Chez Bureau Veritas, les équipements électriques à l'épreuve de l'extrême

Situé à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), le Laboratoire central des industries électriques (LCIE) de l'entreprise française Bureau Veritas expose les appareils électriques et électroniques à des conditions extrêmes afin d'évaluer leurs performances.

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Chez Bureau Veritas, les équipements électriques à l'épreuve de l'extrême
Chambre anéchoïde du LCIE Bureau Veritas

Au fond d'un long couloir traversé de dizaines de câbles électriques, une immense porte blindée d'une cinquantaine de centimètres d'épaisseur renferme le "bunker". Dans cette pièce totalement hermétique, le Laboratoire central des industries électriques (LCIE) de l'entreprise française Bureau Veritas réalise des tests d'explosion sur des appareils électriques. Introduits dans des cuves d'explosion ultra-blindées, ils sont exposés à des mélanges gazeux inflammables et soumis à des déflagrations afin d'évaluer leurs capacités de résistance.

"Des appareils destinés à l'aéronautique ou à la défense sont exposés à des conditions extrêmes : températures, fortes pressions, endurance, explique Loïc Pihier, responsable des essais Atmosphères explosives du LCIE. Ici, on analyse comment ils réagissent avec de l'hydrogène et de l'acétylène notamment, des gaz hautement explosifs, car toutes les fonctions électriques créent des étincelles." Sur le plafond juste au-dessus de la cuve d'explosion, la peinture blanche s'écaille et le plâtre s'effrite. "Certaines explosions font vibrer tout le bâtiment", sourit Loïc Pihier.

Evaluation des produits électriques

Situé à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), le LCIE évalue la sécurité et la performance des produits électriques et électroniques à destination des industries et du grand public. Entrée dans le giron de Bureau Veritas depuis 2001, la branche électrique réalise 25,5 millions d'euros de chiffre d'affaires pour 250 salariés, dont quelque 180 à Fontenay-aux-Roses. "Si nous sommes implantés ici, c'est que le secteur électrique pèse beaucoup dans l'activité économique française, assure Christophe Richard, directeur général du LCIE. Notamment avec Seb, Schneider, Legrand, Nexans."

Filiale du groupe Wendel et numéro deux mondial de la certification et de l'évaluation de la conformité, Bureau Veritas emploie 62 000 salariés à travers le monde et réalise 3,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires, dont 663 millions en France.

Simuler les conditions extrêmes

"Cette machine peut descendre jusqu'à -30 degrés Celsius et monter jusqu'à 50." Dans une pièce du sous-sol du LCIE, un technicien ouvre deux portes blindées grises d'une enceinte climatique aussi grande qu'un container. Deux rangées de lampes inclinées à 45 degrés emplissent la moitié des 30 mètres cubes de la cabine. "Elles simulent le plein soleil et atteignent une puissance de 1100 watts par mètres carrés, poursuit le technicien. Elle reproduisent des zones très ensoleillées du globe." Grâce à cet équipement, le LCIE mesure les effets du soleil et des températures sur les appareils électriques.

Une enceinte climatique plus petite bourdonne dans un coin de la pièce. L'appareil qui s'y trouve subit depuis une semaine une chaleur continue à 100 degrés. Un calvaire qui se finira deux semaines plus tard. "Pour des pièces aéronautiques, on doit simuler des environnement extrêmes", précise le technicien. Les enceintes climatiques peuvent également reproduire les pressions, la pluie, le brouillard, le sel, toutes les conditions auxquelles peuvent être exposées des appareils électriques et électroniques.

Ondes et électricité

Au rez-de-chaussée du bâtiment, dans la chambre anéchoïde du LCIE, l'atmosphère de la salle est oppressante. Des centaines de pyramides bleues en mousse absorbante de carbone recouvrent les murs et le plafond. Un silence total. Ici, le LCIE réalise des tests de compatibilité électromagnétique (CEM). En plein centre de la salle, une large antenne radioélectrique mesure les ondes diffusées par des appareils afin d'analyser s'ils perturbent leur environnement électromagnétique. A contrario, elle détermine si l'appareil est immunisé contre les perturbations en le mitraillant d'ondes. Le cobaye, éclairé par la lumière pâle des deux projecteurs de la salle, trône sur une table fixée à une plate-forme pivotante. Il s'agit d'un un appareil de télécommunication pour l'aéronautique. Philippe Sissoko, responsable des départements Electronique, médical, télécoms, transport, aéronautique et défense du LCIE, n'en dira pas plus : "Nous testons des produits confidentiels qui ne sont pas encore sur le marché. Et parfois, du matériel militaire."

Dans une pièce située à proximité, le cobaye subit des essais d'électricité. Branché à l'un des sept transformateurs qui permettent de réaliser des tests d'ampérage différents, il endure une décharge de 16 000 volts. "Il faut simuler les perturbations et les variations qui arrivent sur un réseau électrique et notamment la foudre", explique Philippe Sissoko. "On les appelle les engins de torture", glisse-t-il. S'il ressort entier du LCIE, le cobaye pourra supporter les conditions les plus extrêmes.

Timothée L’Angevin

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