Carlos Tavares dément toute triche sur les moteurs PSA et s’interroge sur l’électrique
Au Salon automobile de Francfort, Carlos Tavares était présent sur le stand d'Opel. Le patron de PSA a démenti les accusations de la répression des fraudes publiées par Le Monde.
Pour rencontrer Carlos Tavares, le patron du groupe français PSA au salon automobile de Francfort (Allemagne), il fallait penser évidemment à regarder du côté du stand de l’unique marque française représentée, Citroën, mais aussi vers l’emplacement dédié à la nouvelle propriété du groupe tricolore, Opel. L’occasion pour le dirigeant de faire le point sur le constructeur allemand, dont le rachat par PSA a été consacré le 1er août. Interrogé à deux jours de l’ouverture au public du salon de l’automobile, Carlos Tavares a notamment indiqué avoir observé "des écarts particulièrement significatifs" entre PSA et Opel, et évoqué un déficit de compétitivité du côté du second.
En matière de performances des sites industriels, le patron de PSA a également noté "la plus grande productivité et efficience des usines de PSA" par rapport à celles de la marque à l’Eclair. Mais Carlos Tavares s’est montré confiant dans la capacité d’Opel à relever les défis qui se présentent, prenant appui sur le passé de PSA, qui s’est redressé en 2014 après avoir vu planer le spectre d’une faillite. "J’ai l’impression de faire face à une situation semblable à celle d’il y a quatre ans chez PSA, a-t-il ainsi expliqué devant un parterre de journalistes. Mais la réaction des équipes d’Opel est très engageante. Si le groupe PSA a su se sortir de la situation dans laquelle il se trouvait, ils considèrent qu’ils sont capables de faire la même chose pour leur marque. Reste désormais à améliorer l’efficience des usines, la compétitivité des modèles afin de parvenir à un tout plus durable".
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"Aucune triche" chez PSA
Pour l’heure, PSA s’attache plutôt à démentir le contenu de l’article publié par Le Monde, selon lequel la répression des fraudes accuse le groupe tricolore d’avoir mis en place une "stratégie globale visant à fabriquer des moteurs frauduleux, puis à les commercialiser". Des soupçons fermement démentis par Carlos Tavares, qui estime qu’il "n’y a eu aucune triche sur les moteurs" de PSA et rejette en bloc toute comparaison avec les pratiques de Volkswagen révélées en 2015. Le responsable du fabricant français en veut pour preuve le rapport publié par l’IFPEN, "mandaté par la Commission Royal et non par PSA" - insiste-t-il – qui avait exempté l’entreprise. "Les résultats scientifiques de l’IFPEN concluent à la conformité de nos moteurs", s’insurge Carlos Tavares, pour qui il y a en fait eu "confusion entre un rapport administratif et des conclusions scientifiques".
Au sein du groupe, on prend bien soin de rappeler que PSA a été le premier à avoir adopté la technologie SCR pour assurer le traitement des émissions polluantes des véhicules, et ce, dès 2013, soit "avant tout le monde". Une façon d’essayer d’éteindre l’incendie qui ravage les ventes de diesel depuis l’éclatement du scandale des moteurs truqués de Volkswagen. Un scandale qui porte préjudice à PSA, qui a basé son image de constructeur "propre" en particulier sur les performances de ses blocs diesel. Face au scandale, le constructeur tricolore se voit donc obligé d’électrifier rapidement ses gammes, notamment face à l'assaut de certains nouveaux entrants comme Tesla, d'acteurs traditionnels convaincus du potentiel de l'électrique comme Renault ou des Chinois, en pointe dans leur pays et qui voudraient sans doute grapiller des parts de marché en Europe. "50% de notre offre sera électrifiée d’ici 2020, veut rassurer Carlos Tavares. Et en 2023, cette proportion atteindra 80%".
Mise en garde sur l’électrique
Pour autant, le patron de PSA refuse de partager une vision enchantée de l’électrique. "Il faut embrasser une vision globale sur le plan du véhicule électrique, martèle Carlos Tavares. Et de prendre en compte la question de la production d’électricité, celle du recyclage des batteries ou encore les problématiques relatives aux terres rares, indispensables à la production des batteries". Et de fustiger au passage l’implication de certains Etats, surtout en Europe, dans le passage à des motorisations électriques : "Certains gouvernements prennent la décision d’interdire les moteurs à combustion interne. Mais ce passage d’un choix technologique neutre à une configuration dans laquelle les gouvernements sélectionnent la technologie à adopter suppose de s’interroger notamment sur la façon dont sera réalisée la transition vers ladite technologie. Deux options s’offrent: soit accompagner les entreprises grâce à des aides, soit les laisser en porter le poids, ce qui rognera les marges des entreprises", tacle Carlos Tavares.
Une problématique relative aux marges des constructeurs qui agite le secteur tout entier, à l’image de Daimler. Son directeur financier Frank Lindenberg a estimé que la marge dégagée sur certains véhicules électriques par rapport à leur équivalent thermique pourrait être ainsi "jusqu’à deux moins importante". Au salon de Francfort, les annonces sur les véhicules électriques se mêlent à de nombreuses interrogations.
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