[Baromètre] En France, une transition écologique à petite vitesse
L’étude réalisée par Infopro Digital Études pour L’Usine Nouvelle et le cabinet Leyton traduisent la volonté encore insuffisante des industriels pour décarboner leurs activités.
Les industriels devront faire beaucoup plus d’efforts que ce qu’ils envisagent dans la transition énergétique et écologique pour réduire drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre et pour préserver la biodiversité. Du moins si l’on se réfère aux réponses publiées dans l’étude « Les enjeux de la transformation technologique, environnementale et sociétale des industries », réalisée par Infopro Digital Études pour L’Usine Nouvelle et le cabinet Leyton.
Il est assez étonnant de constater que, de manière assez contradictoire, 81 % des 260 personnes interrogées considèrent la lutte contre le réchauffement climatique comme une priorité de leur entreprise, alors que seulement 61 % d’entre elles ont déjà ou envisagent de déployer une stratégie bas carbone. L’autosatisfaction n’est jamais très éloignée – 85 % des répondants pensent que leur entreprise est responsable –, mais la baisse de l’empreinte environnementale n’est une priorité d’investissement pour les trois prochaines années que pour 50 % des personnes interrogées et la revente d’actifs trop carbonés que pour 1 % d’entre elles, même si toutes les industries ne sont pas concernées.
La réduction de la consommation énergétique ne concerne que 59 % des répondants et l’élaboration d’une feuille de route zéro émission d’ici à 2050 encore moins (48 %), sans parler de répondre aux nouvelles obligations réglementaires comme le Fit for 55, la loi Agec et la loi climat et résilience (33 %). Pourtant, «pour la France, le paquet climat européen (Fit for 55) nécessitera de réduire de 50 % nos émissions brutes d’ici à 2030 […]. Il faudra doubler la réduction des émissions de CO2 durant cette période en passant de 8 millions de tonnes économisées à 16 millions de tonnes», affirmait Corinne Le Quéré, la présidente du Haut Conseil pour le climat, dans les colonnes de L’Usine Nouvelle en juin. Soit une baisse de 4,7 % par an. Corinne Le Quéré préconise aussi «une stratégie zéro carbone pour le secteur de l’énergie. Une stratégie qui passe par l’électrification des transports et de l’industrie». Un peu plus de la moitié des entreprises sondées (55 %) veulent améliorer leur sobriété énergétique et 42 % investir pour réduire leurs émissions carbone.
Le temps presse
Sur le plan environnemental, il est surprenant de voir que le développement de l’économie circulaire ne concerne que 57 % des personnes sondées. Pire, la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles est loin d’être une priorité (41 %). Et pourtant, Maud Lelièvre, la présidente du Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature, avertissait il y a quelques mois sur le fait que «la crise du Covid-19 doit être une alerte. Chaque année, cinq nouvelles maladies liées à la destruction de la biodiversité apparaissent. […] Et cela coûte moins cher de préserver la biodiversité que de réparer et de renaturer.»
Finalement, l’étude montre que les industriels ont l’impression de bien faire, d’avancer dans le bon sens et au bon rythme… sans avoir vraiment conscience de la distance qu’il leur reste à parcourir. Et du temps qui presse.
Méthodologie
Étude réalisée en ligne par Infopro Digital Études pour L’Usine Nouvelle et Leyton, du 30 mai au 26 juin 2022, auprès de 260 dirigeants de l’industrie.
Vous lisez un article de L'Usine Nouvelle n° 3710 - Septembre 2022
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