez, Schneider, Suez Environnement, Séché, Veolia, Total, Vinci, SNCF,… Il a pour mission de créer les conditions d’échange et de partenariat entre ses adhérents issus de tous secteurs afin qu’ils s’approprient et mettent en œuvre, ensemble, le développement durable à l’échelle d’un territoire. Le Comité 21 participe à Solutions COP 21, qui vise à valoriser les initiatives et les solutions pour le climat et à les montrer au public durant toute la période qui précède la conférence climat de Paris en décembre 2015 et durant l’évènement avec une semaine d’exposition et de conférences au Grand Palais de Paris et un pavillon au Bourget, où se tiendra l’évènement.
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