Benoît Hennaut : « La responsabilité sociétale, un véritable levier économique »
Vice-président de Nicoll international, directeur général de Nicoll France et président du Syndicat des tubes et raccords en PVC (STR-PVC), Benoît Hennaut est le nouveau président de la Fédération de la plasturgie et des composites. Retour sur l’entretien qu’il avait accordé en décembre 2017 à la rédaction de Plastiques et Caoutchoucs Magazine sur le thème de la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE).
Qu’est-ce que recouvre et implique une démarche RSE? ?
La RSE constitue un véritable projet ?de transformation de toutes nos ?activités. Un projet qui porte un ?changement en profondeur de notre ?façon de concevoir offres et produits. ?Et qui conduit à comprendre la façon ?dont ces derniers impactent à la fois ?nos clients, leur environnement, ?et toutes les parties prenantes d’un marché. L’objectif est à la fois de concevoir des produits respectueux de l’environnement, en termes de cycle de vie et d’impact carbone, et d’en faire un véritable levier économique. Ce lien direct entre RSE et performance économique est important à mettre en avant. Je ne perçois pas la responsabilité sociétale comme une énième contrainte réglementaire ou normative, avec ses coûts et ses obligations, mais au contraire comme une formidable opportunité de transformation, que ce soit pour les grands groupes comme pour les PME.
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La filière de la plasturgie, justement composée de nombreuses PME, est-elle en retard sur ce sujet? ?
Je ne pense pas que nous soyons en retard, loin de là? ! Au contraire, de nombreux transformateurs ont mis en œuvre des initiatives en matière de réduction des consommations d’énergie ou de recyclage. En tant que Fédération, nous soutenons d’ailleurs l’objectif du gouvernement de 100?% de plastiques recyclés en 2025 et travaillons à accompagner les entreprises et à favoriser l’émergence d’une économie circulaire. Au niveau du Syndicat des tubes et raccords en PVC, nous sommes ainsi en train de lancer une filière de recyclage des canalisations en PVC. Le premier site mis en place avant l’été 2017 avec Pum et Paprec donne des résultats encourageants. Une extension à une dizaine de sites pilotes en France est à l’étude.
Comment votre entreprise Nicoll, s’est-elle saisie du concept de RSE? ?
Nous avons mobilisé nos services R&D et Innovation afin de définir des processus de fabrication et des produits plus respectueux de l’environnement? : plus facilement recyclables, moins gourmands en eau, en énergie ou en ressources… Menée en amont, l’écoconception ne demande pas plus d’investissement financier qu’une démarche classique de conception. Cela permet de boucler la boucle? : des déclarations politiques jusque chez le consommateur final…
Des actions ont-elles également été lancées sur le plan social, volet dont les entreprises se sont peut-être moins saisies? ?
L’environnement constitue en effet aujourd’hui l’axe le plus naturel pour une entreprise. Les démarches de type sociétales sont plus longues à mettre en place. Le secteur de la plasturgie, avec ses métiers parfois très pointus, est très actif en matière de formation, d’accompagnement des écoles pour l’alternance par exemple.
Vous semblez donc plutôt confiant…
Oui, mais attention, toute transformation reste difficile, entraîne des turbulences. Il faut déployer beaucoup d’énergie pour dépasser de vieilles habitudes qui constituent autant d’obstacles. Il faut pousser le sujet sans arrêt, accompagner et faire preuve de pédagogie. C’est un travail de fond colossal…