Avec l’industrie, "il faut passer d’adversaires à partenaires", demande Christiane Lambert, la patronne de la FNSEA
Pour la dirigeante du premier syndicat agricole français, Christiane Lambert, c’est en négociant avec l’industrie agroalimentaire, qui souffre également de prix compressés, que des "décisions très concrètes" pourront émerger des Etats généraux de l’alimentation.
Il y a quelques semaines, fait rare, son organisation cosignait, avec les principaux représentants des autres maillons de la filière alimentaire - industrielle avec l’Ania, coopératives avec Coop de France, ou encore grande distribution avec la FCD - un diagnostic partagé sur l’état du secteur. Mardi 5 septembre, à l’occasion d’une conférence de presse, Christiane Lambert, présidente de la puissante FNSEA, le premier syndicat agricole, a persisté et signé : "Certains syndicats agricoles dénoncent des alliances contre nature, mais à la FNSEA, on invite au sursaut : il faut passer d’adversaires à partenaires !"
Le consommateur, seul gagnant depuis 2013
Un constat découlant du dernier rapport, publié en avril, de l’Observatoire des prix et des marges des produits alimentaires, selon lequel "au moins depuis 2013, le seul véritable gagnant est tout simplement le consommateur, isolé de toutes variations de prix de l’amont"... alors que beaucoup "de producteurs ne couvrent pas la réalité de leurs coûts de production", avec, en moyenne, 6,20 euros reversés aux agriculteurs pour 100 euros de produits alimentaires achetés.
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Avril 2023
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Rencontre avec Leclerc et de nombreux industriels
A l’occasion des ateliers des Etats généraux de l’alimentation, chacun a donc sa place autour de la table. "Il n’y a jamais eu autant de faillites d’entreprises et d’industries agroalimentaires, dixit l’Ania. C’est une réalité française", admet Christiane Lambert. En parallèle de ces ateliers, son syndicat multiplie les rencontres. Comme cette réunion de près de trois heures avec Michel-Edouard Leclerc, ou des échanges avec de nombreux industriels "qui ont travaillé à livres ouverts et nous ont montré, année après année, la baisse de leurs résultats", non sans impact sur les investissements, les innovations produits, et la consommation, reconnaît la patronne de la FNSEA.
Revoir la LME, le seuil de revente à perte, le droit de la concurrence…
Alors que le président de la République Emmanuel Macron devrait s’exprimer dès le 10 ou 12 octobre, quelles attentes semblent partagées par les mondes agricoles et industriels? "Des décisions très concrètes", avance Christiane Lambert, comme "un réajustement de la LME", la loi de modernisation de l'économie, qui régit les négociations commerciales entre distributeurs et entreprises. "Nous voulons un encadrement des promotions pour éviter que les produits ne soient bradés, et revoir le seuil de revente à perte qui écrase les prix", deux mécanismes qui génèrent une "forte destruction de valeur". Il faut aussi accéder, à l’échelle européenne, à une "exception agricole" au droit de la concurrence, qui empêche les acteurs économiques de pouvoir négocier malgré la grande variabilité des cours des matières premières, selon un autre représentant de la FNSEA. Reste à convaincre les associations de consommateurs que toutes ces mesures n’engendreront pas de spectaculaires inflations des prix...
Autre sujet de tension avec l’industrie aux yeux de Christiane Lambert : la réglementation française sur les pesticides. Qui conduit un acteur comme Bonduelle à contractualiser avec la filière de poireaux belge, accuse-t-elle, lorsque certains "produits permettant de traiter les légumes [deviennent] interdits" dans l’Hexagone… Un sujet non consensuel, tout comme celui du glyphosate, qui sera, sans doute, abordé lors des discussions du deuxième chantier des Etats généraux, qui s’ouvrira à l’automne : des solutions pour une alimentation "saine, sûre, durable et accessible à tous"...
Avec l’industrie, "il faut passer d’adversaires à partenaires", demande Christiane Lambert, la patronne de la FNSEA
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