Chez Ipsen, les coulisses du départ surprise de la numéro deux, Christel Bories
Elle avait été recrutée il y a trois ans pour son profil atypique, issu de l’industrie lourde. Ancienne dirigeante d’Alcan, Christel Bories vient de quitter le laboratoire pharmaceutique Ipsen, dont elle était chargée d’impulser la transformation.
L’annonce a pris tout le monde par surprise, et n’a pas bien été accueillie par la Bourse. Mardi 16 février, le laboratoire pharmaceutique français Ipsen a annoncé le départ de sa numéro deux, Christel Bories. La "directrice générale déléguée" avait été nommée à peine trois ans auparavant. Que s’est-il passé entre temps ?
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"Le conseil d’administration d’Ipsen a fait un benchmark sur la gouvernance des entreprises dont le chiffre d’affaires est compris entre 500 millions et 10 milliards d’euros, pour voir comment elles étaient organisées, explique un porte-parole du groupe. On voit de plus en plus une tendance à la séparation des fonctions, avec un président non exécutif et un directeur général plus opérationnel." Décision a donc été prise de confier la présidence à l’actuel PDG du groupe, Marc de Garidel, un spécialiste de l’industrie pharmaceutique qui a su conduire avec succès à la destinée d’Ipsen depuis 2010. Il devrait ainsi prendre plus de hauteur, et poursuivre en parallèle ses fonction de président du think-tank G5, et de vice-président du Comité de filière Industries et technologies de santé.
La gestion du changement appliquée à la pharmacie
Mais Christel Bories n’occupera pas ce poste de directeur général. Le poste de numéro deux avait pourtant été créé pour elle en 2013, afin de prendre les commandes de l’exécutif. Le conseil d’administration d’Ipsen voulait alors un profil qui ne soit pas issu de la pharmacie mais d’un secteur industriel très compétitif, avec une expérience de la gestion du changement. Il n’en fallait pas moins pour s’attaquer à un secteur traditionnellement conservateur…
D'abord directrice de la stratégie de Pechiney, cette femme de tête avait été chargée de "nettoyer le portefeuille" du pôle emballages en 1999, avant de gérer la fusion avec Alcan et Rio Tinto jusqu’en 2011… Chez Ipsen, elle a rapidement lancé des chantiers de transformation. En valorisant les compétences médicales au sein des forces de ventes. En créant une "Business Unit" dédiée au "primary care", pour faire monter en puissance les produits de médecine générale d’Ipsen comme le Smecta, au potentiel prometteur dans les pays émergents.
Moins de management intermédiaire
Partisane d’une organisation plate, en particulier pour cette entreprise de taille intermédiaire (1,27 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2014) qui n’a pas les marges de manœuvre d’une big pharma mais peut se montrer plus agile, Christel Bories a diminué les lignes de management intermédiaires. Via notamment la mise en place de "clusters pays", regroupant les pays d’Europe de l’Est ou encore le Portugal avec l’Espagne.
En décembre dernier, ses perspectives au sein de l’entreprise semblaient encore au beau fixe. Tandis que les perspectives financières d’Ipsen, qui présentera ses résultats annuels le 1er mars, sont au rendez-vous. Son résultat net s’est nettement amélioré depuis deux ans.
des Divergences stratégiques...
Un cadre confie avoir encore vu Christel Bories animer, il y a quelques jours, une vidéo-conférence sur le programme de réorganisation stratégique à l’intention des différentes filiales de l’entreprise, présente en direct dans trente pays. Mais cette personnalité pragmatique et cash aurait récemment fait avec le conseil d’administration "le constat de désaccords au plan stratégique", selon Ipsen. Elle avait déjà quitté la tête du groupe Constellium en 2011, moins d’un an après sa nomination, à cause de ses dissensions avec le fonds d’investissement Apollo.
Chez Ipsen, point de fonds au capital, mais une famille fondatrice actionnaire à hauteur de 57% (le solde est coté sur Euronext), toujours très présente dans la stratégie. "Les méthodes de Christel Bories étaient peut-être un peu brutales par rapport à la pharmacie, estime un cadre. Et le fauteuil sans doute trop étroit Marc de Garidel et elle."
Un successeur au profil opposé
Toujours est-il que le profil du futur directeur général sera radicalement différé. "Il devra être issu de l’industrie pharmaceutique ou biotech, disposer d’une vision stratégique et de la capacité à mener le développement international de l’entreprise", explique le porte-parole d’Ipsen. Français ou non ? La question s’était déjà posée pour le géant français de la pharmacie Sanofi, au moment du recrutement de son nouveau patron il y a un an.
Ipsen ne réalise plus que 27% de son chiffre d’affaires dans l’Hexagone. Les Etats-Unis, où Marc de Garidel a réalisé un travail intense pour développer l’ETI sur le plan commercial et disposer d’un véritable pôle de R&D près de Boston, constituent désormais la première filiale du groupe. Sa stratégie pour 2020, afin d’atteindre des ventes "organiques" comprises entre 1,8 milliard et 2 milliards d'euros et une marge opérationnelle courante de 26% (contre 20,4% en 2014), reste, elle, inchangée.
Gaëlle Fleitour
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