Avec Floatgen, la France s’essaie à l’éolien en mer
Baptisée Floatgen, la première éolienne en mer en France a été inaugurée vendredi 13 octobre. Flottante, elle est basée sur une technologie innovante : un flotteur en béton allégé et des lignes d’ancrage en nylon. Le tout sera testé pendant deux ans au large du Croisic.
Elle sera tractée au large du Croisic lorsque les conditions météo le permettront. Inaugurée vendredi 13 octobre sur le port de Saint-Nazaire, où elle a été construite, la première éolienne en mer en France s’appelle Floatgen. Et elle flotte. Conçue par l’entreprise française Idéol, elle ira s’ancrer à 33 mètres de profondeur sur le site d’essais en mer multitechnologie de Centrale Nantes (SEM-REV). À 22 km du rivage, le nouveau concept sera testé pendant deux ans pour s’assurer qu'il fonctionne comme prévu.
Seules six éoliennes flottantes dans le monde
Dans son discours lors de l’inauguration, le Secrétaire d'Etat auprès du Ministre de la transition écologique et solidaire, Sébastien Lecornu, l’a admis lui-même : « Nous sommes en retard. » Et c’est peu de le dire : à ce jour en France, aucune éolienne en mer, ni fixe, ni flottante. Alors que le monde en comptait près de 3 600 installées en mer à la fin de l'année 2016. Presque toutes sont fixes et posées sur le sol marin. Seules six en exploitation sont flottantes : une en Norvège, une au Portugal et quatre au Japon. Parmi les quelques projets de fermes éoliennes en mer prévus en France, quatre concernent des dispositifs flottants. Six autres projets commerciaux français concernent des éoliennes fixes et posées sur le sol marin.
Pour cette première dans l’hexagone, les partenaires de Floatgen ont innové. Si la turbine de 2 MW a été récupérée - elle était prévue à la base pour de l’éolien terrestre - le mât a été conçu spécialement pour l’occasion. Il repose sur un flotteur de 5 000 tonnes de béton. Ce tore de forme carrée mesure 36 mètres de côté et 9,5 mètres de haut. Il renferme seize compartiments remplis d’air. « Le flotteur continue de flotter même si un compartiment est endommagé », assure Nicolas Jestin, directeur commercial de Bouygues Travaux Publics. Le béton, allégé, a été développé spécialement pour le projet. « Nous avons utilisé des granulats en matériau expansé, précise-t-il. Alors qu’un béton standard pèse environ 2,4 tonne/m³, le nôtre fait 2 tonnes/m³. »
Six lignes d'ancrage en nylon
Le système qui permet de relier le flotteur au sol marin est composé de six lignes d’ancrage. Au bout de chacune, une ancre de 16 tonnes. Chaque ligne est composée de quelques mètres de chaîne aux extrémités, mais la majorité est en nylon. L’avantage ? D’abord le coût. Mais aussi une installation plus aisée selon Bertrand Alessandrini, directeur du développement à l’école Centrale de Nantes. « Des ancrages en nylon de cette taille-là n’ont jamais été testés dans le monde sur de longues durées », assure-t-il. D’un diamètre de 220 mm et tressée d’une manière particulière, chaque ligne en nylon résiste à 300 tonnes de traction. De quoi ancrer solidement l’éolien en mer au large des côtes françaises ?