[Avis d'expert] Remodeler le secteur de l'énergie par la transformation numérique
Arno Van Den Haak, le responsable Worldwide Business Development Energy d'Amazon Web Services, explore le rôle que joue la technologie du cloud computing pour aider les entreprises de l'énergie à transformer leur cœur de métier et à construire un avenir durable pour suivre le rythme de changements auquel elles sont confrontées.
Le secteur de l'énergie a atteint un point d'inflexion. La rapidité de la transition énergétique pour passer des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables offre un écosystème unique, décentralisé et beaucoup plus complexe. L'essor des ressources énergétiques distribuées (DERS), qu'il s'agisse de parcs éoliens et solaires ou d'énergie marémotrice, change radicalement la donne, car elles doivent fournir instantanément de l'énergie à la demande des consommateurs finaux.
Cette transition a déclenché une explosion sans précédent des données. Les entreprises du secteur de l'énergie doivent donc être plus agiles dans leur prise de décision. Cela nécessite, entre autres, qu’elles affinent leur capacité à prendre des décisions sur les informations afin d’exploiter les données par anticipation et plus seulement rétrospectivement. Cette évolution alimente un changement dans le mode de fonctionnement des entreprises du secteur énergétique plus traditionnelles et entraîne une accélération de la transformation numérique des activités principales qui se préparent à l’avenir.
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Une évolution guidée par les données
L'explosion des données est alimentée par de nombreux facteurs au sein de ce nouvel écosystème, et notamment le déploiement d'un grand nombre de dispositifs de l'internet industriel des objets (IIoT), une connectivité plus importante et l'intégration de nouvelles sources de données non traditionnelles. Malgré les investissements déjà réalisés dans les infrastructures informatiques, les équipements et les technologies opérationnelles, de nombreux processus restent manuels, déconnectés et inefficaces. Les données sont souvent cloisonnées, la capacité à partager ces dernières avec des partenaires est dépassée et les simulations techniques sont longues. Évaluer les risques, inspecter l'intégrité des actifs et suivre les incidents de sécurité peuvent par ailleurs être coûteux et prendre beaucoup de temps.
La gestion des données provenant de différentes sources, avec de nouvelles considérations comme le sentiment des clients et l'intégration de la météo en temps réel, change la donne pour les projets futurs.
Nous nous attendons à ce que le volume de données soit multiplié par 100 au moins au cours des prochaines années – et il s'agit probablement d'une estimation prudente. La gestion des données provenant de différentes sources, avec de nouvelles considérations comme le sentiment des clients et l'intégration de la météo en temps réel, change la donne pour les projets futurs. La capacité à gérer des processus opérationnels à grande échelle et le volume de données associé nécessite, pour les entreprises, d’investir dans des outils d’analyse avancés et efficaces afin de recueillir, de stocker et d'analyser ces données en toute sécurité.
La multinationale Engie, fournisseur d’énergie, a été visionnaire dans sa façon d’aborder ce nouvel environnement, mais aussi de stocker, d'utiliser et d'exploiter les données pour en tirer des enseignements. L'entreprise a déplacé ses données dans le Common Data Hub (CDH), un référentiel de données sur mesure utilisant un lac de données et des solutions analytiques distribuées globalement. Depuis la mise en œuvre du CDH, la flotte renouvelable d'Engie, composée de parcs éoliens et solaires et de barrages hydroélectriques, est devenue nettement plus efficace, permettant de faire des économies de plusieurs centaines de millions de dollars grâce à l’amélioration de la disponibilité et de la performance d'actifs. Ce changement a également été un énorme levier de performance et a eu un impact sur d'autres secteurs opérationnels, permettant à Engie de réaliser jusqu'à 5% d'économies sans avoir besoin d'embaucher de personnel supplémentaire.
Shell a également été avant-gardiste en matière de données. La société dispose d'un grand nombre de géo-scientifiques dans le monde entier cherchant à déterminer la meilleure façon de faire de l'exploration. Ils disposent d’un volume de données tellement important, provenant de sources disparates, qu'il leur est très difficile d'effectuer les recherches efficacement. Pour surmonter cette difficulté, Shell a créé l'univers des données de subsurface (SDU), qui offre un certain nombre de capacités d'analyse et d'apprentissage automatique permettant aux géo-scientifiques d'être beaucoup plus efficaces et de mener à bien leurs activités d'exploration.
Accélérer la transformation
Le succès de l'adoption d'une technologie repose en grande partie sur l'état d'esprit des personnes impliquées dans le processus.
Il existe une voie pratique pour mener à bien la transition énergétique. Le succès de l'adoption d'une technologie repose en grande partie sur l'état d'esprit des personnes impliquées dans le processus. Un objectif clair fixé par les dirigeants, qui encourage l'organisation à avancer plus vite qu'elle ne l'aurait fait organiquement, peut inspirer le changement. Et la formation aidera à amener les équipes sur le chemin de la transformation numérique, permettant aux individus d'apprendre rapidement et, s’il le faut, d'échouer. Tout cela fait partie du processus d'innovation et d'expérimentation pour réussir à l’avenir.
Les initiatives numériques ne peuvent pas être traitées uniquement comme une simple dépense d'exploitation. L'impact des investissements informatiques est susceptible d'avoir un bénéfice beaucoup plus large sur de nombreux processus opérationnels : une meilleure collaboration avec des tiers, une meilleure visibilité des chaînes d'approvisionnement ou une réduction des temps d'arrêt de production, par exemple.
Le revers de la médaille, bien sûr, c'est que lorsque les organisations traitent l'investissement numérique uniquement d’un point de vue stratégique, la logique s'articule autour des dépenses, qui façonneront les futures entreprises via des mesures quantitatives à plus long terme. Il est intéressant de noter que les organisations qui ont une stratégie numérique claire soutenue par l'équipe de direction ont tendance à améliorer l’efficacité opérationnelle dans l'ensemble de leurs activités, avec 15% de valeur générée uniquement par les données.
Faire des ambitions futures une réalité
Les leaders du secteur de l'énergie ont désormais la possibilité de créer une base solide, non seulement pour relever les défis immédiats, mais aussi pour insuffler la force et la flexibilité qui permettront à leurs entreprises de se développer et de s'adapter à toutes les situations futures. Atteindre des objectifs tels que la diversification énergétique, la durabilité des ressources naturelles et l'objectif "zéro émission" n’est possible que grâce à la technologie. La transformation numérique permet d'exploiter les données et d'analyser ces dernières de manière efficace afin que les entreprises puissent prendre de meilleures décisions commerciales, plus rapidement. L'accès à des informations plus précises, à des analyses puissantes et à des prévisions fondées sur des faits contribuera également à améliorer les opérations et l’expérience client.
Alors que le secteur de l’énergie continue d’évoluer, les technologies informatiques et du cloud joueront un rôle de plus en plus central. Pour certaines organisations, c’est une véritable révolution alors que d’autres accélèrent déjà le processus de transformation numérique.
Par Arno Van Den Haak, responsable Worldwide Business Development Energy d'Amazon Web Services (AWS)
Les avis d'experts sont publiés sous l'entière responsabilité de leurs auteurs et n'engagent en rien la rédaction de L'Usine Nouvelle.
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