[Avis d'expert] Il est indispensable de faire grandir l’appétit des consommateurs pour les protéines végétales françaises

Ce jeudi 21 janvier, le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, se rend dans plusieurs exploitations agricoles bénéficiaires du plan Protéines. Marion Breteau et Damien Sneessens, les fondateurs de Berry Graines, se félicitent de l’intérêt porté par le gouvernement au développement de leur filière, mais craignent que les consommateurs ne soient pas encore prêt à acheter français.

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[Avis d'expert] Il est indispensable de faire grandir l’appétit des consommateurs pour les protéines végétales françaises
Marion Breteau et Damien Sneessens de Berry Graines

La stratégie nationale sur les protéines végétales issue du plan France relance vise à "réduire la dépendance de la France aux importations de protéines végétales des pays tiers, à permettre aux éleveurs d’améliorer leur autonomie pour l’alimentation de leurs animaux et à encourager les Français à augmenter leur consommation de protéines végétales, pour répondre aux nouvelles recommandations nutritionnelles".

En tant que producteurs français de graines et légumes secs à destination de l’alimentation humaine, nous saluons l’intérêt porté par le gouvernement au développement de notre filière. Nous ne pouvons cependant pas nous en réjouir pleinement car une crainte persiste : les Français sont-ils prêts à consommer davantage de protéines végétales made in France ?

Les filières d'importation favorisées

Certes, la consommation de protéines végétales a explosé en France ces dernières années avec l’évolution des habitudes alimentaires (végétarisme, flexitarisme, santé, empreinte carbone...), mais cet engouement a d’abord bénéficié aux filières d’importation plutôt qu’aux producteurs français.

Deux raisons à cela : le prix et le manque d’informations. La stratégie nationale sur les protéines végétales doit prendre en compte l’ensemble de la filière, du producteur au consommateur en passant par l’industrie agroalimentaire. Nous, producteurs, ne pouvons pas prendre le risque d’investir et d’augmenter notre production si la demande pour l’origine France n’est pas en rendez-vous et si son prix n’est pas compétitif.

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Le développement de la filière française demande de faire de l’éducation en direction de l’acheteur – qu’il soit industriel ou consommateur final – une priorité. Il n’est pas question ici d’une sensibilisation du consommateur français aux bienfaits des légumineuses, comme cela semble prévu en deuxième partie de la stratégie nationale, mais de la mise en place d’actions de pédagogie autour du made in France et de ses atouts.

Des choix qui ont un coût

Nous souhaitons avant toute chose que l’acheteur soit à même de faire un choix éclairé entre un produit d’importation et une origine France. Cela passe d’abord par la bonne information. Le consommateur n’a pas systématiquement accès aujourd’hui à l’origine des produits qu’il achète, la mention "origine" n’étant pas obligatoire sur les produits d’épicerie. Il doit également être informé des différences entre les règles de production en France et dans le reste du monde, nos pratiques agricoles étant souvent bien plus strictes sur le respect de l’environnement, l’utilisation de produits phytosanitaires, les conditions de travail...

Tout cela a un coût. L’accent doit également être mis sur les atouts des produits français (tracés, sains, sûrs) et qui répondent à de nombreuses préoccupations des consommateurs, qu’elles soient environnementales, sociétales ou nutritionnelles. En tant qu’agriculteurs français, nous sommes convaincus de la capacité de nos filières à répondre aux enjeux de demain dans de bonnes conditions sociales et environnementales et à contribuer à l’autonomie alimentaire de notre pays. Avec le modèle que nous avons mis en place pour le quinoa, nous avons montré qu’il était possible de proposer aux Français des produits tracés du champ à l’assiette, respectueux de l’environnement et en lien avec leurs attentes sociétales.

Mais la route est encore longue et nous ne pourrons pas y arriver seuls. La stratégie nationale sur les protéines végétales est un premier pas, le deuxième devra prendre en compte l’ensemble de la filière – producteurs, industrie agroalimentaire, distributeurs, consommateurs – pour faire la promotion de l’origine France et encourager sa consommation. Ce n’est que si la demande est soutenue que nous pourrons durablement développer l’offre.

Par Marion Breteau et Damien Sneessens, fondateurs de Berry Graines

Les avis d'experts sont publiés sous l'entière responsabilité de leurs auteurs et n'engagent en rien la rédaction de L'Usine Nouvelle

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