Au Forum Teratec, le numérique de puissance entre accélération et souveraineté
L’ouverture du Forum Teratec, qui se tient les 31 mai et 1er juin au Parc floral de Vincennes, s'est placée sous le signe de l’accélération du numérique de puissance et de la régulation croissante associée à l'enjeu de souveraineté.
Le bref passage la veille de Nvidia au-dessus de mille milliards de dollars de capitalisation boursière a résonné lors de l’ouverture du Forum Teratec ce 31 mai. La valorisation astronomique du champion américain des processeurs dédiés au deep learning illustre brillamment l’accélération du numérique de puissance dans laquelle s’inscrit cette 18e édition du Forum, co-organisée par Infopro-digital, dont fait partie Industrie & Technologies.
Ce rendez-vous annuel placé sous l’égide de Teratec, pôle européen de compétence en simulation numérique haute performance, réunit pendant deux jours fournisseurs et utilisateurs du numérique de haute puissance, qui englobe le traditionnel calcul haute performance ou HPC.
Inaugurant les sessions de conférences, tables rondes et ateliers qui accompagnent le salon proprement dit, Hervé Mouren, directeur de Teratec, a mis l’accent sur l’accélération en cours dans le numérique. Une accélération « dans les domaines classiques comme la simulation, dont la puissance a été multipliée par 1000 en dix ans, mais aussi dans les domaines plus récents comme l’intelligence artificielle, avec les IA génératives, et les jumeaux numériques, passés à l’échelle d’avions ou sous-marins entiers ». Les progrès rapides réalisés ces dernières années dans le calcul quantique, avec des accélérateurs attendus tout prochainement, s’inscrivent aussi dans cette dynamique.
Si cette accélération offre des « perspectives fabuleuses », elle génère aussi des risques, notamment de sécurité, à traiter et des besoins de « régulation aux échelles nationale et internationale », a ajouté Herven Mouren, pointant « une transformation majeure bien plus importante que ce qu’on a connu ces dernières années ». Une transformation menée aussi au nom de la souveraineté, tant la puissance du numérique en fait une priorité stratégique.
La régulation des données, de leur collecte à leur exploitation, en passant par leur gestion et leur protection, est un élément clé de cette transformation dont l’Europe s’est largement emparé, comme l'a détaillé une table ronde intitulée « Des paroles et des Act ». Après le RGPD, le Data governance act, déjà adopté, et le Data act, en cours d’adoption, constituent « un véritable pack numérique en train d’émerger en Europe», s’est félicité Yves Pellemans, CTO et directeur Data Analytics d’Axians France.
Data governance act et Data act
« Le Data governance act et le Data act vont impacter considérablement les entreprises, a assuré Jean-Luc Sauron, haut-fonctionnaire et professeur à l’Université Paris Dauphine, relevant que ces textes mettent l’accent sur le développement économique et la compétitivité alors que le RGPD penchait plutôt du côté de la protection de droits fondamentaux ».
Pour l’universitaire, ces textes ouvrent notamment la possibilité de réutilisation des données publiques, ce qui est différent de l’open data et « va ouvrir un marché considérable auquel il faut se préparer ». Autre avancée : la possibilité de services d’intermédiations de la donnée permettant des échanges fiables de données entre leurs détenteurs et leurs utilisateurs. Enfin, le Data act devrait permettre de mettre en circulation les données de l’internet des objets (IoT), en particulier dans l’industrie qui utilise moins de 80% des données qu’elle génère selon Jean-Luc Sauron.
Cette régulation crée bon nombre d’obligations pour les entreprises, mais les participants à cette table ronde ont appelé à y voir des opportunités. D’abord celle de progresser en matière de gouvernance de la donnée, qui devient un impératif et passe par « cartographier ses données, déterminer qui a accès à quoi et évaluer la gestion des données des partenaires de l’entreprise », a souligné Judicaël Phan, VP Digital Trust & Global DPO chez Content Square. Plus largement, « le RGPD a été très critiqué à l’époque mais il a finalement été copié un peu partout dans le monde, notamment dans des Etats américains comme la Californie, a ajouté cet ancien de la Cnil. S’imprégner de ces textes au maximum constitue donc un avantage pour les entreprises européennes ».
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