Au salon de Detroit, l'industrie automobile tournée vers les déclarations de Donald Trump
Le salon de Detroit s'est ouvert ce lundi alors que les constructeurs essuient les critiques du futur président américain, Donald Trump, qui menace d'augmenter les droits de douane entre les Etats-Unis et le Mexique si les marques ne produisent pas sur le sol américain.
On ne l’y attendait pas. Mais avec sa série de tweets enflammés dirigés contre plusieurs constructeurs, Donald Trump semble bien s’être virtuellement invité au North American international auto show (NAIAS), le salon de Detroit, qui a ouvert ses portes lundi 9 janvier. Certaines marques ont profité de l’événement pour assurer celui qui sera intronisé 45e président des Etats-Unis le 20 janvier de leur patriotisme économique. Retour sur la fronde menée par Donald Trump à l’encontre des acteurs de l’automobile.
Episode 1 : Donald Trump lance les hostilités
C’est un constructeur américain qui essuie les premières critiques. Dans un violent tweet, Donald Trump s’en prend le 3 janvier à General Motors, qu’il accuse d’envoyer "ses Chevy Cruze produits au Mexique dans des concessions américaines sans payer de droits de douane". "Fabriquez-les aux Etats-Unis où vous payerez une lourde taxe à la frontière!" s’emporte l’homme d’affaires.
VOS INDICES
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General Motors is sending Mexican made model of Chevy Cruze to U.S. car dealers-tax free across border. Make in U.S.A.or pay big border tax!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 3 janvier 2017
Dans la foulée, il retweete un article de Fox News sur le choix de Ford de renoncer à une usine d’assemblage au Mexique au profit d’un investissement dans le Michigan. La décision est avant tout motivée par la faible demande en véhicules de petite ou moyenne taille, expliquent les responsables de la marque. Mais ils en profitent pour dire tout le bien qu’ils pensent du futur président américain. "Un des facteurs [justifiant la décision, ndlr] que nous prenons en compte est l’environnement industriel plus positif sous le gouvernement Trump aux Etats-Unis, ainsi que certaines politiques en faveur de la croissance qu’il a annoncé vouloir mettre en œuvre" indique le PDG de Ford, Mark Fields. "Ceci est donc un vote de confiance" défend-il auprès de Fox News.
Le commentaire ne suffit pas à calmer les ardeurs de Donald Trump. Deux jours plus tard, c’est à Toyota de subir les foudres du milliardaire. "Toyota annonce vouloir construire une nouvelle usine à Baja, au Mexique, pour produire ses Corolla destinées au marché américain. HORS DE QUESTION! Faites une usine aux Etats-Unis, ou vous payerez une lourde taxe frontalière", fulmine Donald Trump.
Toyota Motor said will build a new plant in Baja, Mexico, to build Corolla cars for U.S. NO WAY! Build plant in U.S. or pay big border tax.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 5 janvier 2017
Episode 2: les constructeurs multiplient les annonces
A la veille de l’ouverture du salon de Detroit, certains constructeurs ont carrément décidé de prendre les devants. Fiat Chrysler a annoncé le 8 janvier vouloir investir un milliard de dollars jusqu'en 2020 pour moderniser deux usines dans le Michigan et l’Ohio… et créer environ 2 000 "emplois américains". "Fiat Chrysler apporte une nouvelle démonstration de son engagement à renforcer sa base manufacturière aux Etats-Unis" ajoute le groupe dans un communiqué limpide adressé du futur président Trump.
Message reçu. Dans un (nouveau) tweet, Donald Trump s’est félicité des annonces des constructeurs. "Enfin! Fiat Chrysler annonce son intention d’investir UN MILLIARD de dollars dans ses usines du Michigan et de l’Ohio, ce qui va créer 2000 emplois. La semaine dernière, Ford a annoncé qu’il allait étendre son activité dans le Michigan et les Etats-Unis plutôt que de construire une usine à UN MILLIARD de dollars au Mexique. Merci Ford et Fiat!"
Ford said last week that it will expand in Michigan and U.S. instead of building a BILLION dollar plant in Mexico. Thank you Ford & Fiat C!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 9 janvier 2017
Fin de l’histoire?
Les engagements de Ford et Fiat-Chrysler ont-ils suffi à convaincre Donald Trump de ne pas revenir sur l’Alena, l’accord de libre-échange entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, qui permet de vendre un véhicule sur le territoire américain sans aucune taxe d’importation si 65% de ses pièces sont nord-américaines? La question reste entière. Mais certains experts s’inquiètent des conséquences de la mise en place d’une taxe à 35% sur toutes les voitures produites au Mexique, comme l’envisage Donald Trump.
"Cela risque de désorganiser leur logistique et chaînes d’approvisionnement et augmenter leurs coûts de fabrication et au final le prix des voitures", considère ainsi Alan Deardoff, spécialiste des questions commerciales à l’université du Michigan, dans les colonnes de La Croix. En étant obligés de "revoir toute leur stratégie mexicaine", General Motors et consorts pourraient perdre en compétitivité, juge de son côté Matt DeLorenzo, analyste chez Kelley Blue Book.
Les constructeurs se veulent pourtant rassurants. "Nous sommes pragmatiques, nous nous adapterons à n’importe quelle situation, à la condition que ce soit la même règle pour tous" certifiait ainsi le 6 janvier Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan. Le groupe est en première ligne puisqu’un quart des Nissan vendus aux Etats-Unis sont produits au Mexique, en collaboration avec Renault, rappelle Le Monde.
"Je ne suis pas inquiet sur le moyen terme, tant les relations Etats-Unis-Mexique dans l’automobile et la chaîne de valeur sont totalement interconnectées", affirme de son côté le patron d’un important fournisseur de l’automobile auprès de Challenges. Et même dans le cas où les droits de douane passeraient à 35%, "le Mexique resterait ultra compétitif" à ses yeux. Surtout que Donald Trump envisage de baisser le taux d’imposition des sociétés à 15%...
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