Avec la chaire Cirval, l'IMT Nord Europe veut rendre le BTP plus économe en matériaux et en énergie

Signée au mois de mai, la chaire Cirval (Chaire d'innovation et de recherche pour la valorisation des matériaux alternatifs) réunit l'IMT Nord Europe et dix industriels oeuvrant dans la construction. L'objectif est de mener des travaux de recherche appliquée pour proposer des solutions de valorisation des déchets.

 

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Avec la chaire Cirval, l'IMT Nord Europe veut rendre le BTP plus économe en matériaux et en énergie

Lancée il y a quelques semaines, la chaire Cirval, menée par l’IMT Nord Europe et des entreprises du BTP, va travailler pendant cinq ans sur un sujet qui a gagné en importance ces dernières années : la valorisation des déchets de chantier. « Aujourd'hui, nous devons faire face à un défi : la raréfaction des matières premières, indique Mahfoud Benzerzour, professeur à l'IMT Nord Europe, associé à l'Université de Sherbrooke et titulaire de la chaire. La réutilisation des gravats de déconstruction est l’une des pistes qui sera explorée par cette chaire. » En parallèle, ce partenariat recherche-industrie se penchera sur un autre sujet majeur : réduire le coût énergétique des matériaux. « Nous devons à la fois réfléchir à des matériaux qui, au moment de leur conception, nécessitent le moins d'énergie possible pour qu'ils contribuent à réduire la facture énergétique du BTP. »

Trois grandes thématiques de recherche ont été identifiées : le traitement des sols et assimilés en vue de leur valorisation, la mise en œuvre d'éco-liants et d'écomatériaux alternatifs biosourcés et l'optimisation énergétique. Elles s'articuleront autour d'une dizaine d'axes de recherche et d'innovation : l'optimisation numérique de la valorisation, la chimie des matériaux, la macro et micro structure, les nouveaux éco-liants, la géotechnique environnementale, l'impact sanitaire et environnemental, les matériaux biosourcés, la réglementation et les normes, l'analyse des cycles de vie, etc.

Adapter les technologies

« L'idée est de trouver des solutions en mettant l'accent sur la valorisation et l'innovation, précise Mahfoud Benzerzour, qui travaille depuis 20 ans sur la valorisation des déchets dans le génie civil. En France, si on divise la quantité de granulats provenant des routes et des ouvrages par le nombre de citoyens, cela représente 20 kg par citoyen et par jour. L'objectif de ces travaux de recherche est de remplacer ces granulats, issus essentiellement de carrières, par des sous-produits et des matériaux alternatifs. » Certaines recherches ont déjà débuté comme par exemple la calcination flash. « Pour fabriquer du ciment, on utilise des fours industriels qui calcinent les matériaux à 1400°C pendant une heure. La calcination flash permet de calciner pendant une fraction de seconde via un système de soufflerie. La technologie existait déjà, nous l'avons adaptée aux sédiments de dragage. » L'autre avantage est que cette calcination flash tient en une unité mobile qui peut être placée directement sur les chantiers.

« Tous les projets ne sont pas à la même maturité scientifique. Certains ont des TRL bas, d'autres n'ont pas encore débuté. Nous nous donnons une année pour étudier les thématiques des partenaires et recruter les équipes de recherche », poursuit Mahfoud Benzerzour. Parmi les demandes de partenaires, certains s'intéressent par exemple à la réduction d'hydrocarbures dans les routes en déconstruction.

Conjuguer les temporalités

La chaire Cirval s'inscrit dans la continuité des projets de valorisation des matériaux menés par l'IMT Nord Europe. En témoigne le projet Ecosed, qui vise à développer la valorisation des sédiments pour les intégrer dans des ouvrages et produits du génie civil. Ou encore la chaire Ecocirnov qui prévoit d’augmenter le taux de recyclage des déchets ménagers ou industriels. Cela, afin d’obtenir une plus grande valeur ajoutée dans l’utilisation de certains produits déjà valorisés. Enfin, le programme Reconvert souhaite contribuer à intégrer la démarche de déconstruction sélective des bâtiments. Mais aussi à organiser les flux de produits et matériaux, qui en sont issus pour un meilleur réemploi à une échelle locale.

« C'est dans notre ADN de travailler en étroite collaboration avec des industriels. Certes, le temps de la recherche n'est pas toujours celui des entreprises mais justement, nous faisons de la recherche appliquée et notre objectif est qu'à la fin de la chaire, un industriel ou un gestionnaire de déchets dispose de données scientifiques comme aide à la décision opérationnelle », rappelle Mahfoud Benzerzour.

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