[Chronique RH] peut-on mondialiser le management ?
Exigences de la génération Y, changement technologique, transformation numérique expliqueraient la mutation des modes de management. D’autant que ces mues s’opèrent sur fond de guerre des talents et de recherche d’attractivité, à l’heure où les start-ups imposent leur standard. C’est le discours que tenait en substance devant une poignée de journalistes, Karima Silvent la DRH d’Axa France.
Si ces mouvements existent incontestablement, ils traduisent une forme de mondialisation tout aussi puissante que celles des marchés de biens et services : celle du management des entreprises. De Paris à San Francisco, de Tokyo à Sao Paolo, en passant par New Dehli voire Shanghaï, les entreprises tendent à adopter les mêmes standards pour le gouvernement des hommes.
L’histoire n’est pas récente. Elle commence après 1945 avec l’internationalisation des firmes multinationales comme on appelait alors les ancêtres des compagnies mondiales. IBM en constitue le symbole qui impose un peu partout ces méthodes de travail, d’évaluation et d’organisation. Aujourd’hui, la matrice du nouveau monde semble être californienne. De vastes plateaux de bureaux, de l’agilité, un manager de moins en moins expert et de plus en plus coach… soit l’entreprise selon la Sillicon Valley.
Reste à savoir si on peut manager des Français, des Polonais ou des Hindous comme des Californiens. La dimension culturelle importe dans le management des hommes. On le sait depuis les travaux de Philippe D’Iribanne sur La Logique de l’honneur (éditions du Seuil). Il n’est pas besoin d’être devin pour prévoir que l’adoption sans recul de modes de gestion des entreprises inventées au bord du Pacifique ne produiront pas la même efficacité à travers le monde. Attention à ne pas jeter le bébé et l’eau du bain. Comme le rappelait Karima Silvent, le management à la française, s’il est décrié, a des vertus mises en évidence par Ezra Suleiman dans la prouesse française. Une loyauté forte à l’entreprise et un attachement à l’humain en dépit de quelques cas dysfonctionnels sont la force du modèle français. A copier sans réfléchir le management californien, on risque de perdre ses qualités sans acquérir pour autant les avantages du modèle envié : l’agilité ou l’esprit d’innovation. La mondialisation ne fait que commencer. Le management pourra être un, le jour où l’Humanité connaîtra une culture uniforme. Le chemin est encore long.
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