Ce qui est bon pour GM...
L'actualité est pleine d'imprévus. C'est même ce qui constitue son essence. Et ce qui la rend passionnante. Depuis deux mois, notre pays baigne dans l'autodénigrement. Il doute de ses capacités de succès. Il ne croit plus à ses coachs. Il s'interroge sur la qualité de ses acteurs. Sur l'âge du capitaine. Sur la valeur de l'argent rapidement gagné. Et voilà que nous viennent d'ailleurs de bonnes nouvelles sur nous-mêmes. Je parle, bien sûr, de l'actualité économique. General Motors, exsangue, appelle à la rescousse Renault-Nissan. Et, plus encore, son patron charismatique et multiculturel. Pourquoi ? Carlos Ghosn a réussi une alliance inédite. Dans sa forme : une interdépendance sans impérialisme. Et dans son objet : une fusion européo-japonaise. Voilà le dirigeant de l'ancienne vitrine sociale française - Renault a failli en mourir - en futur sauveur d'un groupe miné par ses retraites. Bien sûr, nous n'en sommes qu'aux prémisses des discussions. Et toute aventure américaine - Renault l'a payé cher - est pleine de risques. Le redressement de GM sera long. Mais ne gâchons pas notre plaisir. Alors qu'il est si facile de critiquer les patrons français - qui, il faut le dire, y mettent un peu du leur, parfois ! - l'offre faite à Renault est un hommage à l'ensemble du groupe et au management européen. « Ce qui est bon pour General Motors est bon pour l'Amérique », a dit Charles Wilson, patron de GM dans les années 1950. Renault-Nissan sera-t-il bon pour l'Amérique ?
Par Olivier Jay, rédacteur en chef