[Avis d'expert] Le numérique responsable place toute l’organisation dans l’action environnementale

Si, pour l'instant, il a plutôt échappé aux critiques, le numérique va devoir se poser la question de son caractère compatible avec la transition écologique. Telle est l'analyse du directeur général de Lecko, Arnaud Rayrole.

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[Avis d'expert] Le numérique responsable place toute l’organisation dans l’action environnementale
Un datacenter, fût-il vert, n'est pas la garantie d'un numérique responsable.

La COP26 a été marquée par l’hypocrisie de la surenchère des promesses de décarbonation à horizon 2030 ou 2050, sans que les États ou entreprises concernées n’aient démontré leur engagement sur la trajectoire.

Dans les entreprises, ces annonces volontaristes finissent par alimenter les suspicions de greenwashing et cantonnent chaque collaborateur à un rôle de simple spectateur. Pourtant, la transformation environnementale ne viendra ni de la technologie seule, ni de la seule volonté des dirigeants. Elle doit s’appuyer sur la mobilisation de chacun, pour inventer et intégrer ces évolutions dans notre quotidien. Agir chacun à son échelle, suivant la parabole du colibri, est déterminant. Le numérique offre ce terrain d’expression de l’engagement de chacun.

Développer une conscience environnementale active chez les collaborateurs

Les solutions qui permettront d’opérer une véritable mutation environnementale restent encore à inventer. Elles seront une combinaison de technologies et de nouveaux usages, à l’instar du vélo électrique. Dans ce domaine, l’innovation foisonnante (moteurs et batteries plus compacts, flottes de vélos en libre-service, vélos cargos, etc.) s’accompagne de l’émergence de nouveaux modes de vie. Abandonner le réflexe « voiture » nécessite de repenser son organisation au quotidien, avec des avantages et des contraintes. Mais l’implication des citadins dans la recherche de solutions pour intégrer le vélo dans leur vie quotidienne est essentielle. Il ne s’agit pas de vendre des vélos électriques à des automobilistes, mais de mobiliser des habitants d’un territoire pour trouver des alternatives de transport doux.

À l'image du mouvement qui s'opère dans la mobilité, l’entreprise doit faire émerger cette même dynamique, c'est-à-dire développer une conscience environnementale active et impliquer chacun à son échelle dans la recherche et la mise en pratique de solutions.

Le numérique en retard sur la prise de conscience environnementale

Le secteur du numérique a longtemps été préservé des critiques écologiques car il propose des alternatives au papier et aux déplacements. Or il a pris beaucoup de retard. C’est un domaine dans lequel les impacts environnementaux sont encore sous-estimés, voire méconnus, car il est porté par l’idée que la technologie sera la réponse à tous nos problèmes. Par exemple, le fait de questionner l'intérêt du déploiement de la 5G se trouve qualifié d’opposition au progrès. Pour autant, généraliser la consommation de vidéos sur son smartphone en attendant le prochain métro n’est pas tenable.

Reste qu’il est aujourd’hui plus naturel de questionner l’usage de l’avion que celui du numérique... Or, le think tank Shift Project estime que les émissions carbone du numérique vont doubler d’ici à 2025, pour atteindre 8% des émissions mondiales, soit bien au-delà de celles du secteur aérien.

Changer les perceptions, questionner les pratiques, repenser les usages

Les Gafam tentent d’étouffer le débat sur la consommation énergétique du numérique en annonçant des datacenters « verts » pour les décades à venir. Nous en reparlerons lorsque nous aurons décarboné 100% de notre électricité et que l’énergie verte achetée par les Gafam ne se fera pas au détriment d’autres secteurs essentiels !

Il faut changer notre perception, comprendre que les usages numériques émettent du carbone et nous mobiliser pour inventer un mode de vie avec le numérique qui soit durable. On parle de numérique responsable. Alors que le numérique est en plein essor dans l’entreprise, il est d’autant plus important d’encourager des usages tenables dans la durée.

Par exemple, la visioconférence a augmenté le nombre de réunions et le temps qui leur est consacré, sans pour autant accroître l’efficacité des équipes, au contraire. L'infobésité ne fait que croître au détriment de la productivité. La connexion continue élargit les plages travaillées et génère dans la durée une fatigue professionnelle.

Ce numérique débridé, dont le déploiement s'est fait sans repenser les pratiques de travail, conduit à l’émission croissante de CO2, sans apporter davantage de valeur aux entreprises. Pourtant, faire évoluer les pratiques de travail et les approches managériales est du ressort de chacun au sein des équipes.

Vers plus de sobriété carbone, d’efficacité collective et de bien-être

Lorsque l’entreprise questionne ses pratiques numériques, elle interpelle aussi chacun de ses collaborateurs et les responsabilise à leur niveau sur leur capacité de prise de conscience, de questionnement et de mise en mouvement.

Le digital est désormais au cœur des sujets de transformation des entreprises. Les équipes se doivent de retrouver de l’efficacité face à une saturation d'informations, de messages et de réunions. Ces solutions apporteront intrinsèquement plus de sobriété carbone, d’efficacité collective et de bien-être. Le numérique responsable est un volet sur lequel l’entreprise peut mobiliser tous ses collaborateurs sur des progrès mesurables au fil des semaines. Un état d’esprit qui sera également le terreau pour faire émerger des solutions de réduction des émissions sur les activités métiers.

Arnaud Rayrole, directeur général de Lecko

Les avis d'experts sont publiés sous l'entière responsabilité de leurs auteurs et n'engagent pas la rédaction de L'Usine Nouvelle.

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