Aucun problème de financement des entreprises, selon Noyer
PARIS (Reuters) - Il n'y a pas de problème de financement des entreprises en France mais la question pourrait se poser quand une croissance forte reviendra en raison des nouvelles normes prudentielles plus strictes du secteur bancaire, a déclaré vendredi le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer.
Lors d'une intervention à Paris, il a insisté sur la nécessité de faire évoluer ces normes, tout particulièrement les ratios de liquidité et de levier qui entreront en vigueur dans les années qui viennent, pour qu'elles n'aient pas d'impact sur le financement de l'économie.
"Jusqu'à présent nous n'avons eu aucun problème de financement", a-t-il dit. "Le fait que la distribution du crédit soit restée en France même plus allante qu'en Allemagne montre bien que nous n'avons pas eu de problème de financement, mais dans un environnement où la croissance de la demande de crédit extrêmement faible."
"La question que je me pose est, si l'économie retrouve une croissance forte et que l'investissement redémarre, sommes-nous assurés dans le nouvel environnement réglementaire que les banques apporteront d'une façon ou d'une autre aux entreprises tous les financements nécessaires ?", a ajouté Christian Noyer.
Pour cette raison, il a indiqué qu'il fallait poursuivre les efforts "pour faire en sorte que les nouveaux ratios - de liquidité et de levier notamment - ne pèsent pas sur le financement de l'économie".
S'agissant du premier, il a déjà été revu "en profondeur" pour ce qui est de la liquidité à court terme et est en passe de l'être pour la liquidité à long terme.
Quant au ratio de levier, qui mesure le rapport entre le bilan des banques et leurs capitaux, "nous insistons énormément sur le fait qu'il a été explicitement conçu comme un filet de sécurité et non comme une 'contrainte première'", a dit le gouverneur de la Banque de France.
Le commissaire général aux Investissements, Louis Gallois, a estimé de son côté que, s'il n'y avait pas de "credit crunch" en tant que tel en France , des PME, notamment dans des secteurs comme l'agroalimentaire, connaissaient des problèmes pour financer leurs besoins en fonds de roulement.
"On tire de plus en plus sur la trésorerie des fournisseurs et je ne suis pas sûr que le relais bancaire soit assuré pour les plus fragiles", a-t-il dit.
"Même s'il n'y a pas de ‘credit crunch', c'est vrai, il n'y a pas de besoin global de financement, il a des secteurs où les besoins de fonds de roulement nécessitent des financements difficiles".
Louis Gallois s'est également inquiété de l'impact des nouvelles règles prudentielles sur le financement de l'économie. "On demande à nos banquiers et à nos assureurs de courir le 100 mètres avec des brodequins au pied", a-t-il dit.
Jean-Baptiste Vey et Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse