Aux assises du New Space, la filière spatiale rêve de devenir le socle de la tech de demain
Le 7 et 8 juillet se tiennent les premières assises du New Space, à Paris. Porté par de nombreux acteurs de cet écosystème naissant, l’événement a été l’occasion d’échanges sur les orientations du secteur spatial pour répondre aux besoins des industriels.
Le spatial deviendra-t-il une brique fondamentale des technologies de demain ? Pour les participants des premières assises du New Space, qui se terminent ce 8 juillet à Station F, Paris, il s’agit bel et bien d’une nouvelle opportunité que la filière doit saisir. « Au fil des années nous sommes passés du satellite Spot et de la vente d’images issues du spatial, à la fourniture de données, a exposé Jean-Philippe Duval, associé au cabinet de conseil PwC France. L’espace va fournir dans les prochaines années des datas essentielles à l’innovation dans de nombreux secteurs industriels. Il va devenir un élément fondamental de la tech. » De quoi donner des ailes aux nouveaux entrants du NewSpace – PME innovantes et start-ups.
Un formidable créateur de valeur
Réunis dans le grand amphithéâtre de Station F, acteurs du monde académique, industriels et institutionnels s’enthousiasment face à ces perspectives offertes par cette nouvelle page du spatial. « L’utilisation des données du spatial offre un vaste de terrain de jeu pour les entreprises, pointe Thomas Fouquet, sous-directeur New Space et écosystème au CNES. Leur traitement associant des algorithmes d’intelligence artificielle va être une source importante de valeur. C’est quelque chose que nous poussons au CNES ». L’agence spatiale française a entreprise depuis quelques années un virage vers les acteurs du New Space, notamment sur le volet du numérique. Les start-ups rentrent désormais de plus en plus dans ses projets.
« Cela n’a rien d’une nouveauté », se défend Thomas Fouquet, qui réfute une définition du New Space qui s’opposerait à un Old Space où Etats et grands industriels seraient les seuls maîtres à bord. « Le New Space est une continuité : le CNES a toujours eu pour vocation d’aider les industriels du spatial quelle que soit leur taille, souligne le représentant de l’agence spatiale. Aujourd’hui il y a de très nombreux petits acteurs qui frappent à notre porte et qui veulent se faire une place. Nous allons les aider ». Le volet scientifique restera au cœur des missions du CNES, selon Thomas Fouquet, car « c’est de celui-ci que naitra les innovations de demain ».
Laisser l’initiative aux industriels
Reste que l’arrivée du New Space s’accompagne d’un changement de culture pour l’agence Spatial qui est désormais plus encline à « faire confiance aux industriels », selon Murielle Lafaye, sous-directrice de l’Observatoire du Spatial au CNES. « Nous savons ce que nous voulons au point de vue technique, mais nous laissons désormais nos partenaires nous apporter leurs compétences et savoir-faire dans certains domaines. Nous les laissons nous surprendre », souligne-t-elle.
Ces partenariats avec les agences spatiales européennes sont jugés essentielles par les jeunes pousses, qui comptent sur ces acteurs historiques pour se forger une crédibilité. « Le CNES s’est doté de capacités pour financer les projets émergents. C’est bien, mais c’est encore insuffisant, estime Stanislas Maximin, PDG du fabricant de microlanceur Latitude, ex-Venture Orbital Systems. Le CNES doit confier davantage de missions aux start-ups, pour leur permettre de faire leurs armes. Lorsque que nous essayons de commercialiser la technologie à l’étranger, les premières questions portent systématiquement sur les liens avec les agences spatiales. Ces partenariats nous crédibilisent et nous permettent de mettre le pied à l’étrier. »
Rester compétitif
De l’avis des pionniers du New Space à la française, la phase la plus complexe n’est cependant pas le démarrage : « C’est surtout la capacité à s’inscrire dans la durée qui pose encore problème, souligne Ane Aanesland, co-fondatrice du constructeur de mini propulseur ionique TrustMe. Il faut rester compétitif à l’échelle internationale et la compétition est rude. »
Pourtant l’Europe – et la France en particulier – jouissent de très bons atouts pour permettre aux start-up d’imposer les technologies émergentes dans le spatial. Outre une législation relative aux opérations spatiales (LOS) très favorables aux nouveaux entrants, les coûts de mise au point sont beaucoup plus abordables de ce côté de l’Atlantique.
« Il faut avoir en tête que la mise au point d’une technologie spatiale aux Etats-Unis coûte 3 fois plus cher qu’en Europe, notamment à cause des salaires plus élevés », pointe Ane Aanesland. Pour la chercheuse-entrepreneuse, les conditions sont réunis pour placer l’Europe dans la course au spatial aux côtés des Etats-Unis et la Chine. Réponse vers 2025 avec l’arrivée à maturité de nombreux projets New Space Français.
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