[Chronique RH] Court-circuit chez EDF en Belgique
Pas sûr que tout le monde l’avait compris de cette façon quand EDF dans ses récentes publicités prévenait "notre avenir est électrique". En tout cas, certains salariés de Luminus, une filliale belge d’EDF, ont eu une idée de ce que pouvait signifier cette électricité qui est dans l’air… comme on dit les jours d’orage. Le quotidien Le Parisien-Aujourd’hui en France a relaté qu’ils avaient été prévenus par un coup de téléphone de leur licenciement avec effet quasi immédiat. Quand on sait le rôle joué par EDF comme laboratoire d’innovation sociale par le passé, cela donne une idée du chemin parcouru. EDF plaide la maladresse et indique avoir présenté ses excuses, ce qui ne convainc pas vraiment les organisations syndicales.
Deux enseignements peuvent être tirés de cette affaire. Pour un groupe international, les frontières n’existent plus. On ne peut pas espérer faire ses petites affaires en douce dans une lointaine filiale en espérant que cela ne revienne pas jusqu’aux oreilles des consommateurs et des salariés français. A plus forte raison quand cela se passe dans un pays frontalier qui partage pour partie la même langue. Le risque de résonance est d’autant plus fort qu’il y a un écart entre le discours tenu en France et les pratiques observées ailleurs. Plus on s’éloigne de ce qui est habituel ici, plus on risque d’avoir un écho médiatique.
Surtout, cela illustre une tendance de fond évoquée dans les cénacles professionnels : le nécessaire rapprochement, voire la fusion, entre le marketing et les RH. Le marketing RH ne peut plus longtemps vivre sa vie de son côté, tandis que la communication institutionnelle et produits vivrait la sienne. Deux mondes parallèles qui ne se croiseraient jamais c'est la garantie de la catastrophe assurée un jour ou l'autre.
A l’heure où la guerre des talents dont on parle depuis si longtemps et qui arrive pour les postes de cadres et de techniciens, arrive, la moindre dissonance peut avoir des effets désastreux. Les discours et les pratiques doivent être alignés. Pas plus le "c’est pas moi c’est l’autre" que le "personne ne verra rien, je mets la poussière sous le tapis" ne peuvent servir de ligne de conduite.
Avec son histoire belge, EDF en fait l’expérience. Il y a quelques années l’opérateur proclamait : "nous vous devons plus que la lumière". Vis-à-vis de ses salariés, la compagnie leur doit plus qu’un coup de téléphone si elle veut continuer à être synonyme d’entreprise innovante et attirante, quand bien même elle recruterait moins ces prochains mois. Les directions marketing le savent depuis longtemps : il faut des années pour construire une image, quelques minutes peuvent suffire pour la détruire.
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