Boeing et Airbus s’écharpent à l’OMC, la Chine et la Russie se frottent les mains
L’organisation mondiale du commerce (OMC) vient d’émettre un avis favorable à Boeing dans le différend commercial qui l’oppose à Airbus. Airbus appelle à des négociations pour trouver un accord concernant les règles de soutien au secteur aéronautique.
Enième rebondissement dans le conflit commercial qui oppose Airbus et Boeing depuis plus de dix ans. L’organisation mondiale du commerce (OMC) a viré sa cuti lundi 4 septembre et pris faits et causes pour Boeing. Son organe d’appel est revenu sur une décision prise en novembre dernier sur le caractère illégale d’une partie des subventions octroyées par l’état de Washington à l’avionneur américain pour son 777X.
"La décision de l’organe d’appel constitue une défaite retentissante contre les efforts déployés par l’UE pour justifier les subventions illégales versées à Airbus", assène Boeing dans son communiqué de presse. Le litige entre les deux avionneurs, engagé depuis 2004, s’effectue en effet à l’échelle étatique, opposant les Etats-Unis et l’Union européenne. Derrière la bataille juridique interminable des deux industriels, c’est le soutien des Etats à leurs secteurs clés qui est en jeu. Et l’aéronautique est tout particulièrement concerné : chaque lancement d’un nouvel avion civil nécessite au moins 10 milliards d’euros d’investissement, bien davantage dans le militaire. Difficile à prendre en charge pour un seul industriel.
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Airbus appelle à des négociations
Comme à chaque nouvel épisode de ce différend commerical, Airbus a dégainé son communiqué quelques minutes après celui de Boeing. "Au total, en combinant les différentes décisions de l'OMC portant sur les subventions illégales à Boeing, l'impact total des subventions est estimé à plus de 100 milliards de dollars de ventes perdues pour Airbus", argue l’avionneur européen qui avait déjà évalué à 8,7 milliards de dollars le montant total des aides publiques accordées au 777X. Côté Boeing, on estime qu’Airbus a bénéficié de 22 milliards de dollars de subventions de différents gouvernements européens…
Le conflit semble sans issu. "Nous demandons à rouvrir les négociations internationales entre les états pour parvenir à un accord global concernant les règles de soutien au secteur aéronautique, déclare un porte-parole d’Airbus. Nous devons nous remettre autour de la table". Rappel historique : les Etats-Unis et l’Union européenne avaient établis en 1992 des accords bilatéraux visant à trouver un point d’accord entre les aides du gouvernement américain et les conditions des prêts remboursables accordée aux acteurs européens. Un accord qui aura tenu moins de vingt ans…
Mauvais calculs pour les deux avionneurs. Tandis qu’ils se battent par équipes d’avocats interposées, d’autres industriels aéronautiques montent en puissance. Poussés par des états moins scrupuleux en matière d’aides et de subventions. Entre le chinois Comac, le russe UAC (Irkut, Soukhoï…) et même le canadien Bombardier, tous doivent en grande partie leurs avancées industrielles à un important soutien de la part des pouvoirs publics. Si Boeing a porté plainte contre Bombardier, on l’imagine mal – tout comme Airbus – vouloir se frotter à Comac alors que la Chine représente l’un des principaux marchés du secteur aéronautique pour les vingt années à venir.
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