Borealis veut doubler ses capacités d'ici à 2020
Le groupe vise la place de n°2 européen des engrais et des capacités de 10 Mt/an en 2020. Après plusieurs acquisitions, en France notamment, ces deux dernières années, il n'est qu'à mi-chemin de cet objectif. En attendant de nouvelles transactions, Borealis investit sur ses sites existants, comme en Alsace dans l'usine PEC-Rhin.
Se revendiquant déjà n°1 des engrais en Europe centrale et de l'Est, Borealis veut aller plus loin. En 2020, son objectif est d'atteindre la place de n°2 du secteur dans toute l'Europe, derrière le puissant Norvégien Yara. En termes de capacités, et sur la même période de développement, le groupe vise ni plus ni moins le doublement de ce qu'il détient aujourd'hui. Soit passer de 5 à 10 millions de tonnes par an. Un objectif qui s'accomplira essentiellement par croissance externe. « Aucun complexe d'engrais n'a été construit en Europe depuis des années, il est évident que l'on procédera par acquisitions », indique Simon Jones vice-président Business development, sous-entendant que le secteur est déjà fortement concurrentiel.
Géographiquement, l'Europe est plutôt ciblée, en particulier l'Europe de l'Est, mais le groupe ne s'interdit pas d'étudier des opportunités ailleurs dans le monde. Spécialiste des polyoléfines depuis sa création en 1994 avec la fusion des actifs de Statoil et de Neste, Borealis a depuis peu amorcé une stratégie très forte dans le domaine des engrais. En 1994, le pétrolier autrichien OMV, qui détient 36 % de son capital, aux côtés d'International Petroleum Investment Company (IPIC, Abu Dhabi, 64 %), avait versé au sein de Borealis son gigantesque site d'engrais de Linz (Autriche). Tout en entretenant cet héritage, Borealis semblait surtout concentré, ces vingt dernières années, sur la pétrochimie. Toutefois, « après une période récente d'observation de trois-quatre ans, nous nous sommes rendu compte que cette activité engrais était très profitable, qu'y investir était donc une bonne idée pour diversifier nos activités », explique Louis Desal, vice-président des Opérations chimie de base de Borealis. De fait, depuis deux ans, le groupe s'est montré particulièrement actif sur ce nouveau front avec l'acquisition de GPN, leader français des engrais azotés, et du Belge Rosier, cette année, et après l'acquisition début 2012, de PEC-Rhin, l'ex-coentreprise entre GPN et BASF implantée à Ottmarsheim, dans le Haut-Rhin.
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Phosphate diammonique (DAP)
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Janvier 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
Une enveloppe d'investissements de 341 millions d'euros
En attendant de futures acquisitions pour atteindre les 10 Mt/an de capacités d'engrais, Borealis investit aujourd'hui dans ses sites existants. Avec la ferme volonté d'avoir des usines exploitées au maximum de leurs capacités. Au total, pour la période 2012-2015, il a engagé 341 millions d'euros sur ses sites, principalement pour la modernisation et l'amélioration de la fiabilité, des procédés et de la sécurité des actifs. Cette somme se répartit entre 145 M€ pour le complexe autrichien de Linz, 125 M€ pour les anciens sites GPN de Grand-Quevilly (Seine-Maritime) et de Grandpuits (Seine-et-Marne), et 71 M€ pour celui de PEC-Rhin à Ottmarsheim (Haut-Rhin).
Cette enveloppe, prévue pour la période 2012-2015, doit notamment permettre d'augmenter les capacités du site alsacien. Borealis s'est fixé un objectif de 340 000 t/an d'engrais en 2015 pour l'usine alors que la production atteignait 240 000 t/an lors de l'acquisition. En 2012, les volumes ont déjà atteint 310 000 t, ce qui marque un record de production sur les 16 dernières années d'exploitation. Et la prévision s'établit à 320 000 t pour cette année. Ces augmentations capacitaires passent avant tout par l'amélioration de la fiabilité et de la productivité des actifs, avec une meilleure gestion et fluidité des unités de production. Au sein de l'usine, les efforts ont porté pour l'heure sur l'ingénierie, la fabrication et la logistique, avec notamment un espace de stockage doublé pour les productions d'ammonitrates via le reconditionnement du hangar de stockage autrefois utilisé pour les composés NPK (l'unité NPK existe toujours sur le site mais est maintenue depuis plusieurs années sous cocon). « Nous réorganisons actuellement la maintenance », précise Johan Van Grootel, p-dg de Borealis PEC-Rhin. En termes d'effectifs, quelques postes, de l'ordre d'une dizaine, ont été créés depuis l'acquisition, et quelques autres seront créés sur ce site alsacien qui atteint aujourd'hui les 183 salariés. Si Borealis Ottmarsheim est le plus petit site d'engrais dans le périmètre du groupe aujourd'hui, il est considéré « d'une grande valeur ». En premier lieu car il dispose d'une situation logistique unique. D'une part, avec l'accès immédiat aux grands axes et réseaux routiers performants de Suisse, d'Allemagne et de France. D'autre part, avec la proximité immédiate du canal du Rhin et l'accès au grand réseau fluvial d'Europe centrale, ce qui permet de servir de grands marchés jusqu'aux confins de l'Europe de l'Est. Sans compter son accès aux réseaux ferroviaires. Le site pourrait aussi s'étendre. « On pourrait y ajouter d'autres choses », affirme ainsi Simon Jones, précisant toutefois qu'aucun projet n'est aujourd'hui clairement sur la table.