Au FIC, la cybersécurité se rêve à l'échelle européenne
Certification et réglementation, politique industrielle, effort de recherche, coopération militaire...La dimension européenne serait un moyen d'accélérer et de renforcer les initiatives en matière de cybersécurité.
Comme les nuages radioactifs, les cyberattaques ne s'arrêtent pas aux frontières des États Les intentions des cybercriminels non plus. Une bonne raison, et pas la seule, pour envisager la cybersécurité à l'échelon européen. Au Forum International de la Cybersécurité (FIC) qui se tient à Lille les 23 et 24 janvier, des intervenants de haut niveau ont milité pour une coopération élargie entre les États membres de l'Union. "L’Europe dépense actuellement six à sept fois moins que les États-Unis dans ce domaine, il faut d’urgence inverser la tendance", a averti Gérard Collomb à l'occasion de l'ouverture du salon. Le ministre de l'Intérieur a clairement apporté son soutien à la transformation de l’agence européenne pour la sécurité des réseaux et de l’information (l’ENISA), en une grande agence de la cybersécurité de l’Union européenne, dotée de moyens financiers, budgétaires et technologiques renforcés.
Au bénéfice des utlisateurs
Julian King, le commissaire européen à la sécurité avait fait aussi le déplacement à Lille. Il a rappelé l'intérêt de l'ENISA. "L'agence européenne renforcée que nous avons proposée servira à mieux structurer la coopération entre États membres et par la suite à favoriser la montée en compétences de ceux qui en ont le plus besoin". En matière de cybersécurité, les champs de coopération ne manquent pas. La certification, tout d'abord. Cette étape que doit franchir tout industriel auprès d'une autorité nationale, permet de valider la qualité des produits et des services. Un certificat obtenu dans un État membre serait automatiquement reconnu dans tous les États membres. "Ceci permettra de stimuler le marché européen de la cybersécurité et d'accroître la confiance des utilisateurs" a estimé Julian King.
Sur le plan réglementaire, l'Europe renforce et complète les initiatives nationales. Les États membres sont en train d'adopter la directive NIS (Network and Information Security), relative à la sécurité des réseaux et des systèmes d'information qui doit être finalisée en mai prochain.
La directive NIS
L'ANSSI (agence nationale de la sécurité des systèmes d'information) y voit deux intérêts majeurs. "La directive, sur une base volontaire de la part des états, organise et impulse l'échange d'informations opérationnelles. Cela a déjà fait ses preuves notamment pendant les crises Wannacry et NotPetya", expliquait son directeur général Guillaume Poupard aux journalistes présents au FIC. En France, ce texte de loi complète l'article 22 de la loi de programmation militaire qui impose uniquement aux OIV (opérateurs d'importance vitale, ndlr) de renforcer leur cybersécurité, soit environ les 250 entreprises les plus critiques pour le pays. La directive européenne concernera les opérateurs dits de services essentiels, une cible plus large d'entreprises nécessaires au bon fonctionnement de l'économie et de la société. L'ANSSI doit en arrêter la liste avant la fin de l'année.
une cyberdéfense européenne
Dans le domaine de l'innovation, l'Europe serait également un démultiplicateur d'efforts. Selon le commissaire européen à la sécurité, le partenariat public-privé initié il y a deux ans déjà, devrait générer 1,8 milliard d'euros d'investissement dans le domaine de la recherche et développement d'ici 2020. Julian King a évoqué le lancement d'un réseau de centre de recherche et de compétences en matière de cybersécurité.
En matière militaire, les industriels de la cybersécurité ont l'opportunité d'accompagner le nouvel an pris par l'Europe de la Défense. "L’Europe, c’est l’échelon qui permettra à nos industries d’éclore, de se dépasser, de compter. L’Europe, c’est le niveau qui permettra une innovation de pointe. La création du fonds européen de défense cet été est un premier pas historique", a rappelé Florence Parly, ministre des armées. Elle a rappelé son engagement pour la création de clusters cyber européens, réunissant dans un même pôle chercheurs, industriels et entrepreneurs.
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