[Avis d'expert] L’écosystème bancaire a-t-il sa place dans la mouvance "Tech for Good"

La Tech for Good est devenue la mouvance incontournable à suivre depuis ces deux dernières années. Avec pour objectif d’utiliser les nouvelles technologies pour répondre à des problèmes sociaux et environnementaux, l’écosystème entrepreneurial est en pleine émulation.
Par Stefano Cipollone, responsable du développement commercial, Auriga.

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[Avis d'expert] L’écosystème bancaire a-t-il sa place dans la mouvance
Stefano Cipollone, responsable du développement commercial, Auriga.

Thématique phare de l’édition 2019 du salon Viva Technology et du sommet organisé annuellement par l’Elysée depuis 2018, la Tech for Good inspire de nombreuses pousses. Son succès s’explique par le fait que cette mouvance permet de répondre aux 17 objectifs de développement durable définis par les Nations Unies qui constituent une grille de lecture pour la Tech for Good en France. Les exemples de start-up qui réussissent sont légions : la start-up Too Good to Go qui lutte contre le gaspillage alimentaire est un exemple clé avec 10 millions de repas sauvés via son application depuis son lancement, ou même l’application Yuka qui passe au crible les produits alimentaires et les cosmétiques. Cette dernière est d’ailleurs tellement plébiscitée que les géants de la grande distribution ont, pour certains, revu la composition d’une partie de leurs produits.

Si la Tech for Good est non seulement une mouvance bénéfique pour la société, elle a surtout réussi à concilier ce que les entreprises pouvaient qualifier de "philanthropique" avec un business model viable. L’écosystème financier se montre très intéressé par cette nouvelle économie. Ainsi, plus de la moitié des entreprises sélectionnées dans le cadre d’une étude Tech’In et Pwc, ont réalisé une levée de fonds d’au moins 1 million d’euros et 83 % des entreprises ont effectué des levées de fonds inférieures à 5 millions d’euros. Le monde de la finance semble donc très associé à cette mouvance mais a-t-elle réellement sa place ?

La confiance dans les banques reste fragile

Onze ans après la crise financière, le secteur bancaire continue d’en ressentir les effets avec des conséquences à la fois sur les structures bancaires, toujours vulnérables, mais également sur la confiance que leurs clients et plus largement les citoyens portent en elles. Selon le dernier baromètre du FGDR réalisé par l'institut Harris Interactive, seulement 60 % des Français ont confiance dans le système bancaire Français d’autant qu’ils ont également de fortes attentes en ce qui concerne leur engagement sociétal, comme le révèle un sondage Elabe pour le cabinet Wavestone.

Car si les écosystèmes bancaires incluant banques, fintechs et néobanques, est en pleine mutation, cette dernière n’est plus uniquement technologique mais également sociétal. En effet, les institutions financières ont conscience qu’elles font partie intégrante de la société et qu’elles peuvent, à leur échelle, apporter des solutions pour améliorer le futur des citoyens.

Les banques, des parties prenantes dans la Tech for Good

Ces dernières années, les banques ont multiplié les initiatives dans différents domaines dont l’inclusion sociale et le climat. L’initiative de Ant Forest illustre, à titre d’exemple, cette volonté : en jouant sur une application tout en effectuant des paiements, 500 millions d'utilisateurs chinois d'Alipay ont permis de faire planter plus de 100 millions d’arbres. On estime que cela réduira les émissions de carbone de la Chine de 5 % d'ici la fin de l'année prochaine.

S'inscrivant dans une politique RSE – tout en allant plus loin, la Tech for Good nécessite des partenaires financiers qui s’engagent aux côtés de ces entrepreneurs qui souhaitent relever les défis sociaux et environnementaux. Ainsi, l’"impact investing" ou investissement à impact social continue de croître d’année en année. Alors que les fonds associés à l’investissement d’impact représentaient 10,6 milliards de dollars d’actifs en 2014, ils ont dépassé les 100 milliards de dollars en 2016 dans le monde selon le Global Impact Investing Network.

Les banques se sont donc tournées vers le financement de ce type d’action. Ainsi, BNP Paribas a développé "Act for Impact", un label en faveur des entrepreneurs sociaux et est surtout devenu le sponsor financier de Tech For Good France, "le réseau des entrepreneurs & investisseurs qui développent et financent des solutions tech et digitales pour accélérer la transition vers une société plus durable et responsable".

De manière générale, les banques ont également compris l’importance de proposer des solutions bancaires inédites et pouvant influer positivement sur la vie quotidienne de leurs clients. Des initiatives et services vont de plus en plus dans ce sens allant de l’amélioration du bien-être financier (Monzo et Starling Bank aident leurs clients à sortir de la spirale des jeux d’agent en bloquant le téléchargement des applications de paris) à des offres financières à destination des plus vulnérables. La lutte contre l’endettement est devenue le cheval de bataille de Wagestream, une start-up au Royaume-Uni, qui permet aux salariés une avance de leur salaire à la demande en demandant à tout moment le versement d’une partie de la rémunération due mais qui ne sera perçue normalement qu’à la fin du mois.

Une formation financière en temps réel leur est également proposée.

Même si les banques ne sont pas en première ligne de la Tech for Good, elles jouent un rôle indispensable dans l’accompagnement et le financement de ces acteurs innovants. En se positionnant comme support financier, les banques apportent leur pierre à l’édifice et remplissent ainsi leur objectif d’être davantage actives dans la ville citoyenne de demain.

De plus au vu de la crise sanitaire actuelle, la Tech for Good est sollicitée pour aider l’Etat français et les entreprises à la continuité d’activité notamment pour permettre le télétravail des salariés. Le secrétaire d’État au numérique, Cédric O a déclaré ces derniers jours "Nous souhaitons que les entreprises du numérique se mobilisent dans cette crise et qu'elles fassent en sorte de mettre leurs services à disposition soit de manière gratuite soit avec des tarifs réduits". Il y a donc fort à parier que cette mouvance se pérennise dans le temps avant l’accélération du tout numérique.

Par Stefano Cipollone, responsable du développement commercial, Auriga

Les avis d'experts sont publiés sous l'entière responsabilité de leurs auteurs et n'engagent en rien la responsabilité de la rédaction de L'Usine Nouvelle.

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