Automobile : un trop-plein d’usines ?
Alors que la campagne présidentielle a fait de la réindustrialisation un de ses thèmes phares, la question des surcapacités de production dans le secteur automobile se pose à nouveau. Mais est-ce vraiment LE problème des constructeurs européens ?
Y'a-t-il trop d'usines en Europe ? La question, les industriels de l'automobile se la posent assez crûment ces derniers jours. Certains observateurs estiment qu'il y a un constructeur de trop sur le Vieux continent. Leur analyse, qui immunise au passage les marques premium allemandes (BMW, Mercedes…), affirme qu'il n'y a pas assez de place pour que PSA Peugeot-Citroën, Fiat, Renault, Opel et Ford puissent tous "vivre" décemment sur le marché européen. Du coup, la bonne vieille rengaine des surcapacités revient sur la table. Toujours selon leur raisonnement, si l'on met face à face les chiffres bruts des capacités de production des usines automobiles européennes et le nombre de voitures vendues chaque année sur le continent, la conclusion devient évidente : il n’y a pas de débouchés suffisants pour toutes les voitures produites. Selon eux, le Vieux continent produirait 3 millions de véhicules de trop chaque année, en prenant comme base deux équipes de travail par site. La solution, par voie de conséquence, s’impose d’elle-même : les constructeurs devront tôt ou tard fermer un site de production au moins.
Frappé au coin du bon sens, ce raisonnement laisse un peu dubitatif. Notamment parce qu’il s’appuie sur des chiffres un peu approximatifs. Lorsque l’on parle du marché automobile européen, prend-on sa définition géographique historique (elle va de Brest jusqu’à l’Oural), parle-t-on de l’Union des 27 ou adopte-t-on la cartographie des constructeurs qui n’hésitent pas à inclure la Russie dans ce périmètre ? Deuxième interrogation : concernant les usines, doit-on estimer leur capacité de production maximale ? Doit-on adopter l’équation du Harbour Report qui permet aux constructeurs de mesurer le taux d’utilisation de leurs lignes sur 262 jours travaillés en 2 équipes ? Ou doit-on prendre la capacité de production réelle du site lors de l’année en cours ? Difficile de trancher. Prenez le site de PSA Peugeot-Citroën à Poissy, sa capacité de production a beaucoup varié au cours de son histoire. Si le constructeur espère y assembler 400 000 voitures par an en 2013, elle ne produit pour l’instant « que » 240 000 voitures. Et son meilleur score fut de 375 000 unités produites par an dans les années 80.
VOS INDICES
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131.2 +0.38
Décembre 2022
Indice mensuel du coût horaire du travail révisé - Salaires et charges - Tous salariés - Industrie manufacturière (NAF rév. 2 section C)
base 100 en décembre 2008
114.8 +1.68
Octobre 2022
Indice du coût du travail - Salaires et charges - Industrie (NAF rév. 2 sections B à E)
Base 100 en 2016
1.6 +220
Décembre 2021
Inflation en France - Indice des prix à la consommation - Ensemble des ménages
En %
Jauger la capacité de production d’une usine automobile est donc un exercice complexe. Dès lors la question du trop-plein d’usine –qui se pose aussi dans d’autres secteurs- tombe. Dans le monde l’automobile, on ne peut pas juger de la pertinence d’une usine en se basant seulement sur ce critère. Pour auditer un site, il faudrait pondérer la capacité de production par le nombre de salariés effectivement productifs. Il faudrait aussi analyser la flexibilité de ces sites pour estimer leur aptitude à encaisser les variations du marché et à s’adapter à de nouvelles productions. Enfin, il faudrait aussi se demander jusqu’où s’étend la zone de chalandise d’une usine européenne. A ma connaissance, aucune règle ne leur impose d’écouler leur production exclusivement en Europe.
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