BASF, la sécurité en question ?
Après l’explosion, qui a fait deux morts selon un bilan provisoire, vient le temps des explications pour le groupe chimique BASF. Cette année, l’entreprise avait signalé seize incidents sur son site de Ludwigshafen. Aurait-elle sous-estimé la sécurité de son usine ?
Selon un premier bilan, deux pompiers ont perdu la vie dans l’explosion qui s’est produite sur le site de BASF à Ludwigshafen lundi 17 octobre. L’accident a également fait 30 blessés, dont six sont encore en soins intensifs suite à des brûlures sérieuses. Après ce drame vient donc le temps des explications pour le groupe chimique qui emploie 36 000 personnes dans la ville. Lors d’une conférence de presse, Malu Dreyer, la ministre-présidente du Land Rheinland-Pfalz, a exigé que toute la lumière soit faite rapidement sur l’origine du sinistre. "Des travaux sur une canalisation transportant du propylène ont entraîné une explosion, suivie de plusieurs incendies", avance pour l’instant BASF dans un communiqué, sans plus de détails. Selon l’agence de presse allemande DPA, l’entreprise traite chaque année environ 2,6 millions de tonnes de gaz, liquides inflammables et gaz liquéfiés.
Si elle n’avait pas connu d’accident aussi grave depuis des décennies - le dernier remonte à 1948, avec 207 morts et près de 3800 blessés - BASF connaît toutefois plusieurs incidents et fuites chaque année. "Nous signalons aux autorités tous les problèmes qui surviennent, y compris les plus bénins que nous ne sommes pas tenus de mentionner aux autorités. Nous voulons travailler en toute transparence", se défend un porte-parole du groupe. De fait, entre janvier et septembre 2016, 16 incidents majeurs ont été rapportés, soit davantage qu’en 2015 (13 incidents) et 2014 (12). Le 14 septembre ont eu lieu le même jour une fuite de 200 litres de chlorobenzène et une autre de quatre tonnes d’une solution de formaldéhyde. Dans les deux cas, plusieurs employés présents ont été vus par des médecins, sans que cela ne conduise à un arrêt de travail. Un peu plus tôt dans l’année, le 15 juin, une fuite de phosgène, un gaz hautement toxique, sur la nouvelle unité TDI (diisocyanate de toluène), n’a heureusement pas fait de victimes. Mais, la ministre de l’environnement du Land, Ulrike Höfken (Verts), a demandé une inspection de l’usine. Enfin, en mai et en février, la dispersion de composés mélaminés dans le Rhin a été déplorée.
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Des ouvriers inquiets
Face à la multiplication de ces exemples, un article paru en septembre dernier dans le journal local Rheinpfalz soulignait que des ouvriers de l’usine se disaient inquiets sur le mauvais état des installations. En raison d’un programme d’économies, l’entreprise aurait réduit le nombre de modernisations et de mises à niveau. Un reproche balayé de la main par Uwe Liebelt, le directeur du site, toujours cité dans le journal. S’il ne nie pas l’augmentation des incidents en 2016, selon lui, elle ne serait pas due à des négligences. Au contraire. "Nous sommes dans une phase de forts investissements et donc de rodages et de tests sur les installations, ce qui peut conduire à quelques problèmes", justifie-t-il. Ce lundi, il a également reprécisé qu’il n’y avait "aucune relation de causalité entre les événements survenus en 2016 et l’explosion sur le pipeline de propylène".
Mais de manière générale, un rapport du ministère fédéral de l’environnement faisait en septembre 2015 un constat alarmant : sur les 1140 sites classés Seveso en Allemagne (sur un total de 3200 sites chimiques), 60 % ne sont pas inspectés annuellement, comme cela devrait être le cas. 14 % d’entre eux n’avaient pas été inspectés une seule fois en l’espace de trois ans, entre 2012 et 2014. Le pays aurait-il négligé la sécurité de ses sites industriels sensibles ?
Gwénaëlle Deboutte, correspondante à Berlin
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