Baisse des prix des matières : un coup d'arrêt à la croissance de l'agriculture brésilienne
La baisse du prix de nombreuses matières premières en 2014 et un accès difficile au crédit pénalisent la filière agricole brésilienne, tandis que les marges de manœuvre gouvernementales sont limitées.
Au Brésil, au premier trimestre 2015, les revenus tirés des exportations de bœuf ont chuté de 29% par rapport au premier trimestre 2014, a annoncé le ministère du Développement. Les baisses atteignent 15,7% pour le porc et 6,7% pour le poulet. Ces chiffres confirment les difficultés actuellement traversées par les professionnels de l’agriculture dans le pays. Or, le secteur est essentiel à son économie : entre 2003 et 2014, la part des matières premières dans les exportations totales du Brésil est passée de 29% à 43%.
Signe des tensions en cours, les ventes de produits de protection des cultures devraient baisser en 2015, prévoit Rabobank. La baisse des prix de nombreuses matières premières ainsi que des conditions de crédit difficiles pourraient mettre un coup d’arrêt à la croissance effrénée de ce segment depuis 2009 (le marché est passé d’une hausse de ses ventes de 6,6% en 2009 à 12,2% en 2014). "Au lieu d'avoir trois ou quatre mois de ventes déjà actées, nous avons seulement deux ou un mois d’avance", a expliqué le directeur des ventes Brésil de Yara, le premier fournisseur d’engrais en Amérique latine, Cleiton Vargas. "L’accès aux financements est faible", soulignait Morgan Stanley en mars.
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Par ailleurs, au premier trimestre 2015, les ventes de machines agricoles ont reculé de 18% par rapport au premier trimestre 2014. Sur deux ans, la baisse atteint 34%. Afin de réaliser des économies, les taux d’intérêt accordés par le gouvernement pour l’achat de matériels agricoles ont brusquement augmenté cette année, conduisant à ralentir la demande. Cette mesure suit un renouvellement rapide de la flotte ces dernières années, les ventes de moissonneuses ayant augmenté de 22,5% par an entre 2010 et 2013 (alors que les ventes de tracteurs, plus nombreuses, n'augmentaient que de 4,6% par an sur la même période).
- Ventes de tracteurs et de moissonneuses au Brésil
Des mesures à court terme
Néanmoins, pour stimuler l’investissement dans le secteur, le gouvernement souhaiterait assouplir, d’après Bloomberg, les restrictions à l’acquisition de terres par des acteurs étrangers (particuliers et entreprises), en vigueur depuis 2010. "Nous devons trouver un terrain d'entente afin que les investissements dans les terres brésiliennes soient possibles. Nous travaillons de manière à ce que cette règle puisse, une fois de plus, être modifiée. Tous les acteurs qui collaborent ici avec l’agro-industrie sont les bienvenus", a indiqué la ministre brésilienne de l’Agriculture Katia Abreu.
Le ministère brésilien de l’Agriculture a par ailleurs indiqué que les Etats-Unis pourraient prochainement autoriser les importations de viande de bœuf fraîche, les premières livraisons étant susceptibles d’intervenir au début du mois d’août. Il s’agirait d’un débouché supplémentaire pour l’industrie agroalimentaire, qui a exporté au cours de l’année dernière 37 000 tonnes de produits transformés de bœuf aux Etats-Unis. "Sans aucun doute, ce serait bénéfique pour l'écoulement des volumes du Brésil mais les marchés d'aujourd'hui sont mondiaux", a estimé Wesley Batisya, PDG de l’industriel brésilien de la viande JBS, leader mondial du secteur.
Franck Stassi
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