Boeing veut réduire la portée et la durée de certains essais

par Eric M. Johnson
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Boeing veut réduire la portée et la durée de certains essais
Les ingénieurs de Boeing réduisent la portée et la durée de certains tests physiques coûteux utilisés pour certifier le nouvel appareil de l'avionneur, selon des sources industrielles et régulatoires. /Photo d'archives/REUTERS/Paulo Whitaker

PARIS (Reuters) - Les ingénieurs de Boeing réduisent la portée et la durée de certains tests physiques coûteux utilisés pour certifier le nouvel appareil de l'avionneur, selon des sources industrielles et régulatoires.

Cette stratégie pourrait toutefois être compromise si les régulateurs et les législateurs américains qui enquêtent sur deux crashs meurtriers de Boeing exigeaient des tests de sécurité encore plus rigoureux avant de certifier les nouveaux appareils.

Alors que Boeing entame le processus d'essais en vol de son nouveau 777X, ses ingénieurs vont réduire la durée de ces essais en utilisant des modèles informatiques pour simuler les conditions de vol puis présenter les résultats à la Federal Aviation Administration (FAA) des États-Unis, selon deux personnes ayant une connaissance directe de cette stratégie.

Reuters n'a pas pu déterminer quand Boeing a décidé d'accélérer les tests physiques ni dans quelle mesure il prévoyait de les réduire pour le 777X.

Pour le futur avion de ligne bimoteur de Boeing, connu en interne sous le nom de NMA, l'équipe de tests et d'évaluations de l'avionneur développe une technologie pour remplacer par de la modélisation informatique des tests physiques coûteux et exigeants en main-d'œuvre utilisés pendant des décennies - tels que l'utilisation de machines pour courber les ailes à des angles extrêmes et faire vibrer le fuselage -, selon trois personnes au fait du dossier, y compris un officiel de la FAA.

Ce travail en est à la phase conceptuelle pour le NMA bien que l'objectif de Boeing soit d'étendre la "certification par analyse" aussi "largement que possible" pour réduire les coûts de développement, a déclaré l'une des sources à Reuters. Cela améliorerait l'équilibre commercial du NMA, qui serait le premier avion entièrement développé à l'ère numérique.

Un porte-parole de Boeing, Paul Bergman, a refusé de commenter la stratégie de test de la société pour le 777X ou le NMA mais a déclaré que l'avionneur "examinait de manière globale (ses) processus de conception et de certification" à la suite des accidents du 737 MAX en Ethiopie et en Indonésie, qui ont tué 346 personnes.

DES TESTS PHYSIQUES JUGÉS "REDONDANTS"

"Cela comprend la participation à des revues gouvernementales indépendantes en cours et la création d'un nouveau comité du conseil chargé d'examiner nos processus de conception et de certification de bout en bout", a-t-il ajouté.

Prié de dire si la FAA permettrait à Boeing d'éliminer une série de tests physiques pour le NMA et 777X, un porte-parole de l'agence gouvernementale, Lynn Lunsford, a déclaré qu'elle prenait ses décisions "au cas par cas, en s'appuyant sur des données et des décennies d'expérience en matière de certification d'appareils".

Les réglementations en vigueur permettent aux constructeurs de recourir à des tests et des analyses physiques pour démontrer la conformité de leurs appareils.

Comme le MAX, le NMA et le 777X - que Boeing a l'intention de livrer en 2020 - sont au coeur du duel entre Boeing et Airbus SE et vont influencer la façon dont l'américain fabriquera et certifiera un éventuel remplaçant au 737 MAX.

La vitesse de fabrication et les coûts des nouveaux avions livrés aux clients sont essentiels pour les résultats de Boeing mais également pour le budget du Congrès américain.

En février 2018, le directeur général de Boeing, Dennis Muilenburg, a vanté les efforts de la société pour "rationaliser les certifications" lors d'une conférence de l'industrie, affirmant qu'il s'agissait d'un "élément que (le groupe souhaite) maintenir à la pointe de la technologie".

Bien que Boeing ait refusé de préciser ce que Dennis Muilenburg entendait par "rationalisation", des personnes au fait du sujet ont indiqué que cela impliquait de faire pression pour une surveillance directe plus limitée de la FAA et d'élargir l'utilisation de l'analyse numérique pour remplacer des tests physiques plus coûteux.

À l'instar de Boeing, Airbus - qui ne s'est pas exprimé - et d'autres poids lourds de l'industrie veulent faire un bond technologique en matière d'ingénierie informatisée et d'outils permettant de faire le lien entre le monde réel et le virtuel et d'améliorer la productivité des usines.

Selon cinq sources au courant du sujet, Boeing estime que les nouvelles technologies et des décennies d'expérience en matière de tests ont rendu certains tests physiques redondants.

La stratégie visant à rationaliser les certifications d'avions risque cependant de se heurter à des obstacles dans les mois à venir alors que la FAA et d'autres régulateurs mondiaux cherchent à savoir si les processus de Boeing sont défectueux et que l'avionneur basé à Chicago veut rassurer le public sur la sécurité de ses avions.

La FAA a refusé de spéculer sur d'éventuelles modifications de la certification post-analyse mais a déclaré qu'elle tiendrait compte de "toutes les recommandations susceptibles d'améliorer le processus".

L'examen interne de Boeing n'a révélé aucun élément qui l'ait amené à modifier son approche en matière de certification, ont déclaré ces dernières semaines aux journalistes Dennis Muilenburg et Greg Smith, directeur financier de Boeing.

(avec Tim Hepher à Paris et David Shepardson à Washington, Benjamin Mallet pour les service français, édité par)

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