Tout juste créé, le fonds de capital-risque de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi a déjà réalisé sa première opération : c’est la start-up américaine Ionic Materials, spécialisée dans la recherche autour des batteries solides – une "idée prometteuse", aux yeux de l’entité franco-japonaise – qui en sera la bénéficiaire. Présent au CES de Las Vegas, le président-directeur général de l’Alliance, Carlos Ghosn, a officialisé la naissance de cette structure, dans laquelle il voit en particulier un moyen de "soutenir les efforts de l’Alliance autour des services de mobilité".
"Cette structure portera un intérêt clair sur les innovations en termes de nouvelles mobilités. Car, si nous continuerons à vendre des véhicules pour répondre notamment aux besoins des pays émergents, les services, relatifs en particulier à la mobilité urbaine, constitueront à l’avenir une véritable source d’opportunités", a détaillé le PDG de l’Alliance. Souhaitant "répondre à cette évolution", les trois constructeurs comptent donc sur cette nouvelle structure pour "chercher des start-up qui fournissent une technologie ou un service unique, ou que l’Alliance ne serait pas capable de développer avec le même succès", a précisé Carlos Ghosn.
Le fonds, financé à 80% par Renault et Nissan et à 20% par Mitsubishi, devrait investir au cours de la première année 200 millions de dollars – autour de 167 millions d’euros – pour monter potentiellement à un milliard de dollars – plus de 800 millions d’euros – sur les cinq années à venir. "C’est ce que nous investirons si nous identifions de bonnes opportunités", estime Carlos Ghosn. Des opportunités qui doivent profiter aux trois constructeurs de l’Alliance, a martelé son PDG. Une démarche en phase avec les volontés de synergies croissantes. L’Alliance a annoncé souhaiter doubler le montant des synergies annuelles entre ses trois membres pour atteindre 10 milliards d’euros à la fin 2022.
Un fonds qui se veut agile
Pour identifier les bonnes start-up, le fonds sera établi au cœur des écosystèmes, au sein de la Silicon Valley américaine, à Tel Aviv en Israël, à Pékin en Chine ou encore à Paris. Il sera aussi doté de sa "propre gouvernance", souligne son directeur, François Dossa. Après avoir passé plusieurs années dans le domaine de la finance, l’homme a occupé le poste de PDG de Nissan au Brésil. C’est lui qui aura la charge de faire de cette structure un instrument "capable de prendre des décisions rapides et d’apporter des réponses qui le seront autant aux start-up", à rebours de la traditionnelle "lenteur des grosses entreprises", selon ses propres termes.
Au total, l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi rejoint la (longue) liste de constructeurs automobiles ayant déployé un fonds de capital-risque. BMW s’est ainsi doté d’un fonds 500 millions d’euros, un record à l’heure actuelle, afin de prendre des participations dans des spécialistes de la voiture autonome ou du covoiturage. En France, PSA a aussi créé un fonds de 100 millions d’euros.