Avec l'A220, Airbus poursuit sa conquête de l’Amérique
Airbus lance la construction d’une nouvelle ligne d’assemblage pour l’A220, à Mobile (Alabama). Avions commerciaux, hélicoptères civils et militaires, satellites, l’empreinte industrielle de l’avionneur aux Etats-Unis ne cesse de croître.
Mis à jour
17 janvier 2019
Les monticules de terre ocre commencent à s’élever, érigés par les tractopelles. Le chantier à peine entamé laisse deviner les dimensions du futur édifice : la ligne d’assemblage de l’Airbus A220, l’ex CSeries de Bombardier racheté l’été dernier par Airbus, située à quelques dizaines de mètres seulement de celle dédiée à l’A320. Sous un soleil radieux et à grands renforts de feux d'artifice, les dirigeants d’Airbus, Tom Enders, le numéro un, et Guillaume Faury, son numéro deux, ont participé mercredi 16 janvier à Mobile (Alabama, Etats-Unis) à la pose de la première pierre de ce site industriel. Une nouvelle brique qui vient renforcer l’empreinte industrielle du groupe aux Etats-Unis.
"Je vous promets que c’est la dernière fois que je participerai à la pose d’une première pierre, ici, à Mobile", a plaisanté Tom Enders, présent lors de l’inauguration de la ligne d’assemblage finale de l’A320 en 2015 et qui quittera le groupe en avril prochain, remplacé par Guillaume Faury. Coût total de cet investissement : 300 millions de dollars, partagé entre Airbus, Bombardier et les autorités locales. Pour rappel, la ligne dédiée à l’A320 représentait une enveloppe globale de 600 millions de dollars. Des montants à mettre au regard du marché américain, qui demeure le premier marché mondial aéronautique pour les monocouloirs. Airbus estime le marché de l'A220 à 7000 appareils d'ici 20 ans, avec pour ambition de s'arroger plus de la moitié de ce marché.
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Une cadence de 14 A220 par mois d'ici 2025
La nouvelle usine américaine, qui emploiera environ 400 personnes, viendra en renfort dès la mi-2020 de la ligne d’assemblage final de Mirabel (Canada), désormais sous le contrôle de l’avionneur européen. Les méthodes de production de l’A220 à Mobile seront calquées sur celles élaborées à Mirabel. En attendant son ouverture, c’est la ligne d’assemblage de l’A320 - ayant atteint la cadence de 4,5 A320 par mois - qui assurera au début les premières livraisons dès le troisième trimestre 2019. Objectif pour Airbus : augmenter les cadences de production de l'A220, moyen-courrier situé sur le segment des avions de 100 à 150 places, avec ses deux versions, l’A220-100 et l’A220-300.
En 2016, année de démarrage de la production, Bombardier a produit 7 A220, puis 17 en 2017. En 2018, année de la prise de contrôle du programme par Airbus, le nombre de livraisons s’est établi à 33 A220. Les équipes d’Airbus s’attellent en particulier à régler les problèmes avec Zodiac, qui ne sont pas encore complètement résolus, selon Florent Massou, directeur du programme. En additionnant les capacités maximales de Mirabel, 10 avions par mois, et celles de Mobile, 4 avions par mois, Airbus aurait les capacités de livrer 168 appareils par an dès 2025, date à laquelle ces cadences pourraient être atteintes après plusieurs années de montée en puissance des outils industriels.
Aux Etats-Unis, plus de 3000 salariés
Reste que pour mettre en œuvre de telles cadences, encore faudra-t-il qu’Airbus séduise les compagnies aériennes. Car le programme cumule seulement 537 commandes. Un faible niveau qui s’explique par les nombreuses difficultés rencontrées par Bombardier dans le développement et la production de cet appareil. Les équipes d’Airbus vont devoir mettre en avant leur savoir-faire commercial et marketing pour tirer le carnet de commandes vers le haut. Les dirigeants d’Airbus comptent justement sur cette nouvelle implantation américaine pour jouer sur la corde patriotique et inciter les compagnies américaines à opter pour l’A220, à l'instar de la ligne dédiée à l'A320.
Mais le site de Mobile, qui emploiera à termes 1100 personnes en comptant les deux lignes, n’est que la partie émergée de la présence industrielle d’Airbus aux Etats-Unis et ses quelques 3200 salariés répartis entre plusieurs dizaines de sites de production, de formation ou bien encore de maintenance. Airbus se targue de soutenir au total 275 000 emplois aux Etats-Unis. Depuis 1990, l’avionneur a dépensé 200 milliards de dollars auprès de centaines de fournisseurs. Aujourd’hui, les achats représentent une enveloppe annuelle d’environ 17 milliards de dollars. Une dynamique qui explique en partie que 2000 avions d’Airbus sont aujourd’hui en opération dans le pays, soit environ un cinquième de la flotte globale d’Airbus.
L'usine avec OneWeb bientôt en service
A Colombus (Mississippi), l’industriel possède une ligne d’assemblage finale d’hélicoptères qui a déjà livré plus de 1300 appareils depuis sa création en 2003, dont 435 Lakota pour l’armée américaine. Et le site pourrait décrocher le 22 janvier prochain un nouveau contrat de livraisons pour 130 H135, cette fois pour les besoins de formation de la marine américaine. Dans le spatial également, Airbus s’apprête à marquer un grand coup. Avec son partenaire OneWeb, Airbus va ouvrir en Floride un site de production de satellites dédié, dans un premier temps, à la constellation du même nom qui compte plus de 600 satellites. Avec une rupture de taille : une production en série ultra cadencée, bien loin des standards actuels.
Avions commerciaux, hélicoptères civils et militaires, satellites… Reste un cap qu’Airbus n’a pas encore franchi : la production d’avions militaires sur le sol américain. Ses avions A330 MRTT, appareils multi-rôles de ravitaillement et de transport, qu’Airbus se verrait bien vendre à l’armée américaine. L’avionneur a passé en décembre dernier un protocole d’accord avec Lockheed Martin qui vise à concurrencer l’offre de Boeing. En cas de succès, cela pourrait-il se traduire par une nouvelle usine aux Etats-Unis ? "La question est ouverte, il y a clairement un potentiel", a répondu Guillaume Faury. Et dans cette hypothèse, le site de Mobile possède suffisamment de réserve foncière pour accueillir une nouvelle usine…
A Mobile (Alabama, Etats-Unis), Olivier James
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