Berlin veut Sabine Lautenschläger au directoire de la BCE
par Annika Breidthardt et Andreas Rinke
BERLIN (Reuters) - L'Allemagne va proposer la candidature de Sabine Lautenschläger, vice-présidente de la Bundesbank, au directoire de la Banque centrale européenne en remplacement de Jörg Asmussen, démissionnaire, a-t-on appris mardi de deux sources proches du dossier.
Jörg Asmussen a annoncé dimanche son entrée dans le gouvernement de coalition d'Angela Merkel au poste de secrétaire d'Etat au Travail, ce qui l'amènera à quitter la BCE.
Âgée de 49 ans, Sabine Lautenschläger a travaillé à la BaFin, l'autorité allemande de supervision financière, avant de rejoindre la Bundesbank en 2011.
Le remplacement de Jörg Asmussen intervient au moment où la BCE semble avoir atteint les limites de ses politiques d'interventions conventionnelles et pourrait devoir explorer d'autres voies.
On sait pour l'heure peu de choses des opinions de Sabine Lautenschläger en matière de politique monétaire mais son curriculum vitae montre qu'elle possède une solide expérience en matière de supervision bancaire héritée notamment de son passage à la BaFin.
Elle fait d'ailleurs partie de ceux qui s'étaient alarmés d'un possible conflit d'intérêt entre les fonctions monétaires et de supervision de la BCE. Elle s'est également érigée contre l'idée de traiter la dette souveraine comme un actif sans risque dans les bilans des banques.
Avec cette expertise, elle a toutes les chances de devenir la représentante du directoire au nouveau Mécanisme de supervision unique (MSU) et d'en briguer la vice-présidence, ce qui lui octroierait des prérogatives de taille puisque la BCE a le pouvoir de bloquer des décisions du MSU, un des piliers de la future union bancaire.
Yves Mersch, Vitor Constancio et Peter Praet sont eux aussi candidats à cette fonction.
Lors de son passage au directoire, Jörg Asmussen a passé le plus clair de son temps à gérer les relations internationales de la BCE, une attribution dont pourraient hériter Yves Mersch ou Benoît Coeuré.
UNE LONGUEUR D'AVANCE
Avant de pouvoir siéger au directoire de la BCE, où elle serait la seule femme, Sabine Lautenschläger devra se conformer à un certain nombre de formalités. Elle devra en premier lieu être confirmée par Berlin en tant que candidate, ce qui devrait intervenir dans le courant de la journée de mardi, avant que son nom soit soumis au ministres des Finances de l'Union européenne.
La BCE sera ensuite sollicitée pour qu'elle donne son avis, avant que le Parlement européen se prononce à son tour, même s'il n'a aucun droit de veto. Il organisera pour cela une audition avec son comité des affaires économiques et monétaires.
Le dernier mot reviendra au Conseil de l'Union européenne, au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement.
Le fait que Sabine Lautenschläger soit une femme lui confère une longueur d'avance sur ses adversaires potentiels lorsque les candidats se présenteront devant le Parlement européen. Ce dernier avait un temps bloqué la désignation d'Yves Mersch au directoire, regrettant l'absence de femmes.
En quinze ans d'histoire, le directoire de la BCE n'a accueilli que deux femmes, la Finlandaise Sirkka Hamaleinen et l'Autrichienne Gertrude Tumpel-Gugerell.
Nicolas Delame pour le service français, édité par Véronique Tison