BCE, dialogue social, neutralité du net : la revue de presse de l'industrie

BCE : un big-bang pour relancer l'économie européenne

"Historique" : le mot figure sur la une de plusieurs de vos quotidiens ce vendredi, pour évoquer la décision de la BCE de racheter 1140 milliards d'euros de dette. Un "coup de maître", s'enthousiasme le quotidien économique Les Echos. "Mario Draghi a parfaitement maîtrisé l’exercice de communication à l’égard des marchés, en évitant le plus gros risque à court terme sur les marchés : la déception", analyse le quotidien.

C'est un "virage historique", souligne Libération, qui rappelle que l'opération vise à endiguer une possible déflation et à stimuler l'économie de la zone euro. Une décision qui fait dire à Laurent Joffrin, rédacteur en chef de Libération, qu'il "y a au moins un banquier intelligent en Europe : Mario Draghi". "Avec un retard scandaleux, la BCE se rend à l'évidence et desserre le carcan qui bridait l'activité sur le continent. Il n'est jamais trop tard pour bien faire", écrit l'éditorialiste.

Interrogé par Le Monde, Jean-Michel Six, économiste en chef de l'agence Standard & Poor's pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique, estime que la BCE s'est engagée dans "un programme très agressif" qui sera au final "bon pour l'économie réelle". "En rachetant de la dette d'Etat, notamment aux banques qui la détiennent, la BCE va leur permettre de nettoyer un peu plus leurs bilans. Là aussi c'est difficile à quantifier mais cela devrait permettre aux organismes financiers d'injecter plus de liquidités dans l'économie et donc profiter à la population. Les gens auront à nouveau la possibilité d'obtenir un crédit pour acheter une maison ou une voiture. C'est bon pour l'économie réelle", juge-t-il.

20 minutes donne la parole à Nathalie Janson, enseignant-chercheur à Neoma Business School, pour qui le coup de bazooka de la BCE n'est pas la bonne solution. Pour elle, "l'urgence est demener les réformes de fond qui s’imposent dans plusieurs pays européens. Notamment en France, où il faut absolument simplifier le droit du travail et remettre à plat la fiscalité".

La culture de la négociation a-t-elle du plomb dans l'aile après l'échec des discussions sur les seuils sociaux ?

La négociation sur la modernisation du dialogue social en entreprise n'a pas abouti, après des semaines de discussions. Un flop qui embarrasse le gouvernement… mais surtout le Medef, juge La Tribune. "C'est essentiellement au sein du Medef qu'il faut chercher les origines de cet échec", analyse Jean-Christophe Chanut. L'organisation patronale a contribué à focaliser les débats sur le CHSCT, en réclamant sa disparition pure et simple, provoquant une levée de boucliers des syndicats. "Le Medef a été trop gourmand au lieu de pratiquer la politique des 'petits pas'. S'il avait lâché un peu de lest, il aurait eu un accord. Pas totalement réjouissant pour l'organisation patronale, certes... Mais il suffisait au Medef d'être un peu patient et de remettre le sujet sur la table dans quelques temps. Il risque d'y avoir du règlement de compte en interne. En attendant , pour l'instant, l'instance du comité d'entreprise est sauvée, ses prérogatives ne seront pas diluées dans un instance unique censée s'occuper de tout. Mais l'histoire n'est pas finie..."

Le PDG de BlackBerry livre sa vision de la neutralité du Net

Le PDG de BlackBerry a envoyé une lettre ouverte au Sénat américain. Un document publié par The Verge et repéré par la version française de Slate. John Chen y résumait sa vision de la neutralité du Net et pourquoi selon lui Apple et Netflix ne suivaient pas ce principe: "Contrairement à BlackBerry qui permet aux utilisateurs d'iPhone de télécharger et d'utiliser notre service BBM (BlackBerry Messenger), Apple ne permet pas aux utilisateurs de BlackBerry ou d'Android de télécharger le iMessage d'Apple. Netflix, qui est un grand défenseur de neutralité du réseau, a discriminé les utilisateurs de BlackBerry en refusant de leur fournir son service de streaming de film. Par conséquent, la neutralité doit s'appliquer aux applications et au contenu si nous voulons vraiment un Internet libre, ouvert et non-discriminatoire. Tous les clients Internet mobile doivent avoir la possibilité d'accéder aux applications et contenus qu'ils veulent, et les fournisseurs de ces applications/contenus ne doivent pas être autorisés à discriminer selon le système d'exploitation".

Suivant ce principe, les fournisseurs de service devraient donc développer des versions pour TOUTES les plates-formes existantes. Une bonne idée, du point de vue du consommateur… mais un casse-tête pour les entreprises.

L'UE va-t-elle forcer les sites internet à lever le secret sur les méthodes de chiffrement

Selon Clubic, qui cite un document publié par Statewatch, une association de protection des droits civils, "Gilles de Kerchove, le coordinateur antiterrorisme de l'Union européenne, souhaite forcer les géants de l'Internet et de la téléphonie à autoriser l'accès des autorités compétentes à leurs clés de chiffremen".

"Il s'agit ainsi pour les forces de l'ordre et les agences de renseignement de pouvoir intercepter certaines communications (e-mails, SMS, chats) afin d'améliorer la lutte contre le terrorisme". Un projet qui risque de susciter une levée de boucliers de la part des acteurs télécoms et d'Internet.

Sylvain Arnulf