Au cœur du centre de pilotage de RTE qui empêchera un black-out pendant la vague de froid
Les dizaines de milliers de mégawatts qui traversent la France en permanence sont pilotés depuis la rotonde de RTE, le gestionnaire du réseau français de la haute-tension. L'Usine Nouvelle a pu pénétrer dans ce centre de contrôle très particulier.
Mis à jour
17 janvier 2017
Du mardi 17 janvier au mardi 24 janvier 2017, RTE (Réseau Transport Electrique) estime que la vague de froid va tirer la consommation vers des niveaux très élevés, de l’ordre de 100 000MW (sachant que le record absolu fut de 102 000 MW en 2012). Avec des températures jusqu’à 6°C inférieures aux normales saisonnières, il n’y a pas ou peu de risques de pénuries d’électricité.
Mais lors du pic de consommation journalier en France à 19h (heure à laquelle les Français rentrent chez eux et utilisent massivement leurs équipements électriques), il faut répondre à un appel brutal de puissance. Cet événement survient chaque jour mais il sera particulièrement aigu les mercredi 18 et jeudi 19 janvier, jours les plus froids à venir. Quelques tensions pourraient se faire sentir à cette occasion sur le réseau alors que 6 des 58 réacteurs nucléaires français sont à l’arrêt.
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Pour RTE, l’enjeu va être de faire en sorte que la puissance injectée sur le réseau soit en permanence équivalente à la puissance appelée par les consommateurs. Cet équilibre offre/demande, qui doit être assuré à la seconde près, est essentiel pour éviter toute panne sur le réseau et conduire à un black-out. Pour cela, il faut jouer avec les outils de production sur le sol français, avec les capacités d’importation depuis les pays voisins, en utilisant des moyens d’effacement (baisse de consommation) proposés contre rémunération par des industriels du territoire.
Pour orchestrer tous ces outils, direction un bâtiment moderne situé à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), au nord de Paris. Il héberge le Centre national d’exploitation du système électrique (CNES) de RTE. On y trouve une immense salle de dispatching, véritable aiguillage des flux d’électricité.
Un panneau synoptique de quelques quatre mètres sur quatre trône sur le mur principal. Sur un fond noir se détache un entrelacs de lignes blanches : l’état de fonctionnement en temps réel des 25 000 kilomètres de lignes à très haute tension (400 000 kilovolts) qui maillent le territoire français. Pour veiller sur ces autoroutes de l’énergie, des équipes de six personnes se relaient 24h/24 et 365 jours par an.
Leur mission : maintenir à chaque instant l’équilibre entre production et consommation d’électricité. Un équilibre indispensable sous peine d’effondrement du réseau et de black-out. Sur la gauche, un deuxième panneau montre l’état de la production. Région par région, centrale par centrale, la puissance produite est affichée. Les valeurs sont rafraîchies toutes les 10 secondes.
A droite, c’est la consommation. Sur un troisième panneau figurent les soutirages d’électricité aux principaux postes de transformations, ainsi que les échanges avec les pays voisins. Face à ces panneaux, les six aiguilleurs de la haute tension, les "dispatchers", évoluent parmi deux douzaines d’écrans d’ordinateurs. Une équipe de trois personnes est dédiée à l’équilibre offre-demande.
En cas de besoin d’électricité supplémentaire par rapport à ce qui avait été anticipé la veille, RTE dispose de réserves sur un marché dédié : le mécanisme d’ajustement, où traders et fournisseurs déposent leurs offres. Un dispatcheur sélectionne la plus méritante sur les critères économique et technique, puis décroche son téléphone pour appeler le fournisseur.
De l’autre côté de la salle, un ingénieur réseau fait des simulations de défaillance. "Le rôle fondamental du dispatching national est d’éviter qu’un incident arrive en anticipant systématiquement d’éventuels aléas et en leur trouvant des parades", résume Olivier Arrivé. Ici, la règle du N-1 domine : "La défaillance d’un équipement majeur, comme une ligne ou un poste de transformation, ne doit avoir aucun impact." Certaines zones critiques demandent même d’être à l’épreuve de plusieurs défaillances.
L’autre partie du métier, c’est de savoir remettre en marche le système électrique après un black-out. Là, les dispatchers ne peuvent pas compter sur l’expérience - et c’est heureux ! - pour développer leur savoir-faire. Ils vont faire leurs gammes sur des simulations à Lyon.
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