Bouteilles plastique : comment atteindre 90 % de collecte
Consigne ou pas consigne pour les bouteilles en PET ? Une étude de l’Ademe dévoile de premières conclusions pour une décision qui ne sera prise qu’en 2023.
Atteindre en 2029 un taux de 90 % de collecte des bouteilles en plastique en France, comme l’impose l’Europe. C’est possible avec ou sans consigne, assure l’Ademe dans une étude sur le sujet que la rédaction de Plastiques & Caoutchoucs Magazine s’est procurée et qui devrait être bientôt rendue publique.
Mais, dans les deux cas, avec des coûts appelés à être quasiment multipliés par deux par rapport aux dispositifs déjà en place, et, la nécessité, avant toute prise de décision, d’approfondir l’analyse des modalités concrètes de déploiement ainsi que des impacts environnementaux associés. Rappelons que les pouvoirs publics, après moult polémiques lors de l’examen de la loi Agec , se sont laissés jusqu’en 2023 pour juger de l’opportunité de la mise en place d’un système de consigne si les autres dispositifs ne suffisent pas à atteindre les objectifs fixés.
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Nombreux scénarios
L’Ademe a élaboré plusieurs scénarios associant dispositifs complémentaires de consignes mixtes (c’est à dire pour recyclage et pour réemploi) et de collecte sélective. Leurs impacts ont ensuite été comparés à des systèmes sans consigne impliquant « la mise en œuvre différenciée de 11 leviers d’amélioration de la collecte séparée pour recyclage de l’ensemble des emballages ménagers et assimilés (légers et en verre) ».
Parmi eux : la tarification incitative, le tri à la source des biodéchets, l’extension des consignes de tri à tous les emballages, l’application du décret 5 flux, le renforcement des contrôles ou de la communication sur le geste de tri, de la collecte hors domicile ou encore des systèmes avec gratification.
Pour atteindre les 90 % de collecte en 2029, il faut, estiment les auteurs de l’étude, soit :
instaurer une consigne pour recyclage correctement dimensionnée, notamment en termes de moyens de reprise et, sujet épineux, de montants de la consigne, et incluant a minima dans son périmètre « l’ensemble des formats et modes de consommation de bouteilles en PET clair et foncé ».
mettre en place, de manière « ambitieuse et effective » l’ensemble des leviers évoqués plus haut pour améliorer la performance de collecte au domicile, hors-foyer et au sein des établissements publics et privés.
Consigne mixte
L’étude apporte cependant des éléments sur la consigne mixte, système envisagé par la loi Agec et qui présente l’avantage d’associer recyclage et réemploi ainsi que collecte du verre.
Législations européennes et hexagonales demandent en effet une diminution de 50 % d’ici à 2030 du nombre de bouteilles en plastique à usage unique pour boisson mises sur le marché. La consigne mixte constituerait, pour l’Agence de la transition écologique, « une opportunité pour développer le réemploi » dans le pays.
Les synergies opérationnelles sont pourtant faibles, estime l’étude, entre consignes pour recyclage et pour réemploi, que ce soit pour le verre ou le PET. Seuls le lieu de reprise et l’organisme de gestion pouvant donner lieu à mutualisation.
« La plus-value d’une reprise mixte réside ainsi principalement dans une plus forte coordination des dispositifs, permettant notamment de faciliter la gestion du dispositif à un niveau national (suivi, administration ou communication) », est-il indiqué. Les coûts unitaire sont en outre plus importants du fait de la logistique (transport, tri par format, contrôle, lavage…) que le tri pour recyclage.
Par ailleurs, l’estimation précise de la valeur, une fois lavée, d’une bouteille réemployable en PET, comme celles utilisées en Allemagne par exemple, reste à préciser via de nouvelles études. Et il en est de même quant au bilan carbone des différents scénarios de consigne pour réemploi des bouteilles en PET.
Investigations complémentaires
« En cas de mise en place de la consigne mixte, les choix à opérer conditionneront significativement les impacts en termes de performances, de coûts et d’incidences environnementales, mais aussi les répercussions sur les différents acteurs de la chaîne de valeur et les consommateurs.
Ces éléments illustrent toute la nécessité de mener des investigations complémentaires pour alimenter avec pertinence cette prise de décision (...) », notent les auteurs. Des choix qui devront prendre en compte les modalités opérationnelles et financières à déployer, une analyse territorialisée, une analyse des risques et un calendrier précis de mise en œuvre.
Le sujet n’est pas simple, de l’aveu même des auteurs de l’étude. L’exercice est même jugé « particulièrement complexe au regard de la diversité des problématiques et possibilités, et de l’absence de retour d’expérience directement applicable à la France ».
De nombreux autres travaux sont ainsi à prévoir pour alimenter la décision politique de 2023, comme une étude des possibilités concrètes du développement du réemploi pour les boissons, une analyse technico-économique de systèmes de collecte « intelligents », une évaluation de l’impact économique du déploiement de la consigne et des mécanismes de son financement ou encore des conséquences sur les modes de consommation et les gestes de l’usager.