Banco Popolare et BPM assurent vouloir créer "une banque solide"
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\ 16h14
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MILAN (Reuters) - Banco Popolare et Banca Popolare di Milano (BPM) ont détaillé jeudi leur projet de fusion, qui doit créer la troisième banque d'Italie, particulièrement bien implantée dans les régions riches du nord du pays.
Cette opération attendue depuis des mois et annoncée mercredi soir, prévoit en préalable une augmentation de capital d'un milliard d'euros pour Banco Popolare, une exigence de la Banque centrale européenne (BCE), autorité de tutelle du secteur dans la zone euro et qui dispose à ce titre d'un droit de veto sur le projet.
Le mariage Popolare-BPM pourrait marquer le coup d'envoi d'un vaste mouvement de consolidation du secteur bancaire italien, bien plus fragmenté que ceux des pays voisins.
Une multiplication des rapprochements entre banques petites ou moyennes contribuerait à renforcer la rentabilité et la solvabilité des principaux acteurs du marché au moment où les taux d'intérêt négatifs pèsent sur les marges et où les banques italiennes doivent supporter quelque 360 milliards d'euros de créances douteuses.
"C'était une négociation compliquée, rendue plus difficile encore par des obstacles que nous n'avions pas prévus", a déclaré, en référence aux conditions posées par la BCE, l'administrateur délégué de BPM, Giuseppe Castagna, qui devrait assumer les mêmes fonctions à la tête du nouvel ensemble.
"Le résultat est vraiment le meilleur auquel nous pouvions aboutir. Une banque solide est née, et je sais que c'était la principale préoccupation de tous les analystes et investisseurs."
Certains analystes jugent toutefois que des cessions d'actifs pourraient s'avérer nécessaires afin de renforcer encore les fonds propres lors de la mise en oeuvre du plan élaboré par les deux banques et qui prévoit d'augmenter globalement leurs provisions pour créances douteuses, une autre condition posée par la BCE.
A elles deux, Popolare et BPM affichent 27 milliards d'euros de créances douteuses brutes mais prévoient de ramener ce montant à 17 milliards d'ici 2019.
LES EXIGENCES DE LA BCE JUGÉES "EXCESSIVES"
Une fois l'appel au marché bouclé, d'ici la fin octobre, et les nouvelles provisions inscrites dans les comptes, le ratio de solvabilité "Common Equity Tier 1" (CET1) devrait atteindre 12,3% des actifs pondérés des risques, ont précisé les deux établissements.
La nouvelle banque, qui aura deux sièges sociaux, à Milan et à Vérone, regroupera environ 171 milliards d'euros d'actifs, 2.500 agences et plus de 25.000 salariés, ce qui en fera le numéro trois du secteur dans la péninsule derrière Intesa Sanpaolo et UniCredit.
Elle sera particulièrement bien implantée dans le nord de l'Italie et sa création devrait générer des synergies estimées à 365 millions d'euros par an à partir de 2018 mais les dirigeants ont assuré qu'elle ne se traduirait par aucun licenciement.
L'administrateur délégué de Banco Popolare, Pier Francesco Saviotti, qui avait longtemps exclu toute augmentation de capital, a déclaré jeudi que la BCE avait été "excessive" dans ses exigences en la matière.
Il a ajouté que la BCE n'avait offert "aucune alternative". "Elle voulait une banque qui soit grande, blonde aux yeux et riche. Nous avons dû prendre le taureau par les cornes pour répondre à leurs demandes", a-t-il dit.
Il a toutefois assuré que le groupe n'aurait aucune difficulté à lever les capitaux nécessaires.
L'opération, pour laquelle Mediobanca et Merrill Lynch ont déjà signé un engagement de pré-souscription, pourrait inclure l'émission d'obligations convertibles en actions mais aussi un placement privé, ont dit les banques.
Le conseil d'administration du nouveau groupe comptera 19 membres pendant ses trois premières années d'existence, et 15 par la suite à la demande de la BCE.
"Aux autres banques qui songeraient à des fusions-acquisitions, je dis qu'une nouvelle ère a commencé. Elle ne vous laissera pas faire des fusions à votre convenance ou pour votre bon plaisir", a dit Castagna.
Une source proche de la banque centrale a déclaré mercredi que celle-ci avait donné un feu vert préliminaire à l'opération. L'accord formel est attendu d'ici le mois d'août, ont dit les deux banques.
Ces dernières doivent présenter leur plan stratégique d'ici un mois. Leurs actionnaires devront quant à eux approuver le projet avant d'ici au 1er novembre.
A la Bourse de Milan, l'action Popolare di Milano cédait 4,36% à 0,6795 euro à 15h00 GMT, tandis que Banco Popolare perdait 4,4% à 6,96 euros. Au même moment, l'indice Stoxx européen du secteur bancaire reculait de 1,73%.
(avec Paola Arosio et Andrea Mandala; Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)