Le dauphin arrive bien sur le trône. Mais Dennis Muilenburg n’a rien d’un héritier indolent. Celui qui devient le 1er juillet, à 51 ans, le dixième pdg de Boeing est entré dans le groupe aéronautique en 1985 en tant que stagiaire.
Le "rêve américain" à l’état pur, qui permet à un jeune intrépide de gravir un à un les échelons jusqu’au sommet. Rarissime en France. La nomination était attendue : lorsque Jim McNerney, le pdg sortant, le nomme vice-président en 2013, autrement dit Pdg adjoint, il a bien en tête de propulser Dennis Muilenburg au sommet.
Le nouveau pdg n’était pourtant pas le seul prétendant. Ray Conner, 60 ans, à la tête de la prestigieuse division Aviation commerciale – 60 milliards de dollars de chiffre d’affaires – et également vice-président, faisait partie de la "short-list". Ce dernier restera au premier plan, dans la mesure où Dennis Muilenburg, qui a dirigé la division Défense, espace et sécurité de 2009 à 2013, devra mener à bien l’un des principaux chantiers de Boeing : assurer la forte hausse des cadences de production des programmes civils de Boeing.
Chez Boeing, on aime à le rappeler : si le match des commandes avec l’européen Airbus émoustille les médias, le niveau des livraisons est force de loi. C’est à la réception des appareils que les compagnies aériennes déboursent environ 70% du montant de la transaction. Ce sont les livraisons qui génèrent du chiffre d’affaires, et qui accroissent la profitabilité.
Et à ce petit jeu, Boeing mène la danse depuis 2012. Et il a même creusé l’écart en 2014, avec 723 livraisons contre 629 pour Airbus. Ce qui explique en partie la marge plus forte de Boeing (environ 10%) comparée à celle d'Airbus (6%). L’objectif de Boeing étant de livrer jusqu'à 755 appareils en 2015, Dennis Muilenburg mettra sa longue expérience à profit pour augmenter les cadences de production.
McNerney restera au conseil d'administration
Dans le détail, Boeing compte faire passer les cadences du 787 Dreamliner de dix appareils par mois, à douze en 2016 et quatorze avant 2020. Les difficultés techniques que ce programme a connues semblent derrière lui : 285 appareils ont été livrés, 1105 commandes ont été passées au total, et l’équilibre financier devrait être atteint cette année. La plus forte hausse se trouve du côté du 737 MAX, le monocouloir qui affronte l’A320neo. Les cadences vont devoir passer de 42 appareils produits chaque mois, à 47 en 2017 puis 52 en 2018. Quant au 767, la cadence va augmenter de 1,5 à 2 avions par mois dans le courant de l’année 2016.
Le panier Dennis Muilenburg est bien garni : Boeing accumule 5700 appareils commerciaux à produire. Ce titulaire d'une licence en génie aérospatial de l’Université de l’Iowa et d’un master en aéronautique et astronautique de l'Université de Washington, pourra toujours compter sur Jim McNerney qui continuera de présider le Conseil d'administration de Boeing (il l’avait rejoint en 2001). Et s’appuyer sur la croissance solide du groupe de Seattle. Le chiffre d’affaires de Boeing a progressé de 73% ces dix dernières années, avec des ventes record de 90,8 milliards de dollars enregistrées en 2014.
Olivier James