Avec son plan Auto, le gouvernement met l'accent sur l'usine 4.0 et le véhicule « propre »
Le Président de la République, Emmanuel Macron, a présenté, le 26 mai à Etaples (Pas-de-Calais), un plan d’aide au secteur automobile, durement touché par la crise du Covid 19. Sur les plus de 8 milliards d’euros (Md€) prévus, 1,5 Md€ iront au développement du "véhicule de demain", notamment électrique, et la modernisation des usines.
Depuis l’usine Valeo d’Etaples (Pas-de-Calais), le président de la République, Emmanuel Macron, a présenté mardi 26 mai un plan d’aide au secteur automobile, durement touché par la crise du Covid 19 : plus de 8 milliards d’euros (Md€) pour une relance tournée vers le « véhicule propre » : « Nous souhaitons faire de la France la première Nation productrice de véhicules propres en Europe, en portant à plus d’un million sous cinq ans la production de véhicules électriques, hybrides rechargeables ou hybrides, et de consolider en parallèle notre empreinte industrielle », a-t-il déclaré.
Trois axes ont été détaillés. D’abord le soutien de la demande avec mesures incitatives pour « renouveler le parc automobile français en faveur des véhicules propres » et l’atteinte des 100 000 bornes de recharges à travers le pays en 2021 au lieu de 2022 comme prévu initialement. Puis le soutien aux entreprises en difficulté pour préserver l’emploi et éviter les délocalisations. Et enfin des aides pour « inventer et produire en France les véhicules de demain ».
1,5 Md€ pour le « véhicule de demain »
L’axe consacré au « véhicule de demain » met l’accent sur « la modernisation des chaînes de production, l’industrie 4.0, la robotisation, la numérisation et l’innovation écologique ». Il est décliné en trois volets pour un montant total de 1,5 Md€ en subventions et en fonds propres.
Des subventions à hauteur de 200 millions d’euros (M€) seront consacrées « dès 2020 » à la « transformation et la montée en gamme » des entreprises sous-traitantes de la filière. L’objectif est d’aller vers plus d’automatisation, de robotisation, d’usine 4.0, notamment chez les PME et les ETI.
Un fond d’investissements de 600 M€ sera créé pour « intervenir en fonds propres et favoriser le développement et les consolidations des entreprises de la filière ». En plus de l’Etat et de Bpifrance qui apporteront 400 M€, les actionnaires de ce fonds incluront également Renault et PSA (100 M€ chacun), « complétés si nécessaire par des partenaires institutionnels et des gestionnaires de fonds ».
150 M€ pour la R&D
Enfin, dès cette année, 150 M€ seront consacrés à la recherche et développement, notamment dans le cadre du 4ème Programme d’investissements d’avenir (PIA) sur la période 2021-2025. Les projets retenus doivent être « en cohérence avec les axes prioritaires de la feuille de route technologique liés au véhicule du futur, validés par un comité d’orientation réunissant l’Etat et la filière ». L’Etat indique qu’un comité d’orientation se tiendra « dès la deuxième quinzaine du mois de juin » pour sélectionner des projets, certains pouvant démarrer avant fin août.
Les technologies visées sont notamment les moteurs électriques pour véhicules hybrides essence dans les « petits » segments (urbains, péri-urbains), les systèmes hydrogène, les composants d'électronique de puissance, et les batteries.
Soutien à la production de batteries
Soutenus par la France et l’Allemagne, les projets d’usines de Saft et PSA bénéficieront d’un financement public français jusqu’à 850 M€, dont 690 M€ de l’Etat. Celui-ci viendra du PIA et du Fonds de l’innovation et de l’industrie. Pour produire des cellules lithium-ion, les deux entreprises ont noué un partenariat portant sur la construction de trois sites : un centre de R&D et une ligne pilote pour la mise au point des équipements de production à Nersac (Nouvelle-Aquitaine), une usine sur le site PSA de Douvrin (Hauts-de-France), et une usine en Allemagne.
« Grâce au soutien des pouvoirs publics français, Groupe PSA franchira une nouvelle étape décisive en partenariat avec le Groupe Total [ndlr : propriétaire de Saft] pour un investissement en France au total de l’ordre de 2 milliards d’euros, pour relocaliser la production de batteries de la Chine vers une gigafactory française », a réagi le groupe PSA dans un communiqué.
Renault rejoint Saft et PSA
La coentreprise formée en janvier dernier par Saft et PSA pour mener ce projet de production de batteries accueillera maintenant Renault, a annoncé Emmanuel Macron. « Renault a acté ce matin sa décision de rejoindre le programme européen de batteries électriques », a déclaré le chef de l'Etat français. Le constructeur au losange entrera donc au capital de la coentreprise ACC (Automotive Cells Company), créée en début d’année par PSA et Saft pour produire des batteries pour un million de véhicules par an en Europe d’ici 2030.
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